In De Kwelm

Kludde

24/05/2019

Consouling Sounds

Nous allons tout de suite éviter les blagues potaches liées à la nationalité de ces grands gaillards, l’amitié franco-belge étant un sujet sacré. Mais c’est un fait, les KLUDDE nous en viennent des Flandres de l’est, s’expriment donc dans leur idiome natal, et nous racontent de petites histoires liées à leur folklore, pas forcément les plus gaies, mais totalement en adéquation avec leur approche musicale. Formé il y a bientôt 20 ans, ce collectif (Cerulean - chant/guitare, Snoodaert - guitare, Basstaerd - basse/chœurs et Vellekläsjer - batterie) a donc légèrement évolué depuis sa conception, passant d’un Black Metal sans merci à une hybridation entre ce même style et un Sludge assez épais, créant de fait un alliage noir comme la nuit, et lourd comme le destin. Et c’est donc après plus de dix ans de silence et un line-up enfin consolidé que nous les retrouvons aujourd’hui, forts d’un second album faisant suite à In Den Vergetelheid, paru en 2008. Guère étonnant de les retrouver d’ailleurs sur le label national Consouling Sounds, assez friand de ce genre d’exactions, et c’est sous une pochette sobre mais gentiment morbide que se cache In De Kwelm, et ses huit morceaux prônant une philosophie extrême, mais finalement assez mesurée dans les faits. Enregistré et mixé par Cerulean lui-même, et masterisé par Frederik Dejong au Jerboa mastering, ce second album est pour ses géniteurs une sorte de retour aux sources, avec la maturité des années apportant le complément indispensable. Attendez-vous donc à un survol de la carrière des belges, pas vraiment décidés à ses ranger des voitures, et toujours aussi agressifs et violents.

Black Sludge, Blackened Sludge, ou Sludge Black ? Les trois votre honneur, même si la trame de base sert plus ou moins de schéma à tous les morceaux. On retrouve le son, ample mais assez rêche, les riffs rouillés mais compacts et conséquents, ce chant si particulier qui pourra agacer ceux dont les timbres éraillés sont la Némésis, cette rythmique qui se concentre sur la pluralité, et plus généralement, tout ce qui a toujours constitué l’ADN de ce groupe si particulier. Sept morceaux plutôt courts et concis, et un final tout en longueur, le métrage est raisonnable, mais les ambitions conséquentes. Et si les options choisies laissaient craindre d’une uniformité lassante, la variété des tempi, et les allusions aux différents genres permettent à KLUDDE d’éviter l‘écueil de la redondance trop prononcée, même si les tonalités de fond restent bloquées sur une gravité de circonstance. En gros, et pour cerner un peu les détails, on pourrait penser à une sorte de revue de presse de l’extrême classique façon Black Metal light, ce que « Schabouwelijke Praktijken I: De Rabouwen » appuie de sa violence larvée et de ses grognements étouffés. Une version très privée du CELTIC FROST le plus primaire (soit HELLHAMMER en gros), corrigée pour ne pas jouer le plagiat, mais qui se prend de passion pour l’occulte des années 80, avec en exergue ce monolithisme transcendé par des musiciens plus capables que leurs modèles. 

D’ailleurs, le quatuor a voulu son entame plutôt rapide, et « Kludde IV » / « Bloedkoesj » de jouer le jeu d’un Blackened Crust assez primaire, aux riffs toutefois suffisamment ludiques pour ne pas rester bloqués sur un motif trop sommaire. Cruels mais abordables, les belges varient et modulent, acceptant la lourdeur du Sludge le plus poisseux qu’ils agrémentent de fantaisies presque NOLA, sans décevoir les fans hardcore du chef d’œuvre Monotheist (« Schramoeille », qu’on imagine parfaitement chanté par le toujours bronzé Tom Warrior). Accélérations brutales, coups de rein, ralentissements excessifs mais bien amenés, la balade est agréable, et se complait dans les bas-fonds de la musicalité. Car malgré leur côté ours mal léchés, les instrumentistes n’en restent pas moins perméables aux mélodies héritées du BM scandinave («Kasteelke van Verdoemenis »), tout en revenant assez régulièrement vers ce rythme échevelé qui leur convient si bien (« Poesjkapelle »). Et lorsque les blasts parviennent à se tailler une petite place (« Schabouwelijke Praktijken II: De Commercant »), on réalise toute l’importance de l’intégration de Vellekläsjer, qui a visiblement réussi à se fondre dans le reste du groupe avec facilité. Globalement plus que satisfaisant, ce second album ne se termine pas en queue de poisson ou en litanie d’oraison, même si le long et funèbre « De Laatste Reis » nous remémore les processions du SAB tout comme les plaintes de NEUROSIS, offrant de fait à In De Kwelm une conclusion riche et ouverte sur un avenir prometteur. Après une très longue intro progressive, le groupe retombe dans les travers délicieux d’un BM sauvage et débridé, mettant le turbo et la pression pour nous achever d’un crescendo bruitiste fort à propos.

Niveau reproches, on pourra regretter le manque de modulations vocales de Cerulean, qui reste fidèle à sa gorge et à sa technique abrasive, et quelques rebondissements un peu attendus au nouveau des guitares. Mais ces griefs sont mineurs eut égard à la qualité de la vilénie de cette musique, aussi inconfortable qu’elle n’est délectable, et qui permet aux KLUDDE de revenir au premier plan d’une caverne dans laquelle ils se sentent finalement très bien. Et sans aller jusqu’à l’allégorie si chère à Platon, admettons parfois que les dangers visibles ne sont pas moins effrayants que ceux tapis dans la pénombre. Ce que cet album s’évertue à démontrer en moins de quarante minutes de lourdeur et de violence.       

 

Titres de l’album :

                         1.Schabouwelijke Praktijken I: De Rabouwen

                         2.Kludde IV

                         3.Bloedkoesj

                         4.Schramoeille

                         5.Kasteelke van Verdoemenis

                         6.Poesjkapelle

                         7.Schabouwelijke Praktijken II: De Commercant

                         8.De Laatste Reis

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 26/01/2020 à 14:24
80 %    1107
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17

Nique ton cul

Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!

30/06/2025, 19:47

LeMoustre

Toujours aussi bon.Pas de label ?

30/06/2025, 14:35

Ivan Grozny

Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.

30/06/2025, 11:36