No-Tell Hotel

Black Diamonds

12/03/2021

Metalapolis Records

Lorsqu’on pense à la Suisse, on ne pense pas vraiment Rock n’Glam. On pense plutôt aux banques, aux voitures puissantes, aux hôtels de luxe, mais pas vraiment au Rock n’Roll. Pourtant, je connais un hôtel en Suisse tenu par de vrais rockeurs, qui depuis des années, tiennent leur établissement à la disposition des outcasts de la société. Son nom ? Le No-Tell Hotel, un établissement pas vraiment sélect, mais où personne ne vous posera de question déplacée. On y trouve des tueurs à gages à la retraite, des parrains de la mafia en planque personnelle dans un luxueux penthouse au dernier étage, des filles aux courbes affriolantes, et en tout cas, tout ce qui fait le charme de la pègre underground qui s’agite encore en 2021 au son des premiers MÖTLEY CRÜE. L’établissement sans étoile est tenu par un quatuor local, très au fait des us et coutumes de son pays qu’il aime confronter à la liberté américaine en la matière, histoire de proposer des soirées où la fête ne connaît aucune limite. Mais passez donc les lourdes portes de cette demeure de la dernière chance, histoire d’y rencontrer ses acteurs directs et d’en savoir un peu plus sur eux sans foutre le nez dans leurs affaires.

Les BLACK DIAMOND, le quatuor de tête, n’est donc pas né de la dernière pluie de francs suisses. Ils ne font pas crédit et ne regardent jamais dans les yeux, mais connaissent leur métier sur le bout d’une facture. Né en 2004, le groupe a déjà largement eu le temps de roder sa recette de management, au travers de trois manifestes parus depuis 2008. Entre First Strike (2008), Perfect Sin (2013) et Once Upon a Time (2017), les BLACK DIAMOND se sont taillé une solide réputation sur le marché, en tant que pourvoyeurs d’hymnes solides et festifs à la gloire d’un Hard Rock teinté de Heavy Metal glamisé pour être plus joyeux que la moyenne. Mais pas question pour les suisses de tomber dans le piège poppy des POISON. Ici, le Hard-Rock, bien que salement mélodique, ne provoque jamais la radiophonie pour le simple plaisir de faire un tube. Les morceaux sont virils, chanté d’une voix rauque et éraillée, et les riffs ne cèdent jamais la place à des licks putassiers et racoleurs. Quatre ans après leur dernière livraison, et après l’accueil d’un nouveau guitariste (Chris Johnson qui a remplacé Andreas ‘Dee’ Rohner, parti de lui-même sentir une autre odeur un peu plus loin), le quatuor revient plus en forme que jamais avec sous le comptoir douze nouvelles histoires à raconter à leur clientèle, avide d’anecdotes salaces.

No-Tell Hotel est donc le dernier tome des aventures suisses, et autant avouer qu’il a de la gueule. Sa façade, légèrement décatie assure de l’authenticité du vécu, mais les chambres sont propres, les rideaux de velours, et le hall d’entrée encore un peu tâché du sang de victimes pas si innocentes que ça. A la manière de nos BLACKRAIN, les BLACK DIAMOND ont toujours épaissi leur Hard d’une grosse louche de Heavy, pour ne pas passer du mauvais côté, celui des justes, des flics et des gens de bien. Tenue noire de rigueur, poses punky, et refrains punchy, ce quatrième album est en quelque sorte le parangon de la méthode de ces gun men du Sleaze, qui loin des facilités de SLAUGHTER ou BON JOVI adoptent une attitude bravache, et ont les arguments de leur morgue. En quarante-cinq minutes, les killers vous font faire le tour du propriétaire, vous vantant les mérites de telle ou telle chambre, et vous racontant quelques histoires pas piquées des vers pour agrémenter la ballade.

Evidemment, les gus n’ont pas grand-chose de neuf à vous raconter, puisque leurs anecdotes sentent le recyclage à plein nez. Mais un recyclage fameux, qui cite les NEW YORK DOLLS, les TIGERTAILZ, les GUNS, les BACKYARD BABIES, et en tombant sur un hit de la trempe de « Saturday », impossible de ne pas se rappeler du HANOÏ ROCKS de Michael Monroe. Tout est là, ne manque plus que le saxo endiablé, mais l’ambiance est chauffée à blanc, suffisamment légère pour ne pas plomber le moral ni sortir les flingues, et largement assez enthousiasmante pour prolonger son séjour de quelques nuits. Les suisses, incroyables compositeurs efficaces, ont encore trouvé le moyen de trousser douze hymnes à l’hédonisme des eighties, comme si la sinistrose des nineties n’avait pas affecté la scène californienne des années 88/89. Ce flair est évidemment très concret sur l’entame du title-track « No-Tell Hotel », au riff méchamment Heavy, mais il l’est aussi sur le reste de l’album, qui ne cède au sentimentalisme que par rares intermittences.

Il faut en effet attendre « Anytime » pour que le romantisme sombre ne s’impose au travers d’une blue-song très réussie, mais l’assouplissement est à mettre sur le compte d’une rencontre avec une femme fatale dans les couloirs de ce fameux hôtel. Une femme fatale vous faisant retourner à l’adolescence, pour ressortir votre cuir et vos envies d’alcool du week-end, ce que le trépidant « The Island » traduit avec une acuité incroyable.

Rois de l’up-tempo diabolique, princes du riff qui rappelle le stadium-rock des années 80 (« My Fate »), empereurs de l’emphase sentimentale qui vous fait promettre des rivières de diamant à des amours naissants (« Hand In Hand »), ducs de la nuance acoustique/électrique (« Lonesome Road »), les BLACK DIAMOND (Manu, Mich, Andi, Chris) passent toutes les nuances en revue pour vous offrir le séjour dont vous avez besoin pour vous mettre au vert. Mais ici, on aurait plutôt tendance à se mettre au noir, au cuir, au Rock vraiment dur, qui ne manque jamais de cowbell (« Turn To Dust »), et qui raconte ces histoires de hors-la-loi qui terrorisaient la population et ridiculisaient les policiers en faction (« Outlaw »).

Ne soyez pas timides, et tentez le coup. Que vous fassiez partie de la mafia ou pas, que vous ayez des cadavres sur les bras ou une jolie blonde au cou, passez les portes de ce No-Tell Hotel. Le personnel est discret verbalement, mais tonitruant musicalement. Une autre vision de la Suisse, moins polie, moins calme et lisse, mais beaucoup plus intéressante artistiquement parlant.                 

  

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. No-Tell Hotel

02. Evil Twin

03. Lonesome Road

04. Forever Wild

05. Saturday

06. Anytime

07. The Island

08. My Fate

09. Hand In Hand

10. Reaching For The Stars

11. Turn To Dust

12. Outlaw


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par mortne2001 le 09/04/2021 à 17:32
80 %    1312
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.

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ça va en faire du selfie à la con sur internet... 

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Dom

C'est justement peu-être l'affiche 2025 qui a convaincu  :)

09/07/2025, 10:34

Humungus

Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"

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l\'anonyme

Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ? 

09/07/2025, 10:13

GPTQBCOV

@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant... 

09/07/2025, 06:45

DPD

@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

09/07/2025, 01:12

LeMoustre

Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

08/07/2025, 23:59

DPD

Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

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