Je m’aventure ici en terrain glissant. Ayant déjà avoué par le passé être rebuté par tout ce qui s’apparente au Metal symphonique et gothique, au point de souffrir de démangeaisons insupportables rien qu’à l’énoncé de groupes comme WITHIN TEMPTATION ou NIGHTWISH, il était évidemment contradictoire de m’occuper du premier album du projet hollandais HEAVENQUEEN, fermement ancré dans la tradition des Castafiore aux élans opératiques mais au talent microscopique. Et si j’ai finalement choisi de vous entretenir de ce premier album, c’est uniquement parce que je suis La Vero depuis quelques années sur les réseaux sociaux, et que l’occasion m’était donc donnée de parler d’un de ses projets.
Et HEAVENQUEEN est un projet de très longue haleine.
Le concept est né il y a plus de dix ans, en 2012, lorsque la chanteuse batave a dû affronter une situation tragique qui a donné naissance à une promesse. Celle d’enregistrer un album complet, tôt ou tard, pour s’offrir une catharsis bien méritée. Mais je ne suis pas certain qu’au moment de formuler cette promesse, La Vero pensait passer autant de temps à essayer de l’honorer.
Je ne vais pas résumer ici la bio du groupe qui à la base n’était qu’un one-woman band. Les rencontres, les départs, les apports sont tous disponibles sur le Bandcamp du groupe, qui explique par A+B la genèse de ce premier album éponyme, je vous renvoie donc à ces textes pour en savoir plus. J’affirmerai tout au plus que l’interrogation s’est retrouvée aiguisée par ces dix années de préparation, obligeant le produit fini à atteindre certains objectifs, notamment en termes d’émotion.
Et bien qu’allergique aux arias interminables, HEAVENQUEEN m’a surpris de sa consistance et de sa diversité, au point de m’intéresser sincèrement, et pas simplement par curiosité morbide ou esprit retors.
C’est en 2022 que le projet a finalement décollé, après une décennie de travail. Lorsque le moscovite Dima Belf a embarqué aux côtés de La Vero, il a mis son talent au service des poèmes écrits par la chanteuse, pour leur donner corps, et offrir à l’album une direction artistique, mais aussi une aura poétique. Et si la plupart du temps, l’uniformité des déroulés empêche de vraiment se laisser aller à une rêverie romantique, Dima Belf a fait preuve d’une imagination extraordinaire pour traduire en musique les sentiments de sa chanteuse.
Dans ce contexte particulier, la vocaliste a donc pu se laisser aller à une interprétation habitée, et transformer ce premier album en pièce de théâtre aux accents Folk, Rock, Progressifs et symphoniques. C’est là la première qualité d’une œuvre qui peut se reposer sur le talent de ses concepteurs, et profiter d’une inspiration multiple et décomplexée, au point parfois de provoquer un Pop-Rock entraînant et qui pourrait paraître incongru dans un autre décor. « Highway of Life », qui profite de la guitare de Ross the Boss, ex-MANOWAR est ainsi une petite perle dans un océan de sincérité, comme si La Vero ne s’était imposé aucune barrière. Le but n’était donc pas d’enregistrer un simple disque de Metal gothique et symphonique, mais bien de proposer à l’auditeur un voyage immersif dans un univers personnel, au risque de surprendre les amateurs du genre.
Mais aussi, par extension, d’éventuellement séduire certains réfractaires.
HEAVENQUEEN laisse donc cohabiter les tics usuels du genre, avec des réflexes externes. Si le tout sonne parfois un peu amateur au niveau de la production (le son est parfois un peu faible sur certains passages mélodiques), le ressenti est viscéral (« Star Child », triste et nostalgique comme un automne sur la côte), et l’éventail des choix largement ouvert.
Les deux musiciens ont donc créé une osmose tangible dès les premières mesures de Heavenqueen. Entre douceur et puissance, entre tâtonnement et aisance, ce premier chapitre est aussi attachant qu’un vieux livre retrouvé dans une bibliothèque oubliée par le temps, et qui cache en ses rayons des ouvrages publiés à compte d’auteur ruisselant d’histoires personnelles à même de toucher tout le monde.
Avec une liste d’invités conséquente, et la présence de consœurs renommées (Laura Guldenmond, Emma Elvaston, Anna Kiara…), Heavenqueen est donc la conclusion de dix ans de travail, et mérite d’être respecté pour ce qu’il est. Une échappatoire crédible aux obsessions symphoniques les moins excusables, et plus simplement, une collection de chansons qui fonctionne dans sa globalité, mais aussi dans le détail.
Et si parfois, le classicisme s’impose (« Heavenqueen », archétype de Symphonic song dans les règles de l’art et rien de plus), souvent l’originalité se fraie un chemin dans l’inspiration pour insuffler une gestuelle épique et médiévale (« The Light in Your Eyes Goes Out »).
Loin de moi l’idée de vous persuader d’un caractère imperfectible. HEAVENQUEEN est encore handicapé par quelques défauts (des riffs convenus, des redondances impatientes, un son encore un peu léger), mais fait preuve d’un joli culot, et permet surtout à sa chanteuse de tenir sa promesse, une décade après l’avoir formulée. Bravo donc à La Vero pour avoir réussi à achever son projet, et l’avoir mené à son terme avec une telle liberté de ton.
Et je ne me suis pas gratté une seule fois en rédigeant cette chronique.
C’est plutôt bon signe non ?
Titres de l’album:
01. Dust Arrival
02. The Phoenix (feat. Dima Belf)
03. Bring Back the Light
04. Fires of Beltane
05. Eager
06. Killing the Night (feat. Diego Valdez)
07. Highway of Life (feat. Ross The Boss -Guitar & Igor Kiv – back vocal)
08. Star Child (feat. Maestro Mistheria)
09. Wasting Time
10. Heavenqueen (feat. Liesbeth Dulcimer & Dima Belf)
11. The Light in Your Eyes Goes Out
12. A Kiss to Take Your Breath Away
13. All Women in Me (feat. Laura Guldenmond, Emma Elvaston, Anna Kiara & Firouzeh Sings)
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04