Interview avec AEPHANEMER

Aephanemer

Cette interview me tient particulièrement à cœur car AEPHANEMER mérite d’être écouté et reconnu pour son talent. Ce quatuor toulousain, qui vient de sortir son deuxième album Prokopton le 22 mars, nous propose un death mélodique aux sonorités nordiques. Épique, prenant, émouvant, mais surtout  parfaitement exécuté. Leurs influences nombreuses associées à une authenticité que l’on retrouve chez les membres du groupe ont donné naissance à un album efficace qui nous prouve que la scène française n’a pas à rougir de ses talents. 

L'interview a eu lieu le 13/04 à Nantes avant le premier concert de la tournée Prokopton à la Scène Michelet avec les quatre membres du groupe: Martin (guitare lead), Marion (chant/guitare rythmique), Lucie (basse) et Mickaël (batterie).


Le projet à l’origine d'AEPHANEMER est né aux alentours de 2014 et était un one-man band. Martin, comment en es-tu venu à créer un groupe à partir de ton projet perso ? 

Martin : Au tout début en effet c’était un one-man band. Je n’avais pas tellement réfléchi, j’avais envie de faire de la musique donc j’ai sorti mes morceaux comme ça. Il y a un premier EP Know Thyself qui est sorti en 2014 avec les morceaux que j’avais déjà sorti un par un sur internet. Et après tout simplement je me suis dit que ce serait sympa de faire un vrai groupe, de recruter des personnes pour pouvoir donner des concerts et essayer de développer le projet. C’est vrai qu’être tout seul c’est sympa, ça a des avantages, mais c’est quand même beaucoup plus sympa d’avoir d’autres membres qui peuvent interagir avec ce qu’on peut donner! Ça me paraissait indispensable pour déjà faire évoluer le groupe mais aussi pour continuer à ce que le projet soit fun tout simplement. 

Le nom du groupe était déjà celui de ton projet initial ou il t’est venu après ?

Martin : Non pas du tout, c’est au moment où j’ai décidé de transformer le one-man band en véritable groupe que je me suis mis à chercher des noms. J’ai cherché longtemps, j’ai rien trouvé donc en fait c’est ma petite sœur qui a trouvé le nom ! Elle m’a beaucoup aidé ! AEPHANEMER, c’est la fusion de deux mots, éphémère et fané qui décrivent un peu l’automne, une saison que j’apprécie particulièrement. 

Et les anglophones arrivent à prononcer correctement le nom du groupe ?

Martin : Non pas du tout ! Même les français quand ils le voient la première fois ils réfléchissent!

Marion : Et pourtant c’est simple, il suffit de le prononcer comme ça se lit, mais bon ! Ça nous fait un peu rire, c’est marrant !

Martin : Mais c’est vrai que dès qu’on prononce  AEPHANEMER il y a beaucoup de personnes qui disent « Ah ! Mais c’est comme ça que ça se prononce ! » . Mais après, tout nous va !!! 

Ça donne un petit côté mystique au nom ! Quelles sont les influences musicales qui ont inspiré ce projet ?

Martin : Je vais parler pour la musique puisque je fais la composition du groupe, Marion écrit les paroles donc elle pourra revenir dessus après. Ça a évolué un peu au fil du temps mais la grosse base c’est le death mélodique scandinave et même plus globalement les groupes de metal scandinave. Le cœur c’est vraiment le death mélodique scandinave comme IN FLAMES, CHILDREN OF BODOM, DARK TRANQUILITY, AMON AMARTH, INSOMNIUM… Après c’étaient des influences surtout pour l’EP. Avec le premier album Memento Mori j’ai ajouté, pas de façon consciente, quelques influences d’autres groupes scandinaves : j’ai pas mal écouté de NIGHTWISH, WINDIR même si j’en écoutais déjà avant. Et là avec le nouvel album c’est allé encore plus loin - mais ce n’est jamais volontaire : parfois tu trouves des idées et je me dis tiens ça vient de DISSECTION (encore un groupe scandinave!) qui est plus du black mélodique. Si on sort des groupes scandinaves il n’y a pas grand-chose dans les influences, enfin en termes de groupes musicaux. Sinon pour sortir du metal j’écoute pas mal de musiques traditionnelles, surtout russes ou slaves. Ça m’influence beaucoup au niveau des mélodies. Il y a beaucoup de personnes qui, quand ils entendent ça, font le lien avec le pirate metal, parce que les groupes de pirate s’inspirent beaucoup des mélodies traditionnelles slaves. 

Marion : On nous a fait parfois la remarque qu'AEPHANEMER sonnait pirate metal alors que nous on l’entend pas vraiment, on était étonnés !

Martin :Au niveau des mélodies c’est comme si on avait un grand-père créatif en commun ! 

C’est vrai qu’à l’écoute de vos albums on ressent l’influence des musiques traditionnelles nordiques, mais pas vraiment des musiques festives comme dans le pirate metal.

Martin : De mon côté je n’écoute rien de festif ! Donc ça ne vient pas de là, les chansons à boire, c’est pas du tout mon truc ! Sinon, il y a la musique classique : j’écoute pas beaucoup de musique classique, uniquement les morceaux les plus accessibles mais ils m’influencent pour les orchestrations, les synthés… Je n’écoute pas la musique qu’écoutent les amateurs de musique classique, uniquement ce qui est plus accessible et ce qui sonne un peu moderne. 

Au niveau des paroles, comment se passe le processus de création ?

Marion : Déjà par le type de chant, le growl, qui est influencé par les chanteurs de groupes scandinaves dont on a parlé : Johan Hegg, Mikael Stanne… Le type de chant que j’essaye de faire est un mélange de ce que font tous ces chanteurs. J’essaye de rajouter maintenant des techniques un peu différentes qui vont tirer plus vers le black ou le scream, j’ai commencé sur cet album. Le type de chant conditionne pas mal l’écriture des paroles : on écrit en anglais parce que c’est plus facile pour ce type de chant, la langue est très accentuée par rapport au français. J’essaye d’écrire des paroles qui sonnent bien en growl. Sinon au niveau des thématiques, j’essaye de traiter dans chaque album un sujet qui est important pour nous avec Martin à l’instant où l’on compose. Memento Mori parlait du deuil et comment ça change notre vie. Pour cet album, Prokopton le thème tourne autour de la philosophie antique et comment on l'utilise pour s’améliorer et devenir une meilleure personne. C’est ce qui nous occupait à la période où on a écrit l’album et c’est donc ce qui nous a inspiré tous les deux pour écrire les paroles et la musique, ce qu’on fait en collaboration. 


Les groupes de death mélodique français ne courent pas les rues…comment appréhendez-vous la scène metal française ?

Marion : Les groupes de metal mélodique sont assez minoritaires en France par rapport aux styles plus extrêmes. Il y a PICTURED par exemple, et on est très contents de jouer avec eux ce soir parce qu’on ne les avait jamais rencontrés. Mais c’est vrai qu’il y a très peu de groupes en proportion. Et lorsqu’il y a des groupes de death mélodique, ils sont souvent sur le versant un peu plus extrême. Les groupes influencés comme nous par la scène scandinave sont très peu nombreux.

Martin : Il n’y en a quasiment pas ! Quand on cherche, par exemple dans le cadre de la tournée que l’on fait, des groupes avec qui jouer dans chaque ville c’est pas évident. Il y a PICTURED pour cette date mais pour les autres concerts je ne pense pas qu’il y ait un seul groupe qui se rapproche de notre style.  Il y a peut-être d’autres groupes de death mélodique mais pas toujours influencés par la scène scandinave.

Vous arrivez à trouver le public en France pour votre style ? Comparé à l’Angleterre, l’Allemagne ou les pays du Nord qui ont une scène death mélodique plus importante.

Marion : Pour être honnête c’est vrai que on a commencé une fanbase assez internationale. On a des fans dans pas mal de pays et très peu en France, mais maintenant ça commence un peu à changer.

Martin : C’est vrai qu’aujourd’hui on a environ je dirais 15 % grand max des fans qui nous suivent qui sont en France. Ce qui fait 85 % des personnes qui nous suivent qui sont à l’étranger : en Allemagne on a plus de fans qu’en France, dans les pays scandinaves ça marche aussi. Ce n’est pas une stratégie qui est volontaire, ça découle tout simplement du fait que dès le début on a mis la musique sur internet. Si on avait pas internet et qu’on devait percer au niveau local puis national et enfin après à l’international ça serait juste impossible! Au final quand on regarde les groupes en France qui sont gros, déjà il y en a pas beaucoup, il y en a très très peu qui sont connus à l’étranger et qui font de la musique qui n’est pas extrême. Il y a GOJIRA qui est du death metal à la base, il y a ALCEST aussi qui est plus connu à l’étranger qu’en France. Après pour répondre à la question est-ce que le public existe, oui je pense qu’il existe on a juste plus de mal à le toucher directement. Là avec notre fanbase qui s’étend ça nous aide à trouver le public en France. En ayant un peu de succès dans les autres pays ça nous rapporte des vues, des likes etc. et finalement les français nous prennent plus au sérieux ! Mais c’est compliqué de toucher les français, je le vois car je m’occupe de la promotion du groupe et il me faut deux à trois fois plus de temps ou d’énergie pour convaincre un français qu’un autre européen. Après peut-être que les allemands fonctionnent de la même façon avec les allemands, peut-être que dans chaque pays c’est la même chose, je sais pas !

Ça doit dépendre aussi de la culture du pays, en France on a un peu moins cette culture metal que nos voisins du nord…

Martin : C’est particulier c’est vrai, parce que par exemple AMON AMARTH qui joue  à Toulouse ils font sold out ou quasiment ! Ici on a des fans mais qui écoutent que les groupes étrangers en fait. Donc peut-être qu’il y a un  retard des groupes par rapport au public, je ne sais pas ! 

Marion : Et souvent on a des personnes qui nous suivent depuis un moment, qui sont françaises, et qui se rendent comptent que nous aussi on est français, c’est marrant !

C’est aussi un peu notre job dans les webzines de montrer que la scène française existe, et qu’elle est bonne ! 

Martin : Et on vous remercie pour ça ! C’est vrai qu’heureusement qu’il y a les webzines car sinon ça serait impossible! Nous on s’appuie beaucoup sur les webzines, car évidemment pour percer en France un petit groupe n’aura pas accès à de grands magazines. Et puis même les magazines parlent surtout des groupes étrangers ! Sans les webzines qui sont peut-être un peu moins commerciaux on n’aurait pas le relais de news etc. ! 

Une petite question pour Marion et Lucie : c’est super de voir des filles dans les groupes, mais je suppose que les clichés vont bon train… surtout les préjugés sur les groupes avec des frontwomen : est-ce que c’est quelque chose que vous entendez encore, qui est lourd à supporter ?

Marion : Le truc qui est un peu compliqué c’est d’être catalogués « chant féminin », la fameuse catégorie de « female-fronted ». C’est ça qui est un peu embêtant parce que en réalité ça entraîne des préjugés aussi bien positifs que négatifs. Dans le sens où on peut entendre par exemple « ah elle growle aussi bien qu’un homme » où c’est positif mais pas vraiment, car ça sous-entend que bien chanter c’est growler comme un homme. Ou alors on a aussi les gens qui sont étonnés « ah c’est bien en fait ! »… c’est vraiment des préjugés ! Après il y en a des plus négatifs, « les femmes ne devraient pas chanter comme ça » ce qu’on entend encore régulièrement… Pendant les concerts on n’a pas trop de retours de ce genre, c’est plutôt sur internet. Ce qui est plus embêtant pour moi, la manière dont je le ressens, c’est plutôt d’être jugée par rapport au fait d’être une femme et pas en tant que musicienne. Mais bon les mentalités vont peut-être changer avec le fait qu’il y ait de plus en plus de femmes dans les groupes. Ce que j’aimerais c’est que dans quelques années les choses aient changé pour que les musiciennes soient jugées sur leur talent et pas en fonction de leur genre. C’est aussi pour ça qu’on était contents d’accueillir une deuxième femme dans le groupe: c’est une bonne chose qu’il y ait plus de femmes dans la musique !

Lucie : Surtout pour celles qui sont seulement musiciennes ! On a beaucoup de nom de filles qui chantent mais en tant que musicienne j’ai un peu galéré à trouver des role-model. En tout cas quand j’ai commencé la basse j’étais contente de trouver quelques groupes 100 % filles genre NERVOSA ou SISTERS OF SUFFOCATION qui m’inspirent pas mal. Elles ont une présence scénique qui est hyper intéressante. Je serais contente de voir plus de musiciennes dans les groupes, en tout cas quelque chose de plus variés que des musiciens plus une chanteuse ! 

Marion :Oui, plus de diversité dans chaque rôle ! En tout cas nous on est contents d’être 2/2 ! 


Alors maintenant on va parler un peu plus du nouvel album ! La première chose que j’ai faite, c’est taper Prokopton sur Google, et je n’ai pas trouvé grand-chose à part une page parlant du Stoïcisme… J’imagine qu’il y a un lien puisque Marion tu parlais de philosophie antique, mais qu’est-ce que ça signifie et d’où ça vient ?

Marion : Martin et moi aimons beaucoup la philosophie antique, c’est ce qui nous occupait beaucoup à l’époque où l’on a travaillé sur l’album, donc on a décidé de prendre ça comme thème parce que c’était important pour nous. On a choisi ce titre Prokopton qui est un mot grec qui se rapporte au Stoïcisme. C’est un mot qui signifie « celui ou celle qui progresse. » . Il qualifie les disciples de l’école antique Stoïcienne parce que le but de cette philosophie est de s’améliorer, de devenir une bonne personne, une meilleure personne morale. Ça nous paraissait bien décrire les thèmes que l’on aborde dans l’album. 

Les musiques ne sont donc pas détachées des unes des autres, il y a ce concept qui les lie ?

Marion : Oui alors c’est pas un album concept comme on l’entend. Ma manière d’écrire les paroles c’est de traiter une thématique : ici la philosophie antique, la philosophie Stoïcienne et comment on peut s’en servir pour devenir une meilleure personne. J’essaye de traiter chaque partie de la thématique dans une chanson mais en utilisant un vecteur différent. Les supports de chaque chanson vont être un petit peu différents, ça ne va pas être des histoires qui se suivent spécifiquement mais chaque chanson va parler de la thématique. On n’est donc pas sur un album concept où les histoires se suivent avec des personnages etc., on va dire que c’est un album thématique !

Le premier contact qu’on a avec l’album se fait au niveau de sa pochette. Comme pour votre premier album, l’artwork est signé Niklas Sudin. Comment s’est passé le processus de création de cet artwork avec lui ?

Marion : Niklas Sudin est le guitariste de DARK TRANQUILITY mais il est aussi artiste graphique. Il a réalisé les pochettes de DARK TRANQUILITY mais également pas mal d’autres groupes comme ARCH ENEMY, le dernier album de KALMAH… Martin l’avait contacté dès le début.

Martin : Oui dès le premier EP et finalement c’était super simple de travailler avec lui on était sur la même longueur d’onde avec la même façon de communiquer et au niveau du style ça nous correspondait très bien. Donc on a continué de fonctionner avec lui pour le premier album Memento Mori et aussi pour cet album. Au niveau du style du dessin lui-même on a changé un petit peu par rapport à l’album précédent mais c’est le même dessinateur et on a fonctionné de la même façon avec lui. 

Comment lui est venu cet artwork ? Est-ce qu’il écoute la musique d’abord, est-ce qu’il s’imprègne de la thématique… ?

Martin : On lui parle un petit peu de la thématique mais on rentre pas trop dans les détails parce qu’en fait ça ne l’aide pas ! Quand on explique beaucoup de choses on peut avoir des difficultés à deviner ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Alors que lorsque l’on donne les traits les plus importants ça va lui permettre de mieux cibler et de mieux comprendre ce que l’on veut dire. Alors oui il écoute un peu la musique, mais pour Prokopton ce n’était pas le cas car la musique n’était pas prête. 

Marion : Pour cet album par exemple on lui a déjà un peu expliqué la thématique et puis on lui a donné des guides, quelques idées sur comment on voyait les choses pour qu’il ait un peu un cadre mais sans trop le contraindre. On lui a dit qu’on voulait représenter le progrès personnel, le fait de devenir quelqu’un de meilleur et les difficultés que ça impliquait, et on lui a proposé entre autres d’utiliser l’image de la montagne.

Martin : L’image de la montagne peut être une métaphore de cette progression. Après il nous a envoyé plusieurs propositions, on voulait quelque chose d’assez aéré parce que la pochette de Memento Mori était très chargée, là on voulait changer un peu, on lui a dit qu’on aimerait plutôt tel type de dessin en parlant de quelque chose qu’il avait déjà fait pour un autre groupe. Il nous a proposé quatre ou cinq concepts, c’est à dire des esquisses très rapides et finalement il y en a une que l’on a préféré qui est celle qui a amené à la pochette de Prokopton. On a aussi testé plusieurs couleurs, plusieurs combinaisons, il y en a deux sur lesquelles on a beaucoup hésité donc la deuxième on la sortira peut-être un jour on verra,ce sera peut-être une édition spéciale ! En gros c’est vraiment un dialogue : on vient avec des idées au début, on regarde ce qu’il en pense, on réagit par rapport à ses idées et finalement au bout de 4/5 rebonds on arrive à quelque chose qui correspond vraiment à ce que l’on voulait.

Marion : C’est pas du tout un exercice facile de construire un artwork car il faut que ça colle à la thématique mais pas de manière trop directe sinon ce n’est pas intéressant et il faut aussi laisser la place à l’artiste pour qu’il crée quelque chose qui lui parle aussi, parce qu’il ajoute son univers au nôtre.

Martin : Rester sur des termes génériques permet de laisser plus de place à la créativité et donc de faire quelques chose qui lui plaise à lui en plus de nous.

Mickaël,tu as participé à la création du booklet de l’album, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Mickaël : Oui ! Une fois que Niklas a fait l’artwork moi je m’en suis inspiré parce que j’aime bien toucher un peu à tout ! Notamment à la partie graphique, j’avais déjà fait des petits trucs pour moi de mon côté donc je me suis dit voilà on va essayer voir ce que ça donne ! C’est quelque part un premier test et ça a plus à peu près à tout le monde.

Martin : Oui très réussi  on en est super contents ! 

Mickaël : Je me suis inspiré de l’ambiance et de la thématique de l’artwork et j’ai essayé de décliner ça pour faire un livret avec 8 pages. A continuer si c’est possible et si j’arrive à avoir les idées !

Martin : C’est bien de pouvoir faire plusieurs choses en interne, ça permet d’avoir plus de souplesse pour ajuster des trucs parce qu’effectivement lorsque l'on travaille avec une boite, qu’on leur dit il nous faut un livret 8 pages et qu’on a que 2 échanges de mail pour arriver au final c’est moins pratique.

Marion : Et tout le monde n’est pas comme Niklas, avec lui c’est un dialogue, même s’il est très connu il prend en compte les retours, on travaille vraiment en lien avec lui. Parfois ce n’est pas possible et il faut se contenter de ce qui a été fait mais ce n’est pas facile… C’est donc bien de pouvoir aussi faire des choses en interne !


Sinon,de manière plus globale, comment s’est passée votre expérience d’enregistrement et de production de cet album ?

Martin : Ça s’est bien passé ! On a fonctionné plus ou moins comme les albums précédents c’est à dire que la plupart des instruments comme les guitares je les ai enregistrés chez moi. Il y a aussi des instruments virtuels comme la batterie qui n’est pas enregistrée, et les synthés également. Pour l’album précédent Memento Mori on avait enregistré le chant dans un studio à Toulouse, là on a essayé de changer un petit peu et on est allés au Tower Studio à Montpellier qui est géré par Brett Caldas-Lima qui est spécialiste du style metal. On est allés là-bas pour essayer d’avoir un chant mieux enregistré, pour avoir une meilleure production car on s’est dit que c’était un axe d’amélioration. 

Marion : En effet c’était un axe d’amélioration important et il nous a un peu guidés : il y a certaines choses que l’on ne savait pas par exemple comme doubler les voix qui est quelque chose qui se fait normalement et qu’on n’avait pas du tout fait sur Memento Mori. Si on ne passe pas par un ingénieur du son qui connaît bien le chant metal, on ne sait pas trop et nous même n’avons pas forcément la compétence. Du coup on est assez contents car on trouve que le chant rend bien mieux sur cet album que sur le précédent !

Martin : Globalement on a essayé de tout faire mieux ! Même au niveau des enregistrements des guitares : on double les guitares rythmiques, on les enregistre deux fois, c’est ce qui avait été fait sur l’EP et sur l’album précédent mais là j’ai également doublé les guitares lead pour avoir le chant bien au centre et les guitares lead sur les côtés. 

Marion : Ce sont des conseils que nous avait donnés Dan Swanö lors du mixage pour améliorer la production.

Martin : En effet pour le mixage on est passés par Dan Swanö de chez Unisound en Allemagne qui a produit énormément de groupes, il a une bonne expérience et est très connu. C’est lui qui nous a conseillé de doubler les guitares lead également, ce qu’on a fait et on est super contents du résultat. Pour le mastering on est passés par Finnvox, un des plus grands studios en Finlande qui fait notamment CHILDREN OF BODOM, NIGHTWISH… Ce qui nous a permis de nous rapprocher du son que l’on avait envie d’avoir.

Marion : Ces trois actions : changer l’enregistrement du chant, changer l’ingénieur du son qui a mixé en passant par Dan Swanö et puis le mastering nous ont permis d’améliorer le son et de se rapprocher de ce que nous voulions.

Martin : Après il y a une conséquence au niveau des coûts, on a payé deux fois plus cher pour cet album que pour le précédent mais ça n’a pas posé de problème puisque jusqu'à présent les retours sont très bons. C’était un investissement qui a clairement fonctionné.


Le deuxième album est souvent l’album « redouté », c’est là où il faut transformer l’essai… Avez-vous eu une appréhension par rapport à cet album ?

Martin : Pour ma part, j’étais content du premier album Memento Mori, on avait fait de notre mieux et j’avais une liste de choses que je voulais qu’on améliore pour le prochain album. Ce n’était donc pas une appréhension mais plutôt un enthousiasme de pouvoir améliorer plein de trucs ! Et là c’est pareil j’ai déjà une liste pour l’album suivant !

Marion : C’est ça qui est intéressant quand on est musicien, quand on crée de la musique et qu’on finit un album on se dit « ah mais j’aurais pu faire ça de telle manière, j’aurais pu faire mieux à tel endroit » et du coup on a envie de faire un autre album pour encore améliorer tout ça !

Martin tu disais que les retours étaient bons et on peut voir de bonnes critiques dans les reviews, également sur des médias étrangers. J’imagine que vous êtes contents ! 

Marion : On est super contents ! Globalement les feebacks sont très positifs. Ce qui ressort c’est que l’on a beaucoup progressé entre le premier album et celui-ci et c’est ce qui nous fait le plus plaisir car c’est vraiment ce que l’on cherchait à faire. On voulait faire mieux, se rapprocher de notre idéal, et les retours sont très positifs. On n’a pas eu de mauvaises chroniques est c’est juste exceptionnel, on n’en revenait pas!

Martin : Il y a forcément des gens qui vont pas aimer, ou qui sont plus mitigés, mais pour l’EP et l’album il y avait au moins une personne pour nous dire « c’est nul arrêtez la musique les gars »  alors que là ça ne s’est pas passé ! Les retours des fans sont super cool, et aussi du point de vue de la promo ou des ventes tout se passe super bien et vraiment mieux que ce que l’on imaginait.

Aujourd'hui (le 13/04) à Nantes, c’est la première date de votre tournée et donc la première fois que vous jouez ce nouvel album en live : quelle est le morceau que vous avez le plus hâte de jouer en live ?

Mickaël : Question difficile ! Ça se jouerait entre deux : il y aurait "Bloodline" d’un côté parce que c’est le clip qu’on a beaucoup travaillé et qu’on la connaît bien, et après "Dissonance Within" que j’aime beaucoup aussi qui est sans doute plus simple à jouer pour moi et où je suis plus dedans à apprécier ce que l’on joue. "Bloodline" je l’apprécie beaucoup aussi mais elle me demande plus de concentration ! 

Lucie : Celle que j’attends le plus c’est "Prokopton", l’intro avec la tension et la montée j’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner sur scène, j’ai hâte de la jouer !

Marion : Comme Lucie, c’est le premier morceau de l’album et c’est également celui qu’on joue en premier en introduction et c’est vraiment celui-ci que j’ai le plus envie de jouer. C’est celui-ci dans lequel je me projette le plus depuis longtemps !

Martin : Moi c’est comme Mickaël : "Bloodline" et "Dissonance Within" c’est mes deux préférées ou en tout cas ça fait partie de mes préférées ! Après "Bloodline" est pour moi beaucoup plus dure que "Dissonance Within", comme pour Mickaël. Avec "Dissonance Within" je peux plus bouger, ça va être plus tranquille que "Bloodline" où on est vraiment pris par la musique. 

Marion : Ce qui est un peu difficile quand on commence à jouer des nouveaux morceaux c’est que même si on les connaît, on ne les connaît pas suffisamment bien pour pouvoir lâcher prise ce qui est un peu frustrant ! Mais on va jouer là toutes les semaines pendant deux mois donc au bout du compte on va bien connaître les morceaux !

Vous avez pas mal de dates en France mais aussi en Hollande, en Allemagne, en Espagne : ça fait déjà une belle tournée ! Dont quelques festivals en Europe. Quand vous verra-t-on au Hellfest ?

Martin :On a été finalistes du tremplin l’année dernière mais on a pas été choisis donc finalement on n’y a pas joué. Mais quand va-t-on y jouer ça ne dépend que du Hellfest, on postule tous les ans !

Marion : Chaque année on leur envoie un CV, une candidature ! Peut-être qu’un jour ça se fera, quand on aura gagné un peu plus de notoriété en France.

Vous avez déjà joué au Wacken en 2018 dans le cadre d’un tremplin également, ça a du être une belle expérience !

Marion : En effet, l’année dernière on a fait deux tremplins, le tremplin du Hellfest et le tremplin du Wacken, le « Wacken Metal Battle ». Pour le Hellfest on a été finalistes mais on n’a pas été choisis par le jury par contre pour le « Wacken Metal Battle » on a gagné le tremplin à Paris donc on a représenté la France au concours. Là c’est un peu différent du tremplin du Hellfest, le « Wacken Metal Battle » est un tremplin international un peu comme l’Eurovision ! Chaque pays, enfin 28 pays qui tournent, envoient un groupe de metal qui joue un set. A la fin, un jury choisit les finalistes. Là on est allés au Wacken pour représenter la France mais on n’a pas gagné, on n’a pas été dans les finalistes, mais on a pu jouer sous une tente de capacité de 8000 personnes ! 

Martin : Bon il n’y avait pas 8000 personnes ! 

Marion : Mais c’était quand même rempli, c’était une grande scène ! On n’avait un set que de 20 minutes donc pour moi c’est passé comme un vent, je n’ai aucun souvenir j’étais en pilote automatique ! Ce qui m’a le plus choqué c’est qu’on avait pas eu le temps de bien régler les retours etc parce que c’est très rapide et que la scène est tellement grande qu’on n’entend pas la batterie ! On ne l’entend que dans les retours ! Et c’est vraiment le truc auquel je ne m’attendais pas du tout ! Mais ça c’est passé et c’était une expérience géniale !

Lucie : En plus on a vu pas mal de gens dans le public qui ont été voir le concert et qui nous ont dit qu’ils avaient vraiment apprécié !

Marion : Oui, grâce à ce concert on a gagné pas mal de fans aussi en Allemagne ça nous a vraiment bien aidé ! C’est quelque chose qu’on peut mettre en avant aussi sur le CV pour d’autres festivals d’avoir déjà joué sur une grande scène.

Mickaël : Le tremplin est vraiment utile en dehors du festival lui-même pour toucher la communauté, ça marche très bien !

Marion : Surtout que beaucoup de gens ne savent même pas que c’est un tremplin, ils voient des groupes jouer donc ils écoutent par curiosité. C’était sur la même scène ou SEPULTURA jouait le même jour, donc même si ce n’est pas une mainstage c’est une grande scène quand même ! 


Dernière question, est-ce que vous avez chacun un artiste inspirant pour vous personnellement (musicien ou non) ?

Mickaël : Clairement, je n’en ai pas ! Je n’ai jamais eu d’idole. Il y a beaucoup de groupes, beaucoup de musiciens que j’apprécie mais il n’y en a pas un que je mettrais au-dessus des autres. Typiquement à la batterie maintenant sur Youtube on trouve de millions de vidéos de batteurs excellents, il y en a pas un au-dessus de tous les autres il sont tous au-dessus!

Marion : Moi je vais dire Mikael Stanne, le chanteur de DARK TRANQUILITY, par rapport à sa présence sur scène et ce qu’il dégage. On les a vus au Hellfest il y a deux ans ou trois et on était au premier rang ! Je m’inspire beaucoup de lui au niveau de sa présence scénique, de la manière dont il se connecte au public. Il est bienveillant, connecté aux gens, souriant… C’est vraiment quelqu'un dont j’apprécie le charisme sur scène et c’est la personne qui m’inspire le plus!

Martin : Moi c’est un petit peu comme Mickaël je ne vois pas une personne c’est plutôt différentes personnes à différents stades quand j’ai découvert leur musique. C’est plutôt un cheminement, il n’y a pas une personne là qui me vient en tête. Par exemple, CHILDREN OF BODOM, j’adore la musique mais la personnalité des membres – ce n’est pas que je ne les aime pas ou quoi que ce soit – ils sont complètement différents de moi ! Il y a juste la musique qui est en rapport avec moi donc je ne peux pas m’identifier vraiment à eux. Au niveau de la personnalité ce serait plutôt quelqu’un comme Mikael Stanne, mais il faudrait qu’il fasse les musiques de CHILDREN OF BODOM ! Il y a des groupes ou des personnes qui influencent quelque chose à moment donné mais je ne les mets pas au-dessus de tout le reste. Si je devais donner absolument des noms de personnes ce seraient Alexi Laiho pour la musique qui est une de mes influences principales mais au niveau de la personnalité je pourrais me rapprocher de quelqu’un d’idéaliste comme Tuomas Holopainen le claviériste de NIGHTWISH… par contre sur la manière de comment faire évoluer le groupe ce seraient les membres de SABATON qui réfléchissent sur la stratégie de comment se placer, comment faire grossir le groupe en se débrouillant tout seul… et puis même il y en a plein ! DEVIN TOWNSEND qui a créé son label… Il y a pas une personne qui fait toutes ces choses-là !

Lucie : Pour moi ce serait Johannes Eckerström le frontman d'AVATAR! Je n’ai jamais vu quelqu'un autant s’amuser sur scène et autant être connecté avec le public et faire des trucs de dingue ! Je les ai vus au Download festival à Paris l’année dernière et ils ont l’air d’avoir une complicité sur scène entre eux qui est géniale ! Ils ont tous un bel esprit entre eux mais surtout quand le frontman interagit avec le public c’est le genre d’aisance qui me plaît vraiment! 


Merci à vous tous et à très bientôt pour le concert !


Vous pouvez retrouver AEPHANEMER aux dates suivantes :

April 27 – Fort Metal Fest, Saint-Ciergues, France
May 4 – Kabaal Am Gemaal, Wageningen, Netherlands
May 10 – La Voûte, Bordeaux, France
May 18 – ARMMA Festival, Albacete, Spain
May 24 – Metronum, Toulouse, France
May 31 – Secret Place, Montpellier, France
June 29 – TBA, Germany
July 13 – Fest Evil Open Air, Manrode, Germany
July 27 – Rock à Block, Le Girouard, France
August 30 – Keudfest, Cossé-en-Champagne, France
September 6 – Metal Help Fest, Montpellier, France
September 21 – Folk Fest Zaragoza, Zaragoza, Spain
November 16 – TBA, Germany

Et écouter un extrait de leur dernier album ci-dessous :

Site Officiel

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par Acid le 23/04/2019 à 06:16
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Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


JTDP
membre enregistré
26/04/2019, 02:05:00
Super interview, qui transpire la sincérité et l'authenticité ! Leur album tourne en boucle chez moi,, en plus. Je ne sais pas ce que ça donne en live, mais pressé de les y découvrir !

Acid
membre enregistré
28/04/2019, 15:15:41
Le live à Nantes était vraiment très sympa :)

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DPD

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