Dread The Dawn

Cassius King

21/10/2022

Mdd Records

Celui-là, même en faisant exprès, on n’aurait pas pu le rater. Et pour cause, puisque ce projet est drivé par des musiciens aguerris, dont certains font partie du patrimoine culturel amplifié depuis les années 80. Il y a deux ans, nous découvrions éblouis Field Trip, fruit des réflexions de ce groupe étrange qu’est CASSIUS KING, et nous plongions dans le grand bain en fusion d’un Heavy Rock joué Stoner et Doom, avant de nous rendre compte que ce nom en cachait de bien plus fameux. Et en tant qu’amoureux fou de certains combos en question, je ne pouvais que me pourlécher les babines.

Normal. Car avec la présence au micro de la légende Jason McMaster et le jeu de guitare de Dan Lorenzo, CASSIUS KING se plaçait immédiatement sous la lumière culte d’une association de monstres de la scène Metal, et pas n’importe laquelle. Lorenzo, moteur des châssis HADES, NON FICTION, PATRIARCHS IN BLACK et VESSEL OF LIGHT, McMaster gosier vibrant de WATCHTOWER, DANGEROUS TOYS, DIRTY LOOKS et BROKEN TEETH (parmi tant d’autres et pas des moindres), une fois associés se devaient de faire des étincelles, à la manière des réussites plus ou moins récentes de KILL OR BE KILLED ou AZUSA. Le pari était risqué, spécialement en prenant en compte le style choisi, mais il s’est avéré payant, et a raflé des centaines de fois sa mise.

Deux ans après son introduction au monde, le duo, augmenté de la section rythmique formée par la basse de Jimmy Schulman (HADES, VESSEL OF LIGHT, ex-ATTACKER, ex-DAN LORENZO) et la batterie de Ron Lipnicki (DAN LORENZO, MINISTRY OF HATE, VERNI, VESSEL OF LIGHT, WHIPLASH, GRIME FACTOR, SOUTHERN SHIFT, ex-HADES, ex-OVERKILL, ex-HAVOCHATE) se préparait donc dans l’ombre pour enfoncer le clou, et nous convaincre de sa pertinence. Et il n’a fallu que trois petites minutes, celles que dure « Abandon Paradise » pour réaliser que ce deuxième album allait surpasser le premier d’une ou deux têtes.

Le quatuor est maintenant méchamment soudé, et les membres s’entendent à merveille, musicalement parlant. Tout le monde a voix au chapitre, et personne ne se met vraiment en avant, si ce n’est ce cher Jason, au timbre plus grave qui met admirablement bien en valeur ces compositions rudes et brutes, en réminiscence des seventies et de l’orée des eighties, lorsque le Hard Rock n’était encore qu’un Rock lourd, porté par des riffs ineffables et percutants.

A la manière d’un DOWN qui synthétisait le pouvoir incantatoire de la lourdeur du sud des Etats-Unis, CASSIUS KING revisite le Metal ensoleillé de la Californie par le prisme des tourments de l’Europe, lorsque la NWOBHM remplaçait le Heavy de papa dans le cœur des adolescents. Ici, le Doom, le Heavy, le Rock psychédélique, le Stoner sont rois, et traités comme une seule entité. L’approche est classique, mais les morceaux ont cette force incroyable, capable d’unir en un claquement de doigts CROWBAR et BLACK SABBATH sur le pesant « Genesis », ou de se barrer vite fait avec le fric du casse au son du mid ronflant « Royal Blooded ».

Une fois encore, la diversité est de mise, et pas question de proposer un monolithe Doom impossible à digérer. Si la musique du groupe est toujours aussi compacte et puissante, elle admet quelques légèretés, dont le timbre de son chanteur et les déliés de son guitariste, ce qui permet aux titres de rester digestes malgré leur forte concentration en décibels. « Pariah to Messiah » sonne ainsi comme la profession de foi d’un groupe qui accepte son lourd passé pour regarder vers un avenir plus léger, rappelle une version plus personnelle des errances du CORROSION OF CONFORMITY des nineties, mais Dread The Dawn a plus d’un tour dans son sac à malice, et le prouve par A + huit minutes de son title-track éléphantesque.

Vous voulez du Heavy qui fait la nique aux années 70, et qui tire la langue à ST VITUS, TROUBLE et toute cette génération de moteurs deux temps ? Alors enfilez-vous cette longue suite macabre, au riff éprouvé et étiqueté NOLA, sinueux, roublard, inquiétant, mais accroché à une branche d’ADN qui définit les contours de cette personnalité si attachante, qui est crédible dans tous les domaines.

Je ne jouerai pas au petit malin, j’ai dévoré ce deuxième album avec un appétit monstre. J’en ai savouré chaque bouchée, apprécié chaque nuance, pour en faire l’un de mes albums de chevet de cette fin d’année 2022. Il tient la route, il se montre sous un jour flatteur, reste passionné, ne ment jamais et ne fait pas semblant non plus, gardant le Heavy Metal d’antan dans son jus pour flatter les puristes ne crachant pas sur un brin de modernité.

Voilà, la formule est lâchée. CASSIUS KING fait du flambant neuf avec du super vieux, et parvient même à signer des tubes qui restent dans la tête, comme ce chaloupé « How the West Was Won » au final explosif et aux tripes remuées. Et entre fulgurances immédiates et réflexions plus posées, Dread The Dawn fait son petit bonhomme de chemin pour devenir un grand album qu’on repère au premier coup de tympans. La fin du disque, parfaite synthèse du concept, oppose donc le côté claustrophobique et gentiment lysergique du pachyderme « Doomsday Hand », incarnation théâtrale éprouvante et pourtant fascinante, et « Bad Man Down », épilogue ultra puissant qui vous laisse en état de grâce, percuté par des souvenirs pas si profondément enfouis.

CASSIUS KING confirme donc ses qualités, mais évite le qualificatif de supergroupe, auquel on préfèrera celui de projet viable et pertinent. L’union de ces quatre musiciens est donc toujours aussi magique, au moins autant que celle qui unissait Ozzy, Tony, Bill et Geezer il y a quelques années de cela.              

 

         

Titres de l’album :

01. Abandon Paradise

02. As I Begin to Turn

03. Back from the Dead

04. Genesis

05. Royal Blooded

06. Pariah to Messiah

07. Dread the Dawn

08. How the West Was Won

09. Doomsday Hand

10. Bad Man Down


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 24/10/2022 à 16:35
88 %    406

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Simony
membre enregistré
16/11/2022, 13:20:20

Très bon album, totalement d'accord avec ta chronique Mortne2001. Le premier titre me rappelle ORANGE GOBLIN, le chant a des airs de Ronnie James Dio, cela m'évoque également le Mob Rules du Sabbath ou le Born Again ("Back From The Dead" bien plus Ian Gillian que le reste).
Je ne connaissais pas le premier album, très belle découverte, d'autant plus surprenant que cela sort chez les fournisseurs de Death Metal qu'est MDD Records.

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