Bon, on sait déjà ce que raconte un vicomte à un autre vicomte, mais ce qu’on ignorait jusqu’à présent, c’est ce que pouvait raconter un ex-membre de 3 INCHES OF BLOOD à un membre de REVOCATION. Cela dit et sans trop m’avancer, je pense que personne ne s’était jamais posé la question, jusqu’à ce que les principaux concernés y apportent une réponse. Ce qu’on sait aussi, c’est que lorsque des musiciens issus d’univers, de pays et d’origines différents se rejoignent autour d’un projet, ledit projet ne déclenche pas systématiquement l’euphorie. En analysant froidement les données brutes du concept RITUAL DICTATES, on se rend compte que nous avons d’un côté un musicien issu de la scène Heavy/Power et de l’autre un cogneur évoluant dans un contexte Thrash/Death, deux univers pas forcément antagonistes, mais pas obligatoirement complémentaires non plus. Sauf qu’il faut remonter plus loin que les deux références précitées pour comprendre la démarche d’Ash Pearson (REVOCATION, batterie) et Justin Hagberg (3 INCHES OF BLOOD, tout le reste), puisque les deux larrons en foire ont décidé de se baser sur des combos encore plus anciens dont ils ont fait partie. C’est donc en se souvenant d’ALLFATHER et ANGEL GRINDER que les deux hommes ont élaboré le répertoire de ce premier LP, désirant selon leurs mots, « continuer d’arpenter le chemin du Heavy Metal tout en marchant d’un pas Classic Rock, Punk, Black Metal et Grind ». Une attitude qui en vaut une autre, et qui ouvre des perspectives éclectiques, mais qui ne garantit pas forcément la cohésion pour l’auditeur. En effet, on peut assimiler une optique sur le papier, et avoir beaucoup plus de mal à la comprendre une fois mise en pratique, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux musiciens n’ont pas hésité à balayer tout le spectre de leurs influences au moment de composer ces onze morceaux. Ce qui nous donne un résultat étrange, déroutant, pas forcément désagréable mais manquant singulièrement d’unité.
Beaucoup de webzines (en tout cas ceux ayant écouté l’album), nous en parlent comme un album de Grind avec des références externes. Je vous en rassure, il n’en est rien, même si en effet, le Grind fait partie des composantes. Non, il convient de voir en Given to Despair un album de Metal extrême, de façon plus généraliste, qui n’hésite pas à faire de l’œil au passé Heavy de Justin Hagberg de temps à autres. Flanqué d’une superbe pochette et défendu par le label allemand Artoffact Records, Given to Despair a été mixé par Jesse Gander (BISON, ANCIIENTS, JAPANDROIDS) et masterisé par Jason Corbett (ACTORS), et bénéficie donc d’un son très clair et précis, quel que soit le style revisité. Et dire que les styles sont légion est un euphémisme puisque les deux hommes se sont fait plaisir en mélangeant tout ce qui a fait leur culture jusqu’à présent, Heavy Metal classique, Hardcore, Death Metal, Grind, Black, Thrash, pour tenter de nous refourguer une mixture dense et intense, sans toutefois y parvenir complètement. Principal défaut de l’album, qui est aussi paradoxalement sa plus grande qualité : sa diversité qui tient parfois lieu de bipolarité musicale. Nous passons sans vergogne d’un titre au groove appuyé à une sorte de Proto-Grind joué par des punks ayant acheté une méthode Assimil « Le Death pour les noobs », et le tout ressemble parfois à une jam organisé entre les ANAL CUNT, MEATHOOK SEED, CREMATORY et quelques autres potes, jouant le Grind de façon unique et quelque peu désorganisée (« Dominance And Will »). Totalement ouverts et sans contrainte, les deux acolytes se permettent tout, n’hésitant pas à mélanger le Heavy Metal traditionnel au Black N’Roll, pour accoucher d’œuvres improbables, totalement inclassables, qui évoquent OPETH, KATATONIA et DARKTHRONE à la fois, tout en acceptant le legs de la scène True Metal des nineties (« Given To Despair »).
Le contraste frappe de plein fouet, et peut facilement dérouter. Personne ne s’oppose à un brin de fantaisie, mais en l’état, Given to Despair a de faux airs de brouillon génial, de caprice pas forcément fondamental, et s’écoute bizarrement avec plaisir, malgré ses grands écarts permanents. Ainsi, après un long titre progressif et évolutif, aux mélodies prononcées et harmonies développées, le duo n’hésite pas à nous massacrer d’un insert Grind d’une poignée de secondes (« Obsolete Instrinct »), avant de nous pulvériser d’une pure tranche de Thrash/Death mélodique barbare et impitoyable (« Last Phase Of Life »). Tout l’album semble d’ailleurs avoir été découpé en humeurs, parfois constructives et riches (« Aperiam In Porta »), qui prouvent que le duo ne manque pas d’ambition, parfois épidermiques et immédiates (« Poisonous Proclamation »), qui démontrent que les deux hommes n’ont pas hésité à charger la mule pour faire le plus de boucan possible. Mais le pire dans tout ça, c’est que chaque morceau pris indépendamment à quelque chose d’irrésistible, une attaque farouche, un lick accrocheur, une approche unique, ce qui a le don de conférer au travail global une patine étrange que peu d’albums actuels possèdent. En toute objectivité, et en prenant en compte tous les paramètres objectifs de jugement d’un LP, il est impossible de dire que Given to Despair est réussi en tant qu’entité. Le LP est trop décousu, navigue à vue entre les genres, saute du coq à l’âne sans prévenir, et ressemble plus à une récréation prise par des musiciens en rupture de ban de routine. Néanmoins, et en faisant preuve de mansuétude, on reconnaîtra à Justin et Ash le mérite d’avoir tenté quelque chose de différent, et parfois d’avoir enregistré des titres vraiment jouissifs (« Indivisible Mind », du pur Death/Grind avec des chœurs Pop-Punk, il fallait oser).
A vous de juger si la démarche reste pertinente, mais la singularité ne déclenche pas forcément l’intérêt. On attendra de la prochaine livraison, si elle a lieu, un peu plus de cohérence, et le développement d’un style propre moins chaotique et donc moins spontané, mais aussi plus structuré et cohérent. Un plaisir coupable qui laisse quand même dubitatif.
Titres de l’album :
01. It's About Goddamn Time (The Hours Of Folly Part One)
02. Dominance And Will
03. Given To Despair
04. Obsolete Instrinct
05. Last Phase Of Life
06. Poisonous Proclamation
07. Aperiam In Porta
08. Extinction
09. Indivisible Mind
10. What Cannot Be Altered Must Be Endured 1
11. Terror Of Time (The Hours Of Folly Part Two)
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11