HEAVY META (prenez bien soin d’oublier le L pour le pas affilier le groupe à ce qu’il n’est pas). Cinq musiciens, aussi capés que venus d’univers différents :
Patrick Dupras - chant (IN HUMAN FORM)
Rich Dixon - batterie (IN HUMAN FORM)
Phill Trudel - guitare, guitare synthé, programmation midi
Kishor Haulenbeek - basse, basse synthé, claviers, chœurs, & solo de guitare sur « Vicious Wishes » (IN HUMAN FORM, BLACK HARVEST)
Deux IN HUMAN FORM, combo bien connu des afficionados du label I, Voidhanger, dont je fais partie, une propension à se laisser aller à ses instincts les plus chafouins, pour produite une musique en convergence de tant de genres qu’il devient difficile de vraiment les identifier. Né en 2013, le projet a attendu de longues années pour enfin s’exprimer sur un premier EP éponyme, qui posait les bases de la philosophie créative libertaire et sans contraintes. Une fusion globale, un pont tendu entre diverses maisons et blasons, et une envie d’aller plus loin, sans être dupe et penser avoir inventé un nouveau style. Après tout, la fusion ne date pas d’hier, si ?
Des groupes sont cités, à la volée, certains réfléchis et pertinents, d’autres provoquants, mais tous ont leur utilité. C’est pour ça que je les reproduis ici :
SIKTH, EVERY TIME I DIE, BOTCH, VOIVOD, MR. BUNGLE, DILLINGER ESCAPE PLAN, RUSH CANDIRIA, FAITH NO MORE, CONVERGE, ATHEIST, KING CRIMSON, CORONER, BOSS KELOID, ABIGOR
Du beau monde, dont vous pouvez déjà extraire certains, d’un point de vue subjectif évidemment. Mais en effet, en associant DEAD CROSS, CONVERGE, ATHEIST, et RUSH, il est possible d’obtenir une comparaison intéressante avec ce premier album. Mana Regmata n’est pas le genre de disque qu’on écoute d’une oreille distraite pendant un repas en mode musique de fond. Non, il faut faire preuve de respect envers les musiciens et s’y immerger comme dans une nouvelle religion sans Dieu. Car un Dieu est là pour nous détourner de l’essentiel : assumer le dieu qui est en nous et qui ne demande qu’à s’exprimer, sans contraindre les autres à la dévotion. Et les musiciens de ce projet sont tous des dieux d’une manière ou d’une autre qui en refusent les responsabilités. Des dieux un peu fous, un peu bravaches sur les bords, mais conscient du caractère intime de leurs convictions.
Ces musiciens, comme ils l’expliquent calmement, ne suivent pas de schéma bien établi quand ils composent, la plupart du temps sans électricité d’ailleurs. Ils suivent une muse, qu’ils peinent à identifier, et se contentent de voir où tout ça les mène. Et les chemins suivis par Mana Regmata sont plutôt escarpés, bifurquent au dernier moment, nous font jouer au funambule au-dessus du ravin, et nous poussent à croire que les ailes qui nous poussent dans le dos nous aideront à voler en cas de chute. Sauf que HEAVY META travaille sans filet, déjà vendu pour s’offrir quelques partitions Krautrock, avant-garde théâtral, et autres produits de première nécessité.
Prenez donc garde à un morceau comme « Worms », long, agressif, très violent et réminiscent de l’école Ipecac délocalisée en Floride pour humer l’air Death technique exhalant des égouts. Chant provocant, lignes de guitare à faire passer PRIMUS et KING CRMSON pour des élèves de Carlos Santana, prouesses rythmiques à la Claypool/Alexander, et un résultat qui pourrait tout aussi bien être revendiqué par les seventies que par les nineties. On pense parfois à une rencontre fugace dans les couloirs du temps entre ATHEIST et MAGMA, sans les tics théâtraux apocalyptiques de Christian Vander et son chamanisme musical, mais on se dit aussi que la lucidité de l’ensemble est ancrée dans son époque, avide de nouveautés et de brocantes remises au goût du jour.
La méchanceté sournoise du long et torturé « Psalm VI » dévoile les pages d’une bible noire pour prêtres défroqués, avec ces secousses NWOBHM soudainement confrontées à la réalité d’un SHING ou d’un VIRUS, sans comprendre le changement de fuseau horaire qui les plonge dans l’horreur.
De ce genre d’exercice, il est possible de tirer des dizaines de pages d’analyse sans vraiment comprendre le pourquoi du comment. Ou, solution plus plausible, de se montrer admiratif de cette attitude culotée et de cette violence somme toute sympathique quand on la caresse à rebrousse-poil, de cette façon de présenter le progressif de façon plus ludique, sans faire appel à de chères études à Berklee. D’invoquer le spectre du BM à chasser le dahu en compagnie des plus gros flingués des années 90 (« Delusions »), au rythme infernal d’un up-tempo presque Alternatif.
On adore, on déteste, on s’en fout, mais quelque chose doit être ressenti de toute façon. Vous aurez beau affirmer le contraire, l’évidence s’impose. Sans révolutionner le créneau chargé de l’expérimental technique et du Progressif lubrique et schizophrénique (« Two Fly »), HEAVY META parvient à se hisser au rang des créateurs uniques, bestiaux de temps à autre, mais terriblement bienveillants dans la folie.
Mais on ne peut pas pondre un épilogue de l’envergure de « Vicious Wishes » si l’on n’est pas un génie maudit.
HEAVY META (prenez bien soin d’oublier le L pour le pas affilier le groupe à ce qu’il n’est pas). Cinq musiciens, aussi capés que venus d’univers différents. Et c’est tout.
Titres de l’album:
01. Blastocyst
02. Caffeine Casket
03. Worms
04. Psalm VI
05. Delusions
06. Two Fly
07. Boötes Void
08. Vicious Wishes
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13
Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire
21/05/2025, 07:33