Les Suédois, peuple pourtant calme et prônant des valeurs en harmonie avec l’environnement qui les entoure, sont depuis la fin des années 90 et le début des années 2000, les incontestables leaders d’une scène Crust Hardcore vivace.
Leur soif de violence est une source qui ne semble pas prête à se tarir, et leur approche de la brutalité est unique en soi, très froide pour certains, hautement émotionnelle au contraire pour d’autre. Il serait vain de tenter d’établir un listing exhaustif des valeurs sûres de leur circuit, tant les noms sont nombreux, mais quelques meneurs tirent relativement bien leur épingle du jeu.
C’est le cas de la référence absolue MARTYRDÖD, qui éructe sa vindicte depuis 2001, et qui en une quinzaine d’années à étalé six manifestes longue durée sur la table du Crust nordique, tous hautement indispensables dans le fond, et surtout dans la forme, plurielle.
MARTYRDÖD, c’est une entame éponyme en 2003, sous l’égide de Plague Bearer Records, et puis une signature sur Southern Lord en 2011 pour la sortie de Paranoïa, qui méritait bien son titre. Depuis, un Elddop en 2014 dont beaucoup de rédactions et de fans ont eu du mal à se remettre, mais à peine le pavé pris en pleine face et les bleus estompés, nous voilà une fois encore confrontés de plein fouet à la rage de ce quatuor qui décidemment, ne semble pas enclin à laisser parler sa nature la plus émotive.
Sixième LP, List ne fait pas plus dans le détail que ces prédécesseurs, même si nous retrouvons une fois encore perdues dans ce magma sonore abrasif, une grosse poignée de mélodies qui viennent contrebalancer l’outrance ambiante.
Et là est la qualité première de ce groupe si atypique, et qui leur permet de se démarquer de la horde grouillante de bruitistes D-Beat/Crust scandinaves. Cette utilisation permanente d’une certaine forme d’harmonie qui rend leurs morceaux plus humains, mais aussi plus percutants dans l’efficacité. Et non, List ne fait pas exception à la règle. Il se permet même d’annihiler les dernières que certains attendaient au tournant.
MARTYRDÖD, ce sont bien sûr des noms, ceux de Fredrik Reinedahl (basse) qui a remplacé Anton Grönholm il y a deux ans, de Mikael Kjellman, principal compositeur et parolier (SLISYSTEM), de Pontus Redig (guitare, AGRIMONIA, MIASMAL) et de Jens Bäckelin (batterie, IRON LAMB). A eux quatre, ils forment donc la structure de ce supergroupe de l’extrême, qui n’a de cesse d’année en année d’aller de l’avant, et de peaufiner sa vision ambivalente sans privilégier l’un ou l’autre de ses aspects. Et en l’état, après plusieurs écoutes attentives, il n’est pas prématuré d’affirmer que List est une étape supplémentaire dans leur ascension de la scène extrême par son versant nordique, une ascension progressive que rien ne semble pourvoir enrayer.
Produit aux studios Fredman une fois de plus (AMON AMARTH, OPETH, AT THE GATES), par Fredrik Nordström, une fois encore, ce sixième effort fait l’emphase sur la mélodie traitée par le prisme de l’ultraviolence modérée, et se présente évidemment comme le meilleur album de Crust/D-Beat de cette fin d’année, voire de 2016 tout court.
Pour s’en convaincre sans douter, il suffirait d’écouter le seul « Over pa ett Stick » qui en cinq minutes et quarante-sept secondes fait le tour de la question, sans en éluder aucune. En mélangeant la folie rythmique débridée des URSUT et les harmonies acides et passées d’OPETH, MARTYRDÖD affirme son style et son unicité sans ambages, parvenant même à dégager un consensus presque Crust progressif dans son choix de ne jamais séparer l’harmonie de la férocité.
Parties de guitares tournoyantes qui brodent un thème délicat en le moulinant sans relâche, riffs sombres qui soudain prennent le dessus, le tout en suivant un tempo qui ne ralentit jamais et qui continue sa course coûte que coûte.
En gros, un pavé compact ininterrompu, qui pourtant ne donne jamais l’impression de se répéter, et qui agit comme une séance d’hypnose violente, se terminant même dans une litanie lente à la PARADISE LOST des grands jours.
Du travail d’orfèvres en boucherie, qui laisse admiratif.
Mais cet exemple n’est pas le seul, et est utilisé à dessein pour pointer du doigt la quintessence du talent des Suédois pour imposer des nuances lumineuses dans un contexte sombre. Tous les titres, s’ils suivent plus ou moins le même modèle sont d’importance, et ne se contentent jamais du minimum syndical D-beat des éternelles une ou deux minutes d’agression en tir de barrage.
Et pour bien enfoncer le clou, le quatuor se permet même des intermèdes troublants de simplicité, comme ces arpèges distillés avec poésie sur « Drömtid », qui annonce le carnage à venir « Intervention ». Les stridences se font une place et cassent le moule, qui se reconstitue de lui-même juste après, et une fois de plus, le ballet enivrant reprend sa ronde, avec toutefois plus de ruptures, et une évolution moins systématique.
Lister toutes les preuves de la singularité de List et par extension du groupe lui-même nécessiterait une analyse poussée de chaque intervention, ce qui n’offrirait pas plus de pertinence en soi.
Certes, nombre d’entre vous ne comprendront pas pourquoi ces olibrius restant fixés sur un taux de BPM élevé soulèvent autant d’enthousiasme, puisque tous les titres suivent la même rythmique affolée, mais pour les fans du style qui savent faire la différence entre créativité et bourrinage gratuit, elle est immense. Car si les suédois admettent les influences conjointes de BATHORY, ANTICIMEX et TOTALITÄR, c’est pour mieux démontrer qu’ils les ont transcendées pour parvenir à affirmer leur propre identité.
« Harmagedon » le confirme de sa combinaison de licks hérités de la NWOBHM, de brutales accélérations sans complaisance et de lignes vocales véhémentes, tandis que le final « Transmission » joue encore plus l’ouverture en imposant un tempo ambivalent sur ses premières minutes, avant de tout lâcher dans une dernière démonstration de force qui conclût cet album sur une note forte de certitudes.
Une fois de plus, MARTYRDÖD passe pour ce qu’il est. Un monstre de particularisme, une note discordante dans le magma bruitiste du Crust/D-Beat scandinave, et affirme qu’il a beaucoup plus à offrir que la masse bavante et anonyme locale. D’ailleurs, List peut s’appréhender littéralement, tant il dresse un constat précis de toutes les qualités de ce projet unique, qui d’album en album s’éloigne de la base, pour se rapprocher du sommet.
Qu’ils ne devraient pas tarder à atteindre d’ailleurs.
Titres de l'album:
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11