En Suisse, il fait bon avoir de l’argent. Quand on en a assez de payer des impôts en France, on s’y réfugie, histoire de garder son bas de laine intact. Mais la Suisse est aussi un pays où il fait bon rocker. C’est ce que prouve le nouveau quintet venu GOTUS, et son nom digne d’un intrus Sludge ou d’un envahisseur alternatif. Mais malgré ces apparences nominales, GOTUS s’avère être un nouveau concurrent sérieux sur le ring du Heavy mâtiné de Blues, mais qui n’a pas oublié les uppercuts mortels ou les crochets qui mettent K.O.
Fondé en 2019 par le guitariste Mandy Meyer (COBRA, ASIA, KATMANDÜ, GOTTHARD, KROKUS, ou UNISONIC) et le batteur Pat Aeby, GOTUS s’est vu complété par l’adjonction de la basse de Tony Castell (KROKUS et CRYSTAL BALL), et par les claviers de l’impérial Alain Guy. Et alors que Dino Jelusick s’était emparé du micro pour les campagnes live, c‘est finalement le monstre Ronnie Romero qui s’occupe ici des parties de chant pour le plus grand bonheur de ses admirateurs.
Un sacré line-up donc, en lien direct avec les plus grands acteurs de la scène Metal suisse, pour un passage en revue d’une certaine forme de nostalgie eighties, revue et corrigée des variables saisonnières Frontiers.
Avec une section rythmique éprouvée et autrefois entièrement dévouée à KROKUS, un chanteur au palmarès impressionnant et un guitariste au background ne l’étant pas moins, GOTUS roule immanquablement sur du velours Rock. Avec un peu d’imagination et de partialité, il est même possible d’envisager le concept comme un hommage rendu au parcours incroyable de Mandy Meyer, puisque deux reprises de deux de ses anciens groupes font partie du tracklisting. A la manière d’un WHITESNAKE dépoussiérant ses classiques pour les rendre plus actuels, GOTUS se saisit du « When the Rain Comes » de KATMANDÜ et du « Reason to Live » de GOTTHARD, pour en offrir des versions actualisées. Une bonne idée qui ne nuit aucunement à l’homogénéité du projet, puisque les deux appropriations s’inscrivent parfaitement dans la démarche artistique du concept.
Avec un son peaufiné par Alessandro Del Vecchio, Patrick Aeby et Mandy Meyer, Gotus se glisse dans l’actualité comme une vierge sous ses draps, attendant que les divagations de la nuit ne l’emportent dans un monde de plaisirs interdits. Classieux et classique, ce premier album n’est évidemment pas sans rappeler les anciens combos de Meyer, mais aussi l’univers dégoulinant de stupre de Coverdale, et son ascendant DEEP PURPLE, grâce à l’orgue Hammond rétro de Guy.
Mais attention, qui dit traditionalisme et conformisme Rock ne dit pas forcément prévisibilité et ennui. Le quintet, drivé par ses deux têtes pensantes parcourt les couloirs de la légende du Metal suisse, et nous offre un festival de riffs digne du meilleur BLACK COUNTRY COMMUNION. D’ailleurs l’ouverture « Take Me to the Mountain » aurait pu figurer sur un album de la bande à Glenn Hughes, tant le feeling bluesy transpire de tous ses pores.
Les références sont là, l’expérience parle d’elle-même, et le résultat est évidemment superbe. Energique, professionnel, policé mais pas aseptisé, le tracklisting égrène ses déjà classiques avec une foi sincère, et lorsque la guitare de Meyer sort du bois, ses soli font trembler les arbres et chanter les corbeaux. L’homme n’a rien perdu de son feeling et de sa dextérité, et nous offre un festival ininterrompu de notes en giclées, dans la plus droite lignée des John Sykes et autres Adrien Vandenberg.
La conclusion est donc inévitable : GOTUS se pose déjà comme la révélation d’une année 2014 pas encore entamée. Mais avec une telle force de conviction et un panel de chansons aussi fortes que mélodiques, Gotus incarne la relève d’un WHITESNAKE vieillissant, et rétablit des classiques comme 1987 ou Slide It In sur le podium des chefs d’œuvre des années 80.
On le comprend mieux en découvrant « Weekend Warriors », hymne parmi les hymnes, et qui aurait pu sauver un Slip of the Tongue du naufrage. Ce son sec et sans artifices sert admirablement bien le propos Heavy Blues, et les minutes s’écoulent dans une béatitude Rock de premier choix.
En agrémentant sa puissance de quelques fantaisies ornementales, GOTUS s’autorise des moments de calme et de douceur, comme cette sublime et délicate intro du sentimental et Folk « Children of the Night » qui vaut bien une ballade dorée à la David Coverdale. Le timbre de Ronnie étant assez proche de celui du roi David, les ressemblances n’en sont qu’accentuées, ce qui ne sera pas pour déplaire aux fans du chanteur blond et frisé.
Véritable épicerie Heavy bio, Gotus propose une gamme de produit élargie, entre shuffle libidineux (« When the Rain Comes ») et Hard mélodique et onctueux dans ses allusions AOR (« Without Your Love »).
Une fois l’album lancé, nous n’avons d’autre choix que de nous laisser emporter par cette vague de passion, qui peut rappeler CINDERELLA et LOVE/HATE (« What Comes Around Goes Around »), HAREM SCAREM, ECLIPSE, DARE, et autres représentants de l’usine Frontiers.
Sacré défi relevé par ces suisses qui n’hésitent pas à citer KROKUS, l’institution nationale, via le final « On the Dawn of Tomorrow », sautillant et parsemé de claviers, qui nous offre une sortie royale. Les nouveaux dauphins du Heavy Metal mélodique ont beau jouer l’humilité, leurs racines nobles transpirent des blasons de ces chansons aussi efficaces que nuancées.
Retenez-bien ce nom.
GOTUS.
Vous risquez d’en entendre parler en concert en 2024.
Titres de l’album:
01. Take Me to the Mountain
02. Beware of the Fire
03. Love Will Find Its Way
04. Undercover
05. Weekend Warriors
06. Children of the Night
07. When the Rain Comes
08. Without Your Love
09. What Comes Around Goes Around
10. Reason to Live
11. On the Dawn of Tomorrow
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