Trois ans après leur dernier long, We’re Sane qui de sa musique contredisait le postulat de son titre, les assommés de PROGNATHE reviennent avec dans leur besace un nouvel album, beaucoup plus concis et concentré que le précédent. Pour ceux n’ayant pas lu ma prose de 2017, je rappelle à toutes fins utiles que le prognathisme est la saillie en avant de la mâchoire inférieure ou supérieure. La minute souvenirs/culture étant écoulée, nous pouvons passer au sujet du jour. Rappelons pour la bonne bouche que le groupe est formé de deux fondus de chaos et de bruit (Lundi Galilao - guitare, programmation, chant et Victor Bestiole - basse, chant), que le duo est en déjà à son quatrième longue durée depuis 2012 (Prognathe) et 2014 (Revelation Flesh), que 2017 avait marqué un réel désir de pousser les expérimentations au maximum avec cinquante minutes de barouf, et que les deux toulousains ont donc recentré leurs obsessions pour nous lâcher à peine vingt-cinq minutes de Noise cette fois-ci. On ne saurait s’en plaindre, le précédent LP accusant des baisses de régime assez flagrantes, ce qui n’est pas le cas d’Homo Erectus qui sous les vingt-cinq minutes, reste très raisonnable dans son attaque. En termes de qualité et de bordel ambiant, les choses n’ont pas vraiment changé par contre. Le groupe se montre toujours aussi à l’aise dans un style qui n’est pourtant pas le plus facile à dominer, et continue ses explorations de Tech Grind-Death de première bourre, avec plans qui se télescopent à la vitesse de la lumière, cris incessants, rythmique à l’abattage impressionnant, et riffs qui tronçonnent sans discontinuer. L’humour est bien évidemment toujours aussi usité, avec ces intitulés en clins-d’œil que les fans savourent à chaque livraison. En parlant de livraison, comment juger cette dernière qui poursuit la thématique entreprise sur l’EP précédent (Homo Protognathus l’année dernière), et qui trouve ici un écho non négligeable ?
D’abord, en mettant les choses au point. Si visiblement, les sites de références se plaisent à classer Homo Erectus dans la catégorie des LPs, il s’assimile plus facilement comme un EP, au regard de sa durée, et du concept de produits courts lancé par le groupe. Comme le soulignaient les spécialistes, les toulousains ont depuis l’année dernière adapté leur musique à leur projet, abandonnant de fait les aspects les plus Sludge et Death de leur musique, pour s’abandonner corps et âme au Grind le plus échevelé. Ainsi, il n’est pas difficile de les comparer aujourd’hui aux GRIDLINK et autres CEPHALIC CARNAGE, sans que ce virage extrême ne les rende plus anonymes. Non, nos deux olibrius sont toujours les tarés que l’on a connus, mis à part que leur art aujourd’hui accepte d’aller jusqu’au bout d’une recette de violence intelligente. Rassurez-vous cependant, ce nouvel épisode de leurs aventures n’est pas qu’une accumulation de blasts bête et méchante, juste un excès de violence qui permet quand même quelques allusions plus joyeuses. Ainsi, la sarabande « Homo Rroïdus » est presque dansante dans les faits, et ressemble à une adaptation pour enfants des contes de BRUTAL TRUTH. Mais on retrouve dans la musique des toulousains les fondations du Grind moderne, celui qui perfectionnait l’outrance de ses aînés pour la transcender de prouesses techniques assez peu coutumières. En gros, une dualité qui ose des titres en calembours (« Eye of the Rhino », « Like a Mammoth to a Flame », « Furuncle Fucker », « Oraal Proghnath », « My Name is Thud », « Kommando Piste Noire »), pour une théorie de l’évolution immédiate, un peu comme si les premiers néanderthaliens avaient découvert les joies de la bestialité rythmique des siècles avant l’évolution normale, ou au contraire, comme si des musiciens contemporains s’en revenaient à l’âge de pierre de la technique. Intéressant, mais surtout, convaincant dans les faits.
Il n’y a pas matière à gloser pendant des heures lorsqu’on fait face à un EP de cette trempe. Il faut juste accepter de s’en prendre une, de ramasser ses dents à la petite cuillère, et de tenter de reprendre une vie normale. Car l’intensité imposée par les premiers titres ne se dément pas pendant vingt-cinq minutes, bien au contraire, donnant à ce nouveau chapitre des airs de cocotte-minute prête à exploser. Mais le feu ardent n’empêche pas une cuisson à point, et des astuces de préparation assez finaudes. Ainsi, le duo n’hésite pas à insuffler du groove à sa vélocité, reprenant à son compte les options BRUTAL TRUTH (« Like a Mammoth to a Flame »), pour distiller des passages accrocheurs en diable. Avec une guitare qui mouline en haut régime, et une superposition vocale complètement démente, PROGNATHE confère à sa musique une dose d’intensité incroyable, en sus d’une approche technique imparable, ce qui donne lieu à un festival d’outrance euphorique levant les derniers doutes quant à la pertinence de l’excès (« Flying Fetus »). Un album de Grind pur donc, débarrassé de toute autre prétention, mais un album de Grind intelligent, qui use de musicalité dans la démesure pour ne pas lasser. Les plans se succèdent donc dans un ballet ininterrompu, ou à peine, par quelques astuces rythmiques compressées (l’intro de « Neanderthalian Stew » est un modèle de rouleau-compresseur), ou des licks de guitare plus Heavy et mélodiques que la moyenne. Certes, j’en conviens, le débit de chant est impressionnant, mais le plaisir ressenti à l’écoute d’Homo Erectus relève plus ou moins d’une forme de masochisme, et d’un orgasme stangulatoire si prisé des fans de sac en plastique sur la tête.
On étouffe un peu sous la masse d’informations livrée, mais avec un batteur qui transforme les fills en crises de colère épileptiques (« Denisovian Ribs »), et une propension à assimiler le Grind à une forme de Jazz complètement schizophrénique (« Frogs of War »), le résultat est sidérant de brutalité effective, et laisse les muscles bandés à mort et prêts à soulever des tonnes de fonte. PROGNATHE continue donc son entreprise de déévolution (merci DEVO), et nous rassure quant aux capacités d’un style que l’on pensait stagnant depuis des années.
Titres de l’album :
01.Eye of the Rhino
02.Cured with a Flint Axe
03.Like a Mammoth to a Flame
04.Flying Fetus
05.Neanderthalian Stew
06.Don't you Eat that Fellow's son
07.Furuncle Fucker
08.Eyehategorod
09.Denisovian Ribs
10.Brutal Tooth
11.Oraal Proghnath
12.Frogs of War
13.My Name is Thud
14.Kommando Piste Noire
15.Hurtwork
16.Homo Rroïdus
17.Primate Non Nocere
Sans doute une des meilleures sortie Grindcore de chez nous l'année dernière. Terrible.
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04