La haine est à la mode en ce moment. La haine d’un gouvernement qui nous prend pour des imbéciles selon certains, la haine des migrants qui dérivent sur nos côtes pour piquer nos emplois et nos allocations, la haine des hommes, être vils et pleutres qui s’accrochent à leur société patriarcale comme un morpion à un poil pubien, et cette haine gratuite déversé par les haters sur les réseaux sociaux. La haine est donc partout, mais quid de l’amour prôné par des sixties agonisant dans le massacre d’Altamont ? Il semblerait que le sentiment le plus pur soit réservé de nos jours aux idéalistes, aux accros aux sites de rencontre, et qu’il ait été dévalué par l’immédiateté d’une époque qui ne prend plus le temps d’analyser posément les situations.
De fait, les franciliens de THE BUTCHER’S RODEO se glissent dans le move, et nous proposent avec leur second album une bande-son 2021 très crédible. En choisissant ce mot très fort comme baptême de leur second longue-durée, les musiciens se mettent au diapason d’une ère confuse et violente, et adaptent donc leur musique à l’humeur ambiante. D’abord, en optant pour le chant en français, nouveauté qui permet aux mots de se détacher, pour peu que vous les compreniez lorsqu’ils sont hurlés à pleins poumons. Ensuite, en radicalisant un peu plus leur approche Hobocore, comme ils se plaisent à la définir, style qui en brasse des dizaines d’autres et qui permet une ouverture permanente dans la diversité. Cela étant posé, ne vous attendez pas à une épiphanie crossover en écoutant cet album rude et immédiat : la philosophie n’a pas changé, et reste basée sur des attaques permanentes en dualité vocale et en riffs taillés comme des silex.
Pour les étourdis, sachez que le concept a été monté il y a quelques années par des membres de NOSWAD, AqME, STRIKE BACK, VERA CRUZ et autres combos de plus ou moins premier plan. L’envie était justement de faire autre chose, ou la même chose, mais différemment. Et cinq ans après le premier cri Backstabbers qui nous poignardait dans le dos, Haine remet les pendules à l’heure et nous vomit sa Haine en pleine face, sans même tendre un mouchoir pour nous essuyer les tympans.
Haine, au même titre que son grand frère, est une version Metal et Hardcore du classique de Mathieu Kassovitz. Ici, l’action ne se passe pas en banlieue, mais bien dans le petit monde du Metal français perméable à toutes sortes d’influences, et qui se révolte contre cette amertume ambiante qui oblige à se méfier de tout le monde, et à mettre la moindre de ses déclarations entre parenthèses pour ne pas souffrir d’attaques gratuites. Cette bande-son d’une époque de bien-pensance est donc à l’image des entrefilets dans les journaux numériques, et en totale adéquation avec le ressenti d’individualités qui pensent toutes avoir raison au détriment du plus grand dénominateur commun
Musicalement, le fossé séparant les deux albums n’est pas infranchissable. Cette alternance entre coups de folie rythmiques et subtilité acoustique et mélodique est toujours aussi présente, mais la puissance semble avoir été multipliée par dix, et alors que les vulgarisateurs rangeront immédiatement nos amis les bouchers dans la catégorie des Metalcoreux frustrés ou trop classiques, les autres comprendront que l’ouverture d’esprit s’accompagne toujours d’une ouverture de son.
Le son ici justement est énorme. Les percussions sonnent tribales, les guitares semblent branchées sur un ampli gargantuesque de watts, et le chant est mis en avant dans toute sa noirceur pour que le français se détache des lèvres plus facilement. La basse, ciment de toute cette violence officie en toute décontraction, mais ce sont évidemment les cassures et autres breaks mélodiques qui dominent les débats, pas toujours avec bonheur d’ailleurs. Autant admettre que le talon d’Achille de cette réalisation sont ces intermèdes/refrains mélodiques en chant clair, trop typés US, qui ruinent la colère et qui atténuent trop le ressentiment général. On le déplore d’autant plus lorsque les couplets sont vraiment explosifs, à l’image de « Haine », qui se rapproche parfois de SLIPKNOT, avant que cette voix doucereuse ne nous les brise d’une délicatesse formelle trop convenue.
Pardonnez-moi chers THE BUTCHER’S RODEO, mais je vous préfère irascibles que nostalgiques ou énamourés. Une fois épuré de toutes ces scories harmoniques dispensables, l’album devient beaucoup plus intéressant, comme un gigantesque uppercut de Hardcore moderne et métallique balancé en pleine poire. Et ce choc frontal est exactement ce dont le monde d’aujourd’hui a besoin pour comprendre qu’il court à une mort sociale certaine ; la fracture étant désormais trop béante pour être résorbée par des formules à l’emporte-pièce.
La seconde partie de l’album, plus modulée, se met à la colle avec un Rock énervé pas franchement Metal, et un morceau comme « Le Désordre » peut-être apprécié en toute diversité. D’ailleurs, les titres s’enchaînent et la rage s’estompe peu à peu, même si « Brûle » nous offre une montée de lait à faire gicler n’importe quel sein nourricier. L’un dans l’autre, ces crises soudaines nous sortent de la léthargie d’une concession trop importante apportée au Metalcore américain le plus classique, et sans pouvoir critiquer les choix des musiciens, une ruade plus franche et soutenue aurait convaincu plus de pèlerins égarés.
Mais globalement, saluons les efforts, apprécions les titres vraiment explosifs, et regardons le monde d’un air détaché, pour le laisser crever de sa plus vilaine mort, emportant avec lui des siècles de conneries et d’opinions rances et individualistes.
Titres de l’album:
01. Sans sourire
02. Crève !
03. Je vous Hais Tous
04. Mensonges
05. Morte
06. Haine
07. Lâche !
08. Le Désordre
09. Abîme
10. Seul
11. Brûle
12. Pater Autem
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31