L’humanité est un cancer. Le voilà le véritable virus qui menace l’humanité depuis la révolution industrielle. Ce virus qui au nom de l’expansion, du progrès et du confort matériel épuise sa propre planète au point de parier négativement l’avenir de sa propre existence. Je n’envie pas les enfants de nos enfants qui devront payer la note de cette inconscience, et qui erreront dans les ruines encore fumantes d’une civilisation prête à s’éteindre. Aujourd’hui, c’est la COVID qui nous menace en flottant dans l’air et en nous obligeant à aller bosser et à rentrer sagement chez nous. Et si ce virus était le dernier avertissement de la nature avant le massacre final ? Et si finalement, cette pandémie n’était PAS un dernier avertissement, mais bien cette fameuse extinction de masse ? Nul ne saura répondre à cette question à cet instant T, mais le premier album des américains de HUMANITY IS CANCER approuve mes propos, et tombe à point nommé pour instaurer la bonne ambiance de cette apocalypse à venir. Peu importe les querelles de clocher, peu importe les avis divergents des scientifiques et des gouvernements, nous abordons le dernier virage avant de tomber dans le précipice. Et les quatre morceaux de ce premier EP sont la bande sonore idoine pour ce dernier sprint avant la chute inévitable. On pourrait penser à juste titre que ces quatre morceaux ont été composés pour coller à leur époque, mais il n’en est rien. Ils datent déjà de 2014/2015, et ne voient le jour qu’aujourd’hui, annonçant une carrière qui mérite amplement les feux de la rampe.   

Ces compositions datent de l’éclosion même de leur label, et la coïncidence est assez amusante. Alors que Redefining Darkness Records est aujourd’hui devenu un label underground de référence, les HUMANITY IS CANCER refont surface avec leur premier EP, et la coïncidence est trop belle pour ne pas être narrée. Fondé par le guitariste Thomas Haywood, le quatuor a vite été complété par une brochette de musiciens expérimentés. On retrouve donc au line-up Michael Wilson à la guitare (ex-ABIGAIL WILLIAMS / ABORTED), Noah Buchanan (NUNSLAUGHTER / FROM THE HELLMOUTH) à la basse et au chant, et Lyle Cooper (ex-THE FACELESS / ABHORRENT) à la batterie. En résulte une formation plus que solide à l’expérience d’importance, qui en 2020 nous jette à la face notre propre et triste réalité. Ce premier EP éponyme s’abreuve donc à la source même du Death le plus compact, le plus brutal et pourtant élaboré, et ressemble à une synthèse du parcours de MORBID ANGEL, avec un arrêt plus insistant sur la case Steve Tucker. Du Death Metal éminemment violent donc, extrêmement puissant qui toutefois ne refuse pas quelques arrangements plus fins pour éviter la boucherie qui tâche. Mixé & masterisé par JB Van Der Wal au Hewwetover Studio, Pays-Bas, en avril et juin derniers, Humanity is Cancer est donc un modèle de production efficace et ample, ce que démontre « Cancer is Humanity (A Future of Violence & Death) » sans prendre de gants. Le chant est évidemment méchamment grave et rauque, dans la grande tradition du David Vincent le plus investi, et les plans qui s’entrechoquent dans un ballet de dextérité rappellent donc l’art des floridiens pour accoucher d’un Death technique, mais toujours aussi efficace.

Chose suffisamment rare pour être précisée, malgré ses quatre entrées et son caractère de première œuvre, cet EP est varié, et propose des idées qui évitent la redondance. Si la vitesse est évidemment privilégiée, les passages lourds et écrasants ne manquent pas à l’appel, et se voient même gratifiés d’un moment de gloire sur la clôture oppressante de « Beyond Salvation ». Thomas Haywood déclare même à propos de cet épilogue :

« « Beyond Salvation » est le morceau le plus lent et le plus groovy, mais aussi, si j’ose le terme, le plus glauque. J’ai senti que l’EP avait besoin d’un morceau pareil pour rompre avec cette vitesse d’exécution dominante. J’essaie toujours d’obtenir un résultat différent, et d’exprimer mes émotions, c’est pour ça que j’ai tenté le coup d’accords dissonants à la GORGUTS sur ce morceau, ce qui lui confère une certaine laideur… »

Et ce dernier titre tombe à pic pour faire approcher la perfection à HUMANITY IS CANCER, qui comme un virus, s’insinue dans votre organisme pour vous contaminer de sa qualité, et vous persuader du bien-fondé de son potentiel de destruction. Un Death Metal solide de circonstance, qui annonce un sale temps à venir, dont les premières gouttes de pluie acide sont déjà tombées depuis longtemps. 

Titres de l’album:

01. Cancer is Humanity (A Future of Violence & Death)

02. Harlot

03. Punishment Due

04. Beyond Salvation

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