Lorsqu’on pense à la Suisse, on ne pense pas vraiment Rock n’Glam. On pense plutôt aux banques, aux voitures puissantes, aux hôtels de luxe, mais pas vraiment au Rock n’Roll. Pourtant, je connais un hôtel en Suisse tenu par de vrais rockeurs, qui depuis des années, tiennent leur établissement à la disposition des outcasts de la société. Son nom ? Le No-Tell Hotel, un établissement pas vraiment sélect, mais où personne ne vous posera de question déplacée. On y trouve des tueurs à gages à la retraite, des parrains de la mafia en planque personnelle dans un luxueux penthouse au dernier étage, des filles aux courbes affriolantes, et en tout cas, tout ce qui fait le charme de la pègre underground qui s’agite encore en 2021 au son des premiers MÖTLEY CRÜE. L’établissement sans étoile est tenu par un quatuor local, très au fait des us et coutumes de son pays qu’il aime confronter à la liberté américaine en la matière, histoire de proposer des soirées où la fête ne connaît aucune limite. Mais passez donc les lourdes portes de cette demeure de la dernière chance, histoire d’y rencontrer ses acteurs directs et d’en savoir un peu plus sur eux sans foutre le nez dans leurs affaires.
Les BLACK DIAMOND, le quatuor de tête, n’est donc pas né de la dernière pluie de francs suisses. Ils ne font pas crédit et ne regardent jamais dans les yeux, mais connaissent leur métier sur le bout d’une facture. Né en 2004, le groupe a déjà largement eu le temps de roder sa recette de management, au travers de trois manifestes parus depuis 2008. Entre First Strike (2008), Perfect Sin (2013) et Once Upon a Time (2017), les BLACK DIAMOND se sont taillé une solide réputation sur le marché, en tant que pourvoyeurs d’hymnes solides et festifs à la gloire d’un Hard Rock teinté de Heavy Metal glamisé pour être plus joyeux que la moyenne. Mais pas question pour les suisses de tomber dans le piège poppy des POISON. Ici, le Hard-Rock, bien que salement mélodique, ne provoque jamais la radiophonie pour le simple plaisir de faire un tube. Les morceaux sont virils, chanté d’une voix rauque et éraillée, et les riffs ne cèdent jamais la place à des licks putassiers et racoleurs. Quatre ans après leur dernière livraison, et après l’accueil d’un nouveau guitariste (Chris Johnson qui a remplacé Andreas ‘Dee’ Rohner, parti de lui-même sentir une autre odeur un peu plus loin), le quatuor revient plus en forme que jamais avec sous le comptoir douze nouvelles histoires à raconter à leur clientèle, avide d’anecdotes salaces.
No-Tell Hotel est donc le dernier tome des aventures suisses, et autant avouer qu’il a de la gueule. Sa façade, légèrement décatie assure de l’authenticité du vécu, mais les chambres sont propres, les rideaux de velours, et le hall d’entrée encore un peu tâché du sang de victimes pas si innocentes que ça. A la manière de nos BLACKRAIN, les BLACK DIAMOND ont toujours épaissi leur Hard d’une grosse louche de Heavy, pour ne pas passer du mauvais côté, celui des justes, des flics et des gens de bien. Tenue noire de rigueur, poses punky, et refrains punchy, ce quatrième album est en quelque sorte le parangon de la méthode de ces gun men du Sleaze, qui loin des facilités de SLAUGHTER ou BON JOVI adoptent une attitude bravache, et ont les arguments de leur morgue. En quarante-cinq minutes, les killers vous font faire le tour du propriétaire, vous vantant les mérites de telle ou telle chambre, et vous racontant quelques histoires pas piquées des vers pour agrémenter la ballade.
Evidemment, les gus n’ont pas grand-chose de neuf à vous raconter, puisque leurs anecdotes sentent le recyclage à plein nez. Mais un recyclage fameux, qui cite les NEW YORK DOLLS, les TIGERTAILZ, les GUNS, les BACKYARD BABIES, et en tombant sur un hit de la trempe de « Saturday », impossible de ne pas se rappeler du HANOÏ ROCKS de Michael Monroe. Tout est là, ne manque plus que le saxo endiablé, mais l’ambiance est chauffée à blanc, suffisamment légère pour ne pas plomber le moral ni sortir les flingues, et largement assez enthousiasmante pour prolonger son séjour de quelques nuits. Les suisses, incroyables compositeurs efficaces, ont encore trouvé le moyen de trousser douze hymnes à l’hédonisme des eighties, comme si la sinistrose des nineties n’avait pas affecté la scène californienne des années 88/89. Ce flair est évidemment très concret sur l’entame du title-track « No-Tell Hotel », au riff méchamment Heavy, mais il l’est aussi sur le reste de l’album, qui ne cède au sentimentalisme que par rares intermittences.
Il faut en effet attendre « Anytime » pour que le romantisme sombre ne s’impose au travers d’une blue-song très réussie, mais l’assouplissement est à mettre sur le compte d’une rencontre avec une femme fatale dans les couloirs de ce fameux hôtel. Une femme fatale vous faisant retourner à l’adolescence, pour ressortir votre cuir et vos envies d’alcool du week-end, ce que le trépidant « The Island » traduit avec une acuité incroyable.
Rois de l’up-tempo diabolique, princes du riff qui rappelle le stadium-rock des années 80 (« My Fate »), empereurs de l’emphase sentimentale qui vous fait promettre des rivières de diamant à des amours naissants (« Hand In Hand »), ducs de la nuance acoustique/électrique (« Lonesome Road »), les BLACK DIAMOND (Manu, Mich, Andi, Chris) passent toutes les nuances en revue pour vous offrir le séjour dont vous avez besoin pour vous mettre au vert. Mais ici, on aurait plutôt tendance à se mettre au noir, au cuir, au Rock vraiment dur, qui ne manque jamais de cowbell (« Turn To Dust »), et qui raconte ces histoires de hors-la-loi qui terrorisaient la population et ridiculisaient les policiers en faction (« Outlaw »).
Ne soyez pas timides, et tentez le coup. Que vous fassiez partie de la mafia ou pas, que vous ayez des cadavres sur les bras ou une jolie blonde au cou, passez les portes de ce No-Tell Hotel. Le personnel est discret verbalement, mais tonitruant musicalement. Une autre vision de la Suisse, moins polie, moins calme et lisse, mais beaucoup plus intéressante artistiquement parlant.
Titres de l’album:
01. No-Tell Hotel
02. Evil Twin
03. Lonesome Road
04. Forever Wild
05. Saturday
06. Anytime
07. The Island
08. My Fate
09. Hand In Hand
10. Reaching For The Stars
11. Turn To Dust
12. Outlaw
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
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26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54