Je ne suis pas le moins du monde étonné que ce groupe américain ait trouvé refuge chez les esthètes de The Flenser. Leur musique s’ancre totalement dans la politique artistique du label, toujours en quête de chansons sombres et d’humeurs maussades. Et autant dire que la maison de disques de San Francisco a été servie avec ce longue-durée nauséeux, maladif, épais et puissant comme une lassitude d’une société qui nous prend justement pour des boîtes de soupe. Et pas celles d’Andy, je vous le garantis.
Alors que les beaufs nous imposent leur « chat-bite » à longueur de soirée en tongs dans un camping anonyme, ces originaires d’Oklahoma City ont une vision des choses beaucoup moins populistes, et légèrement plus pessimiste. A tel point qu’ils envisagent leur art comme la bande-son parfaite pour une fin du monde qu’on sent de plus en plus proche, catastrophe naturelle après catastrophe naturelle.
CHAT PILE, logo indéchiffrable façon Black Metal nordique, musiciens sous pseudos anonymes, soit Raygun Busch (chant), Luther Manhole (guitare), Stin (basse), and Cap'n Ron (batterie), et une carrière déjà remarquable malgré la brièveté des formats. Deux justement, en extended-play (This Dungeon Earth (2019) et Remove Your Skin Please (2019)), et enfin un premier long qui vient à pont conformer les excellentes impressions de malaise constatées il y a déjà trois ans.
En guise d’intro, quelques mots des auteurs mêmes histoire de placer le contexte cauchemaresque :
En gros, cette putain de dualité américaine et sa sacro-sainte quête pour les libertés individuelles alors même que l’individu n’est que l’alimentation d’une machine vorace et insatiable, le capitalisme. Que faire dès lors de ce constat ? Le souligner, le conspuer, et éventuellement le combattre, mais là n’est pas la raison d’être de CHAT PILE. CHAT PILE constate le malaise et le met en musique, et après quelques écoutes attentives et douloureuses de ce monstrueux (dans tous les sens du terme) God’s Country, on prend acte de la vilénie des sentiments, et plus prosaïquement, d’une rencontre imaginaire entre deux autres groupes viscéraux, l’un bloqué sur les itérations Industrielles, et l’autre sur la violence urbaine et le sang qui en coule de blessures à vif.
Alors, fermez les yeux et imaginez une rencontre entre Birmingham et New-York City, pas du tout amical, avec un seul but en tête : traduire en bruit la violence du choc entre une routine castratrice et un constat urbain de fin de non-recevoir, comme si les humains marchaient les uns contre les autres pour se percuter de plein fouet. Et c’est exactement ce que ça donnerait si GODFLESH reprenait du UNSANE. La formule est plaquées vous pouvez la prendre pour argent comptant.
Si God’s Country est le pays de Dieu, alors Dieu lui aussi en a marre de nos conneries. Il se sent si las qu’il nous laise les commandes pour achever un monde qu’il avait créé merveilleux, jusqu’à ce qu’il y insère deux créatures avides de vice et de péchés mortels. La musique proposée par ces américains est en fait le constat d’un jardin d’Eden souillé par l’envie et le plaisir, et entre cette rythmique massive et robotique, ces riffs maladifs et ces mélodies sournoises, ces soudaines montées en pression dignes d’une usine tournant à plein régime, ces cris sourds laissant place à des plaintes susurrées, CHAT PILE se rapproche de la scène anglaise des années 90, mais aussi des exactions américaines en réflexes conditionnés, avec HELMET en ligne de mire, FETISH 69 comme automutilateur impitoyable, et quelque chose de l’Anarcho-Core de NAPALM DEATH, mais sans le côté Punk substitué par des mécanismes remontant à la No-Wave.
« Slaughterhouse », premier morceau de ce massacre de résignation, peut actuellement passer pour le délégué syndical d’une horde de petites mains inquiets pour leur avenir. La dissonance, les stridences, les itérations dans les syncopes, tout nous ramène à la grande époque de GODFLESH, celle des deux premiers albums, impitoyables et froids comme un lundi matin pluvieux à Birmingham. De là, je ne traquerai pas le track-by-track qui serait insultant pour le quatuor, tant le cheminement est logique et mène à la seule issue possible : la disparition définitive de l’homme dans les limbes de l’oubli.
Oui, cet album est terriblement laid dans le bon sens du terme. Sa lumière est chiche et blafarde, son humeur terriblement noire, et son mode d’expression effrayant. Et alors qu’on croit avoir encaissé les coups au moral les plus létaux, « grimace_smoking_weed.jpeg » nous sort l’image la plus abominable de notre condition, et nous enterre sous une épaisse couche de SWANS, sans aucune pitié.
CHAT PILE est plus qu’une simple découverte, c’est une illumination. Avec leur premier album, les américains toisent du regard la concurrence avec la morgue de ceux qui savent qu’ils sont plus lourds, plus puissants, plus insistants et redondants. Un monolithe qi vous écrase de sa superbe mortelle, et plus simplement, un extraordinaire album de Hardcore Indus, comme on en déniche un tous les deux ou trois ans, avec beaucoup de chance.
Titres de l’album :
01. Slaughterhouse
02. Why
03. Pamela
04. Wicked Puppet Dance
05. Anywhere
06. Tropical Beaches, Inc.
07. The Mask
08. I Don’t Care If I Burn
09. grimace_smoking_weed.jpeg
Dernière minute !!! J'ai une place en plus que j'offrirai volontiers au premier à me répondre par MP, si quelqu'un de sérieux est intéressé par le concert Chat Pile ce soir au Trabendo à Paris.
La place vient d'être offerte
Petit chenapan j’aurais bien aimé voir ça.
Je ne suis en aucun cas un troll, je pense absolument ce que je dis. Désolé de boulverser votre branlette collective, mais entre Black Sabbath et Deafheaven c'est Deafheaven sans hésitation. Sunbather est un album culte, bien plus que tout ce qu'a pondu Black Sabbat(...)
12/07/2025, 22:00
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47