Mstrpln

Sacred Groove

04/06/2021

Autoproduction

Après six ans d’absence, les allemands mélodiques de SACRED GROOVE nous reviennent en bonne forme pour leur troisième album, qui de sa classe harmonique tente d’excuser les six ans de silence dans lesquels le groupe de Kleve s’était terré. Sans avoir donné aucune nouvelle depuis The Other Side, paru en 2015, le quatuor nous propose donc onze nouveaux morceaux, dont quatre sont déjà sortis en version numérique sous forme de singles. Autant dire donc que si vous avez découvert ces titres au fur et à mesure, vous connaissez déjà un tiers ou presque de l’album, la seule inconnue pour vous étant de savoir si le reste du répertoire est à la hauteur de ces morceaux éclaireurs.

Mené de front par la très jolie Alona Levina depuis 2014, et toujours drivé par les deux membres d’origine Stefan Deiners (batterie) et Dennis Meivogel (guitare), accompagnés à la basse par Basti Sawalt depuis huit ans, SACRED GROOVE est en quelque sorte l’archétype du groupe de Hard Rock moderne, décomplexé, mélodique, et à la croisée des genres. D’ailleurs, le site référentiel The Metal Archives nous vend le quatuor comme représentant de la vague Melodic Gothic Metal, ce qui n’est pas foncièrement faux dans les faits. Animés d’une énergie tout à fait crédible, les musiciens misent sur l’efficacité plus que sur l’originalité, sans que les compositions ne pâtissent de ce manque de culot…ou presque.

Mstrpln et ses voyelles manquantes est donc le plan de maître concocté par le groupe durant ces longues années pour revenir sur le devant de la scène, et autant dire immédiatement que le pétard fait long feu, tant la musique sonne convenue, et même parfois un peu…cheap. Je ne remets évidemment pas en cause le niveau technique des musiciens, ni leur foi en leurs créations, mais après à peine un quart d’heure d’écoute, on a déjà le sentiment d’avoir exploré ces pistes des centaines de fois, et avec des guides plus compétents. Pourtant loin du Metal à l’allemande bien gras du bide et roboratif, SACRED GROOVE joue souvent sur la frontière séparant le Metal gothique de l’Alternatif des nineties, agrémentant le tout d’une sensibilité héritée du Hard mélodique des années 2000.

La voix d’Alona, sûre et maîtrisée, sonne encore un peu fluette pour vraiment soutenir l’instrumental qui se veut catchy et puissant, et les accents lyriques de la vocaliste sont souvent en décalage avec la franchise de ses camarades de jeu. J’en veux pour preuve le single éponyme « Masterplan », sonnant comme du NIGHTWISH période Anette, mais dont les lignes de chant sonnent rapportées et loin du propos immédiat du morceau. Mais dans les moments plus nuancés, Alona trouve sa place, notamment sur le superbe et convaincant « Misery », plus subtil et moins évident. Assez agréables, certains titres permettent de se raccrocher au visage le plus séduisant du quatuor, qui lorsqu’il module plus en profondeur, se montre plus persuasif et créatif. Disposant d’un bassiste volubile, et d’un guitariste aussi performant en rythmique qu’en solo, le groupe peut donc s’appuyer sur des individualités notables, mais reste encore handicapé par son formalisme un peu trop empesé.

Comme d’autre part, les allemands ont choisi de ne pas se restreindre au niveau du timing, certaines idées traînent parfois en longueur, ressassant des plans trop traditionnels pour convaincre. Mais heureusement, le naufrage est évité par certaines inflexions plus tendres et romantiques, qui nous évitent les atermoiements opératiques des divas en manque de reconnaissance, et le très délicat « Never Be Alone » tombe à pic pour relancer l’émotion, à peine effleurée jusqu’à lors. On découvre alors le registre le plus médium d’une vocaliste qui gagnerait à éviter les démonstrations de puissance un peu stériles, sa voix étant particulièrement touchante lorsqu’elle abandonne les tics des sopranos.    

Et lorsque le groupe se décide enfin à appuyer sur la pédale, ça donne des intermèdes très agités, comme ce « Nevermore » à la lisière du Heavy/Thrash, et finalement assez proche du groupe du même nom. Pas vraiment de récrimination majeure à formuler, juste un classicisme parfois trop poussé, mais une belle variété de ton à mettre en avant, avec des interludes Power tout à fait crédibles, via l’excité « Second Coming ».

La production claire mais assez anonyme ne permet pas au groupe de vraiment se démarquer, tout comme ces couches de synthés qui deviennent vite agaçantes avec le temps. Quant aux chansons en mode pilotage automatique qui viennent entacher le répertoire de leur facilité (« Secret Places »), elles ne servent que de remplissage pour une œuvre qui aurait gagné à être plus concentrée et débarrassée de ses scories.

Il reste au final un album à moitié intéressant et convaincant, et qui convainc lorsqu’il abandonne les schémas du Metal gothique le plus putassier. De sympathiques syncopes (« Can You See the Storm »), un final romantique et ouvragé qui laisse une bonne impression (« Times of Temptation »), pour un bilan mitigé. Groupe de seconde division, SACRED GROOVE gagnerait à se concentrer sur ses qualités d’ouverture d’esprit en laissant tomber son côté trop middle of the road Metal, puisque de toute façon, il a tout à perdre à tenter de séduire tout le monde.

Même LED ZEPPELIN n’était pas universel comme disait Wayne.

                                                                                                                                                           

                                             

Titres de l’album:

01. Ghosts of Yesterday

02. The Journey to Hell and Back

03. Masterplan

04. Misery

05. Never Be Alone

06. Nevermore

07. Second Coming

08. Secret Places

09. See You Again

10. Can You See the Storm

11. Times of Temptation


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par mortne2001 le 12/10/2022 à 17:01
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