Ça devient délicat. Tous les matins, jour après jour, je regarde l’éphéméride pour être sûr que l’année indiquée est bien la bonne. Comme si un voyage dans le temps m’avait fait perdre la boussole et même le nord. Je me dis, « c’est impossible, nous sommes en 1984, j’ai trop dormi, ou je souffre d’un jet-lag de matelas »…Et pourtant, la réalité me rattrape vite, puisque le chiffre que je lis est bien celui de l’année en cours. 2015, 2020, 2025, pas d’hésitation possible, mais le son qui éclabousse mes oreilles me rappelle tellement ma jeunesse que le doute est permis. Pas besoin d’aller à 88 miles à l’heure pour se retrouver dans le passé, puisque la moitié de la production actuelle le fait pour vous, sans machine, sans voiture, sans Doc et sans Einstein. La preuve encore aujourd’hui, avec le premier album des espagnols de LÖANSHARK.
Avec un tréma.
La scène espagnole était l’une des plus vives dans les années 80, et ressemblait assez en termes de production à celle du Japon, avec son lot d’imports et de trésors restés inhumés. De nos jours, elle n’a pas perdu la main, et continue de nous abreuver de sa foi métallique, via ses chevaliers les plus valeureux. Ceux-ci nous viennent de Barcelone, ville qu’ils font souffrir de leurs décibels depuis 2017. Un EP, une compilation, mais pas de long, nous attendions, et nous voici repus. Car ce No Sins to Confess, contrairement à ce que son titre affirme, a bien des péchés à se faire pardonner.
Alors, allons à confesse que ce Metal nous aplatisse les fesses. Power-trio dans le sens le plus noble du terme, LÖANSHARK a évidemment été bercé trop près de la NWOBHM, et de la FWOSHM. Dans un registre que l’on connaît par cœur, pourvu que l’on soit attentif aux sorties, le groupe nous malmène d’une rythmique très appuyée et nous flatte de riffs bien acérés. Dans un créneau qui ne supporte pas les timorés, les trois barcelonais (Aless Oppossed - basse, Ángel Smolski - batterie et Lögan Heads - guitare/chant) se donnent à fond, et parviennent même à évoquer la scène Speed belge et celle aussi musclée d’un Power Metal à l’américaine sur l’entame diabolique et frénétique « Electric Shocking Waves », hymne parmi les hymnes entre RIOT et ACID.
Le plaisir est donc partagé, et l’intensité dégustée. Débordant de vitalité, ces jeunes agacés nous pressent le citron pour que le jus coule entre nos cuisses, allusion grivoise d’époque pour Metal pas toc. Très fier et furieux, ce Heavy béni des Dieux cavale bon train, et se montre persuasif quel que soit le tempo. La plupart du temps en mid, mais ne rechignant pas à accélérer la cadence, No Sins to Confess court après les nonnes et nous garde à la bonne, en insistant sur le caractère passéiste de sa démarche.
Avec une guitare très prolixe et un frontman qui cherche la rixe, le groupe se frotte parfois aux orties EXCITER qui piquent le postérieur (« Another Man in the Trunk »), et peut même suggérer une sympathie sincère pour les gars de RAVEN et ANVIL.
On aime cette variation et ce changement de ton, qui permet de ne pas encaisser dix fois le même choc. Plus abordable mais pas mellow pour autant, LÖANSHARK se charge parfois d’un Hard-Rock trempé dans l’acier coulé, et sort ses armes pour mieux nous défier. Ce qui donne de petits brûlots blindés d’écho (« Backstabber »), ou des tentatives de séduction humides, le visage contre la vitre et le geste fluide (« Wet ‘n Wild »). En état solide ou liquide, le trio convainc, et donne envie de lever le poing, tellement ses refrains sont taillés pour le live.
D’ailleurs, il est inutile de résister, puisque les hits se succèdent à un rythme effréné. En restant collés à un up tempo guilleret, les trois barcelonais nous offrent une superbe vue sur le Metal californien de la décennie 80, celui des flyers, des concerts de bonne heure et des compilations pleines de bonheur. « Midnight Shooter », ça agite le bocal, ça secoue les franges et ça donne envie de se dandiner comme un abruti, sans avoir besoin de ressortir la veste en jean. Mais avec le costume, la sensation est encore plus intense.
Véritable machine à produire du vintage, LÖANSHARK ne s’est pas moqué de son public, et ramène même le spectre des premiers WILD DOGS sur la table. On se laisse prendre au jeu des riffs classiques et recyclés, les soli se montrant intéressants, et le chant subtilement enterré.
En cadeau bonus, un salut adressé à l’Angleterre, via les MARSEILLE et leur nom trompeur, pour une reprise de « Open Fire ». Et pour bien affirmer leurs positions, les espagnols terminent par un aveu, et un « Heavy Metal Addicts » qui en dit long. C’est certes convenu, aussi prévisible qu’un épisode de Sous le Soleil, mais c’est bien foutu, c’est charnu, et sévèrement couillu. Alors, évidemment, No Sins to Confess ne me rassurera pas quant à mes voyages dans le temps.
Mais après tout, 2025, c’est so 1984.
Titres de l’album:
01. Electric Shocking Waves
02. Machine Gunner
03. The City Goes Fast
04. Another Man in the Trunk
05. Backstabber
06. Wet ‘n Wild
07. Midnight Shooter
08. Bad Guys Don’t Lose
09. Open Fire (MARSEILLE cover)
10. Heavy Metal Addicts
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
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S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
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Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
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@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
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@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15