Impromptu

Impromptu

28/06/2019

Autoproduction

Un impromptu est une composition musicale libre, semblable à une improvisation, et généralement écrite pour un seul instrument, comme le piano.

Définition exacte mais passe-partout, et qui pourtant ne pourrait pas mieux définir cet album inclassable. Album qui dégage une sensation d’originalité et de liberté, et qui pourtant prouve qu’il a été pensé dans les moindres détails pour ne pas sombrer dans les affres de l’expérimentation. C’est d’ailleurs le hasard le plus total qui l’a glissé entre mes oreilles, entre une pochette assez étrange et une dénomination générique apposant le sceau « progressif » à l’ensemble. Progressif, ce groupe l’est, sans conteste, mais pas dans le sens métallique le plus moderne qu’on peut lui donner. Il est plus à envisager comme un groupe qui laisse libre court à son inspiration, et qui la laisse dériver le long de parties rythmiques enchevêtrées, de parties de guitares imbriquées, et d’un esprit affranchi de toute contrainte de temps trop restrictive, sans tomber dans les digressions bavardes et stériles. Inutile donc de vous attendre à un mélange entre YES et DREAM THEATER, ou entre KING CRIMSON et PINK FLOYD, mais plutôt à une sorte d’hybride entre un Desert Rock très aride et subtilement lysergique et des poussées de fièvre à la MASTODON, le tout joué avec le même détachement génial que les PRIMUS, sans les prouesses techniques qui sont remisées au placard. Car IMPROMPTU n’est pas là pour jouer les premiers de la classe de solfège, mais bien pour proposer un concept beaucoup plus personnel, à base de Hard Rock des origines, de déviances intelligemment psychédéliques, d’inserts harmoniques et cristallins, pour aboutir à un mélange échappant à toute étiquette.

Fondé à Porta Westfalica, Allemagne, IMPROMPTU est donc un power-trio dans le sens le plus noble du terme (Wladi T. - guitare, Clemens K. - batterie/chant et Matze S. - basse/chant), se réclamant d’influences assez diverses (LED ZEPPELIN, BLACK SABBATH, DEEP PURPLE, RAINBOW, JIMI HENDRIX, MOTÖRHEAD, KING CRIMSON, DINOSAUR JR., NIRVANA, DEATH, THE BEATLES, PINK FLOYD, JOY DIVISION), leur permettant de garder une aura en flou artistique planant au-dessus de leur inspiration. Si certaines de celles citées sont parfaitement hors contexte, elles servent plus de point de perdition pour ne pas que l’auditeur se raccroche à un wagon trop précis, mais cette volonté de nous laisser errer sur les chemins de notre propre perception est manifeste dès l’entame embrumée de « G.O.K.S », pourtant l’une des plus franches du lot. Avec un énorme riff pataud emprunté aux BLACK SABBATH par KYUSS, les allemands commencent leur périple sous le signe de la fausse simplicité, et jettent les bases de leur philosophie, avec cette façon de distordre la réalité harmonique héritée des HAWKWIND, qui sert de trame de base à un Impromptu métallique fort à propos. Tout y passe, de la distorsion ventripotente à l’alliance entre une guitare et une basse à l’unisson, mais derrière ce formalisme de façade se cache une envie d’aller ailleurs et autrement, et de détourner les codes à son propre avantage. On plane donc, au-dessus des nuages de l’histoire du Rock énergique de ces quarante dernières années, mais on plane propre et conscient, appréciant chaque petit détail (cette lourde basse qui serpentine en nous arrosant de son jus, cette batterie carrée mais qui tient à son libre arbitre, ce chant nasillard qui plonge la NOLA dans un bain d’acide Doom), avant que le percutant « Danish Carousel » ne nous heurte de plein fouet de sa lucidité Stoner alourdie de Rock graisseux des seventies. En deux titres calibrés mais excitants, les IMPROMPTU imposent leur monde, avant d’en offrir une image moins nette, ce que la cassure « Interlude » prouve de sa délicatesse complètement hors norme.

Et après trois morceaux qui titillent, mais sans vraiment faire vaciller, la machine s’emballe niveau originalité, et « A Conversation » casse le moule de son intro Post en arpèges, avant de s’orienter vers une nostalgie presque scandinave, avec son plus synthétique et smooth. Pourtant, les mélodies pesantes du Heavy Rock sont toujours là, juste allégées d’un esprit plus moderne, avec un morceau qui démontre que les trois allemands ne s’en laissent pas conter et ne souhaitent pas se laisser enfermer. Plus de sept minutes d’alternance entre douceur et agression, et une unicité dans la dualité qui laisse admiratif, avant que le trio ne s’envole pour un crescendo final orgasmique, rappelant tout autant les GRAVEYARD que le LYNYRD, MASTODON et DOWN, ou CORROSION OF CONFORMITY et TENGIL. A partir de cette césure, les choses se compliquent et le book s’épaissit de réussites collectives, « Blank Verse » prônant l’instabilité comme seule vertu cardinale, tout en conservant cette aptitude à brosser des riffs efficaces. Et l’équilibre entre singularité et classicisme est donc la force du trio, qui parvient à sonner excentré tout en se recentrant sur le plus important, en troussant des licks mémorisables sur fond de progressions instables et imprévisibles. On pourrait presque parler de Stoner Progressif, ou de Post Hard Rock évolutif, mais on préfère laisser la musique parler à la place des labels, appréciant ce mélange de voix, ces montées qui se cassent soudain en plein élan, et ces effets naturels exhalant d’instruments libres.

Et lorsque « Barefoot » propose de marcher pieds nus dans un champ planté de tournesols PRIMUS poussant sous la chaleur écrasante d’un soleil KYUSS, on y va sans regrets, nous réchauffant de ces riffs lumineux, mais chopant la chair de poule en écoutant ces lignes vocales biaisées et sournoises. Sans étant d’âme, IMPROMPTU termine même par un long épilogue de près de douze minutes, avec un « Room 15 » qui se la joue bluesy avant de repartir vers des horizons différents. Soli permanents qui transpirent leur feeling, allusions au JEFFERSON AIRPLANE, à HAWKWIND, mais aussi à la puissance de PANTERA, au groove psychotique des DINOSAUR JR., pour un melting-pot bizarre, mais profondément hypnotisant. Une sorte de liberté farouche conservée à grands coups de thèmes fédérateurs, un refus des effets cheap qui bouffent la créativité, et un album éponyme qui risque d’incruster ce nom dans des mémoires pourtant méchamment altérées. Le hasard fait souvent bien les choses.    

  

Titres de l’album :

                          1. G.O.K.S

                          2. Danish Carousel

                          3. Interlude

                          4. A Conversation

                          5. Blank Verse

                          6. Barefoot

                          7. Love Letter

                          8. Room 15

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par mortne2001 le 17/01/2021 à 14:34
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