Septembre, la reprise, et je reçois mon NUMEN. Rien de surprenant jusque-là, sauf que j’ai quitté l’éducation nationale il y a belle lurette et que je leur serais très gré de bien vouloir arrêter de m’identifier. Réalisant ma méprise en constatant que l’envoi était accompagné d’un splendide digipack aux teintes verdâtres et brunes, je m’empressais de constater que cet envoi était le fait des Acteurs de l’Ombre, et d’une nouvelle sortie à traiter. Et pas des moindres. Si d’ordinaire le label de Gérald s’affaire à dénicher de nouvelles signatures, le cas de NUMEN est assurément atypique, puisque le groupe existe déjà depuis plus de vingt ans, leur premier EP remontant donc à l’orée du nouveau siècle. Mais le lien unissant les Acteurs et les basques est assez ancien lui aussi, puisque notre label chéri s’était déjà occupé de la réédition du précédent LP des musiciens, cet éponyme initialement paru en 2007 chez GOI Music qui était d’ailleurs la dernière trace discographique du groupe…Huit ans de silence en publication, plus de douze dans les faits en production depuis 2007, les fans étaient en droit de préparer les funérailles en grandes pompes du côté d'Hegoalde au sud du Pays Basque…Mais c’était sans compter sur la magie de la terre du sud de ce pays si à part dans la culture européenne, et de cette langue, la plus vieille d’Europe occidentale et qui transcende plus que jamais ce style particulier que le sextet affectionne tant…Une décade et plus sans nouvelles, il y a avait de quoi craindre le pire en termes de changement d’orientation, mais pas d’inquiétude à avoir. Les musiciens n’ont changé ni leur optique ni dévié de leurs racines, et reviennent plus volontaires que jamais avec ce qui pourrait bien être l’opus le plus dense et paradoxalement le plus direct de leur discographie.
Cette carrière est pourtant déjà riche, de trois longue-durée, publiés respectivement en 2001 (Galdutako Itxaropenaren Eresia), 2004 (Basoaren Semeak) et donc 2007 (Numen), mais se voit aujourd’hui complétée par un retour un peu inopiné, sous la forme de huit nouveaux morceaux qui reprennent peu ou prou l’histoire là où elle s’était arrêtée. Je parlais de crainte plus en amont, de celles qu’on peut ressentir lorsqu’un groupe plonge dans les ténèbres un peu trop longtemps, mais Iluntasuna Besarkatu Nuen Betiko les dissipe immédiatement avec « Iluntasuna Soilik », sans même passer par la case intro. Une entrée en matière qui en dit long sur l’appétit des basques, et qui les découvre aussi véhéments qu’avant, avec toujours cette impulsion bestiale originelle qui témoigne de la décennie qui les a vu naître. En à peine plus de trois minutes, le sextet (Aritz: chant, Jabo & Xabi: guitares, Lander: basse, Eol: claviers/cris, Eihar: batterie) balaie d’un revers de haine toutes les questions restées en suspens, et nous ramène à la glorieuse époque du BM nordique, celui-là même qui soufflait une tempête de colère sur une Europe médusée de tant de violence. Abordant donc leur comeback de la façon la plus franche qui soit, les basques mettent les points sur les i. Non, ils n’ont pas troqué leur vilénie contre des ambiances Folk ou des progressions mélodiques, même si ces deux éléments ne sont pas totalement absents de l’équation. Toujours à cheval entre pureté brute et évolutions plus nuancées, NUMEN se partage donc entre des titres qui franchissent les sept et huit minutes et les intermèdes plus raisonnables, sans pour autant changer leur vision. Leur BM âpre et rude l’est toujours autant, et leur inspiration n’a pas dévié temporellement, restant planté dans la terre d’origine d’un style qui sous sa forme la plus pure est toujours aussi abrupt.
Les ambitions se matérialisent donc plus sur l’accumulation et la succession d’idées que sur les thématiques de fond. En gardant leur langue natale comme vecteur d’expression, les basques confirment leur unicité, et apportent une plus-value traditionnelle à une musique l’étant tout autant. Les guitares, toujours aussi acides et venimeuses distillent des riffs qu’une rythmique inventive met en relief, avec une batterie toujours prompte à accumuler les breaks au milieu de torrents de blasts. Ces fameuses mélodies évoquées prennent la forme d’un filigrane qui allège un peu la pression ambiante, comme le démontre « Lautada Izoztuetan », le morceau le plus long de l’ensemble, qui distille la brutalité et la mélancolie aussi efficacement qu’un hiver norvégien, et on sent du IMMORTAL dans tout ça, même si les deux combos sont plus différents qu’il n’y paraît. Enregistré, mixé et masterisé par Ekaitz Garmendia au Black Storm Studios en 2018, avec des parties instrumentales couchés dans divers studios entre 2016 et 2017 (Legarre Studios, Aurym Studios), Iluntasuna Besarkatu Nuen Betiko s’avère aussi complexe et en circonvolutions que son titre, se permettant des allusions marquées aux première et seconde vagues de BM norvégien, via la disharmonie si chère à MAYHEM (« Pairamena », qui semble exhumé de bandes posthumes de De Mysteriis), tout en gardant un équilibre de brutalité que le grand MARDUK ne pourrait renier (« Behin Hilko Naiz »). Mais ces quelques noms légendaires ne doivent pas occulter l’originalité propre au groupe, qui après plus de vingt ans de carrière a largement mérité son sceau personnel. On le comprend assez rapidement, et le fait devient encore plus flagrant lorsque nos oreilles déjà échauffées tombent sur le magistral en emphatique « Nire Arnasean Biziko Da Gaua », sorte de mini-symphonie unissant DISSECTION et ULVER.
La complémentarité du chant rauque d’Aritz et des guitares vénéneuses de Jabo & Xabi assure une assise solide, mais ce sont aussi les moments où le groupe s’écarte de son chemin bien tracé qui permettent à ce quatrième LP de vraiment s’affirmer. On trouve des touches de mélodies maladives sur l’intro de « Itzaletan Solasean », qui repart vite sur les terres glacées du BM le plus rapide et violent, et puis des échappées Folk sur le final « Itzaltzuko Bardoari », bénéficiant de l’apport narratif de Beñat, mais aussi de la délicatesse de la flûte et de la guitare acoustique de Lander. Ce dernier morceau, d’une ambiance apaisante, loin de contredire les postulats précédents, nous offre un épilogue d’une beauté trouble, dualité symptomatique de l’approche des basques qui avec ce quatrième longue-durée nous en reviennent plus convaincus de leur originalité que jamais. Souhaitons-leur de garder l’inspiration pour quelques albums de plus, histoire de ne plus nous abandonner pendant plus d’une décennie.
Titres de l’album :
01. Iluntasuna Soilik
02. Lautada Izoztuetan
03. Pairamena
04. Behin Hilko Naiz
05. Nire Arnasean Biziko Da Gaua
06. Itzaletan Solasean
07. Iraganeko Errautsak
08. Itzaltzuko Bardoari
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
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Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
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T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
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@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
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Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
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