Alerté sur le caractère essentiel de cette sortie par l’un de mes estimés collègues, je me jetais donc plein de confiance sur ce premier album l’humeur badine et l’oreille alerte. Lorsque soudain, un doute m’étreignit. N’avais-je pas déjà traité du cas de ce groupe un peu plus tôt dans l’année ? En regardant la pochette, en écoutant le premier morceau, mon cerveau embrumé ne pouvait assurer avec certitude ne pas connaître les AD VITAM INFERNAL…Il faut dire qu’avec une pochette fleurant bon les débuts d’IMMOLATION, et un style assumé proche d’une nostalgie absolue, ce groupe ne fait pas grand-chose pour se distinguer de la masse en termes de visuel et de partition. Même leur thématique est d’usage, le décidément très cité Dante Alighieri qui revient une fois encore nous raconter ses enfers personnels, et le tout fleure bon le classicisme outrancier, ce qui n’est jamais bon signe pour une première œuvre…Mais une fois les premiers à-priori dissipés, et si nostalgie il y a bien, autant reconnaître qu’elle est pleine de flair et de savoir-faire, et que les morceaux proposés par Infernal Comedy sont plutôt du genre solide…et très cru. Très, très crus parfois, mais animés d’une folie instrumentale palpable qui permet à ce premier effort de prendre des airs de postulat définitif, malgré un enregistrement at home et une configuration réduite. Car AD VITAM INFERNAL n’est rien d’autre qu’un duo, celui associant les capacités instrumentales de Jérôme Mahé (guitare/basse/programmation) et Samuel Girard (chant/programmation), deux musiciens connaissant très bien la chanson, et surtout, le répertoire Death des années 90 qu’ils arrangent à leur sauce pour le faire sonner plus moderne. Old-school, l’approche du duo l’est, indéniablement, sous influence, irréfutablement, et pourtant, malgré toutes ces connotations plus ou moins assumées, on sent un réel désir personnel d’accommoder l’ultraviolence à son propre point de vue, ce qu’un ou deux morceaux prouvent d’un culot plus prononcé.
Tout commence pourtant dans la cruauté la plus ouverte, avec un « Ad Vitam Infernal » qui ne fait aucun cadeau, et qui déclenche les hostilités avec une vélocité impressionnante. On se croirait presque en pleine fournaise 1349 tant l’animosité est palpable, et pourtant, pas question de Black ici mais bien de Death pur jus, celui-là même que les institutions CENTURIAN, IMMOLATION, DEICIDE, ou MORBID ANGEL proposaient. En restant dans nos frontières, le nom de MASSACRA pourrait aussi être évoqué, pour cette pluralité dans la brutalité qui autorise la diversité, mais autant dire qu’avec cette mise en bouche de moins de trois minutes, le duo fait très fort en ouverture. Doté d’un son tout à fait honorable, ce premier LP parvient dans ses premiers instants à réellement impressionner, et garde l’intensité sur la durée, malgré un son de batterie programmée vraiment synthétique qui vient parfois gâcher la fête. Mais lorsque « Abject » résonne et explose nos tympans déjà bien endommagés, on comprend immédiatement que la formation n’est pas là pour plaisanter ni tergiverser. Outre des riffs supersoniques découpés au millimètre, une section rythmique à l’abattage atomique, et un chant évidemment d’outre-tombe, on remarque les qualités d’un concept qui n’hésite pas à casser le moule et à insérer en chausse-pied un passage bien glauque en spoken words du plus bel effet. La cassure centrale du morceau instaure donc une atmosphère de dissonance, glauque, lourde et sentencieuse, qui permet de s’éloigner quelques minutes d’une ultraviolence trop évidente. Du panache dans les arrangements d’arrière-plan, avant une reprise encore plus cruelle, et en deux morceaux à peine, Infernal Comedy met tout le monde d’accord : l’enfer n’est pas pavé de bonnes intentions.
L’album n’a évidemment pas la poésie de son inspiration Alighieri, mais il en a les qualités picturales transposées. Si Dante utilisait les mots pour écrire les cercles infernaux, AD VITAM INFERNAL utilise les notes, et les multiplie pour bien évoquer les tourments d’un purgatoire menant sur les flammes, faisant cramer la programmation pour imposer des blasts à foison. On ressent bien le mélange IMMOLATION/MORBID ANGEL, mais l’ajout de riffs/plans plus formels, et plus génériquement Metal/Thrash permet à certains titres de dégager une personnalité propre (« Hell Hunger »), évitant de fait la simple paraphrase enthousiasmante certes, mais peu gratifiante. Toujours avides de bestialité sous contrôle, les deux musiciens empilent les claques et les délivrent avec un enthousiasme qui force le respect. Multipliant les breaks, les fills, les cassures et les soudains changements de cap, Infernal Comedy est aussi professionnel qu’intuitif, et louvoie entre les méandres du Death le plus implacable, impeccable d’intensité, et véritable fournaise. « God Shall Not Take Your Hand » donne même le sentiment qu’à une époque, DEICIDE et MASSACRA aurait pu partager des vues communes, avec ces chœurs démoniaques et ces soudaines percées Thrash. Conscient que l’efficacité rime aussi avec versatilité, les deux instrumentistes osent des choses plus concentrées, convoquant la science infuse de SLAYER dans un contexte purement DEICIDE (« No Sides »), avant de se lancer dans l’expérimentation progressive via l’évolutif « To Cross The Rivers ». « Rise! Our Souls... », le morceau dévoilé en amont n’a quant à lui rien perdu de son efficacité, et « Insane Prayer » en final, offre encore une fois quelques ouvertures, parfois mélodiques, mais surtout agencées, ambiancées, et déviant de la linéarité brutale générale. Mais en trente-cinq petites minutes, AD VITAM INFERNAL se montre à la hauteur de la confiance accordée par le label Tchèque Lavadome, qui doit certainement se frotter les mains d’une telle association.
Titres de l’album :
01. Ad Vitam Infernal
02. Abject
03. Hell Hunger
04. God Shall Not Take Your Hand
05. No Sides
06. To Cross The Rivers
07. Rise! Our Souls...
08. Insane Prayer
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