Slaves of Time

Stallion

28/02/2020

High Roller Records

L’étalon allemand est donc de retour en cette moche année 2020, avec un troisième album, respectant ainsi son schéma temporel d’un LP tous les trois ans. C’est ainsi qu’après Rise and Ride en 2014 et From the Dead en 2017, nous nous voyons opposer une fin de oui-recevoir (dans la tronche) avec ce monumental Slaves of Time qui ne fait qu’entériner un mode de pensée en vogue depuis six ans maintenant : STALLION est bien le chef de file de la tradition vintage allemande, avec ses clous polis, ses cartouchières pleines et ses attitudes bravaches. Il y a trois ans, j’avais dit tout le bien que je pensais de From the Dead, allant jusqu’à y voir la véritable relève nostalgique d’une génération avide de souvenirs, je recommencerai donc aujourd’hui à crier les louanges d’une formation qui n’a pas les guitares dans sa poche ni sa rythmique dans sa sacoche. Car dans les faits, Slaves of Time pourrait bien être, et certainement même le meilleur album de la formation de Weingarten, et en tout cas le plus solide et belliqueux. Esclaves du temps, voici un bel aveu de la part de STALLION qui admet que les chaînes de sa passion le retiennent prisonnier d’un temps passé, celui d’un Heavy Metal franc du collier, racé, hargneux et survolté. Avec dix nouveaux morceaux érigés à la gloire d’un Heavy Metal sans compromission, les allemands survolent la scène actuelle de leur franchise, et nous offrent une fois de plus une musique agressive, entêtante, qui fait le lien entre les ENFORCER et RUNNING WILD, sans l’esprit décalque des premiers ni l’attitude gras du bide des seconds. Toujours aussi prompts à se jouer des limites, les musiciens jouent avec les frontières, provoquent le Speed pour mieux stimuler le Thrash, tout en montrant des aptitudes aux hymnes Heavy intemporels, ce qui achève de transformer ce troisième et crucial LP en triomphe complet. Toujours hébergés par les fumés de High Roller, qui adorent tout ce qui refuse son époque, STALLION signe donc un manifeste global, susceptible de séduire les fans d’ACCEPT, de WARNING, d’AC/DC, de LIVING DEATH, GRAVE DIGGER, et tous les acteurs de série A ou B des années 80.

Outre cette puissance et qualité renforcées, on note quelques changements au niveau du line-up. L’arrivée d’un nouveau guitariste l’année dernière (Clode Savage, INVISIBLE MIRROR, PIRANHA, ex-BATTALION) n’a semble-t-il pas entamé les convictions ni allégé le son, puisque Slaves of Time montre le groupe sous son jour le plus puissant, avec cette rondeur dans la production qui n’entame en rien la violence. Niveau violence justement, le quintet (Aaron - batterie, Äxxl - guitare, Pauly - chant, Christian Stämpfe - basse et Clode Savage - guitare) a mis le paquet sur les rythmes speed, se rapprochant de l’avant-garde germaine des années 80, HELLOWEEN en tête de liste, et LIVING DEATH bien sûr, pérennisant l’héritage de DESTRUCTION sans trahir ses convictions mélodiques. C’est ainsi que l’ouverture traumatique de « Waking the Demons » nous prend par surprise de sa violence, évoquant un subtil mélange de JUDAS PRIEST et ANNIHILATOR, avant de tout défoncer d’une accélération cyclique comme seuls les allemands savent encore les manier. En suite logique, « No Mercy » résume la philosophie d’un groupe qui ne fait pas de prisonniers, et provoque la génération vintage Thrash sur son propre terrain, leur damant le pion de son allant démoniaque évoquant un EXODUS sous acides ou un DEATHROW plus mélodique qu’à l’ordinaire. En deux morceaux seulement, STALLION se cabre et déboule dans le décor sans crier gare, certain de sa force et de ses atouts, et se jouant de la nuance entre Heavy féroce et Thrash rosse, comme pour mieux combler les trois années d’attente qu’il a fallu supporter.

Tout en jouant en rangs serrés et propres, les allemands n’oublient pas que le meilleur Heavy rime avec sérieux et folie. Mais ils n’oublient pas non plus qu’une dose de fun léger peut aussi fédérer, et c’est pour cette raison qu’ils ralentissent le tempo et allègent l’ambiance avec le terriblement addictif « Time to Reload », qui comme son nom l’indique recharge le flingue pur mieux canarder, adoptant une posture de cow-boy austral que les AIRBOURNE ont repris à leur compte il y a quelques années. Avec un enrobage moelleux qui permet d’apprécier un riff précieux, STALLION trottine gaiment, et se souvient de l’importance du Hard US et européen des années ACCEPT et LEATHERWOLF, pour mieux temporiser sans perdre en pression. Mais cet interlude, aussi appréciable et délicieux soit-il n’est qu’une simple parenthèse dans le massacre annoncé, et « All In » de continuer dans l’hommage d’une scène allemande prépondérante dans les années 80, avec ses clins d’œil multipliés en direction de GRAVE DIGGER et ACCEPT. Le tandem de guitares fonctionne à plein régime, et la voix très haut perchée de Pauly, irritante pour certains, transcende des morceaux simples pour les faire gravir d’un échelon, un peu comme si le PRIEST et LIVING DEATH avaient cheminé de concert. Les soli, en shred, sont toujours aussi crédibles et galvanisants, et l’ensemble dégage une telle exubérance qu’on se laisse remplir la tête de souvenirs d’adolescence. Mais pas le temps de se poser pour se remémorer des images chéries, puisque le terrible et écrasant « Brain Dead » accélère encore le tempo à la DEATHROW pour mieux imposer des cassures mélodiques occultes. La véritable surprise de cet album, outre ce regain de force se trouve à mi-parcours, lorsqu’on découvre la longue et épique ballade « Die With Me » qui pendant sept minutes se love au creux de l’inspiration de METALLICA, METAL CHURCH et autres HELLOWEEN, représentant l’acmé créatif d’un album qui explose tous les standards.

Mais alors qu’on commence à peine à panser ses plaies, le groupe nous atomise d’un radical « Merchants of Fear », bombe Heavy Thrash de première bourre, avant de mieux recycler les clichés Speed en les transformant en armes de destruction massive. On attend clairement le faux-pas, le petit détail qui fera basculer l’entreprise dans le rang des productions classiques, mais ce faux-pas ne vient jamais, le quintet maintenant la pression de bout en bout, ne s’autorisant qu’un épilogue plus formel et détendu en fin de parcours. Dans les faits, STALLION a fait remonter d’un cran les exigences du public en matière de Metal old-school, signant avec Slaves of Time un album d’une intensité rare et d’une application totale. On se demande juste jusqu’où ils pourront aller sans se cramer ou se répéter, mais en attendant une éventuelle chute qu’on ne souhaite pas, ils incarnent le meilleur d’une vague nostalgique qui parvient encore à nous enthousiasmer sans vraiment innover.          

                                        

Titres de l’album :

                          01 Waking the Demons

                          02 No Mercy

                          03 Time to Reload

                          04 All In

                          05 Brain Dead

                          06 Die With Me

                          07 Merchants of Fear

                          08 Dynamiter

                          09 Kill the Beast

                          10 Meltdown

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 18/07/2020 à 14:37
88 %    615

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


LeMoustre
@93.4.16.166
21/07/2020, 15:29:47
Pas mal, les extraits écoutés m'ont évoqué aussi, dans le genre Living Death sur les bords, le groupe Stälker. Ça n'invente rien, mais j'ai bien aimé, achat possible. Merci pour cette chronique

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20