« Mats Halvorsen a toujours été en musique. Tout a commencé avec un enfant de 10 ans qui avait accès à des guitares et à des amplificateurs dans la salle d'exercice de son père dans la maison du sous-sol à Bekkelaget, à l'extérieur de Hamar. Avec l'héritage déplacé sous la forme d'un Sunburst Fender Stratocaster de 1976, le passe-temps devint rapidement une passion profonde pour l'écriture de chansons et le jeu dans des groupes. »
J’adore les traductions Google de biographies norvégiennes. J’ai l’impression de déballer un meuble Ikea et d’essayer de comprendre une notice explicative en suédois. Ne manquent plus que les classiques « Gruvbläät », « Plenoooör » et autres indications qui vous permettent d’oublier la vis C2 sous le lit et d’assembler les plateaux A1 et D7 avec peine, puisqu’ils ne sont pas faits pour s’imbriquer. Nonobstant cette introduction se voulant aussi cocasse que ludique (et n’étant de fait aucun des deux), ce nouvel album des norvégiens de LILLEBROR (petit frère en VF) se veut affaire beaucoup plus sérieuse que mon lénifiant laïus, même si les informations glanées sur la toile ne m’ont pas vraiment permis d’en dénouer l’écheveau. Visiblement, la tête pensante et chantante de ce trio iconoclaste a fait ses armes à la fin des années 90 dans le groupe POD (pas celui-là, le nordique, que peu de gens connaissent), puis a décidé d’arrêter les frais pour se concentrer sur un Rock plus en adéquation avec son désir, et surtout, chanté dans sa langue natale histoire d’y conférer un cachet plus local. Grand bien lui en a pris, puisque même si la vague appellation Rock colle à la peau de ces trois musiciens (Mats Halvorsen - Chant / Guitare, Kristian Grude - Basse, Stian Flagstad - Batterie), Limbo célèbre en grandes pompes le retour du Grunge sur le devant de la scène actuelle, sans sombrer dans les affres d’un Post plus galvaudé que réellement constructif.
Après avoir publié un premier LP en 2011 (Sterkt Berykta, De Forte Notoriété en VF approximative), les trois musiciens qui ont quand même travaillé avec Sylvia Massy (qu’on retrouve dans l’histoire de TOOL) ont donc pris leur temps pour élaborer une suite digne de ce nom, sous la forme de neuf pistes aussi énergiques que symptomatiques d’un esprit en vogue dans les mid 90’s, à cheval entre Rock mainstream, Grunge domestiqué, et Alternatif débridé. Le résultat est donc aussi simple qu’il n’est efficace, d’autant plus que les mélodies déployées sont tout sauf anodines, et que le trio fait montre d’une belle hargne qui leur permet de catapulter des thèmes simples et sombres dans une galaxie Rock lumineuse, assez symptomatique des combos évoluant dans le sillage des gloires de Seattle. On sent bien évidemment des réminiscences légères d’ALICE IN CHAINS, mais aussi de SEETHER, des SHIHAD, et quelques harmonies doucereuses dans l’esprit d’un LINKIN PARK apaisé, ou d’un NICKELBACK enfin débarrassé de ses tics les plus embarrassants. L’ombre des AFGHAN WHIGS plane aussi sur la créativité du trio, même si leur simplicité mélodique ne permet pas de valider ce parrainage totalement, d’autant plus que les norvégiens ne prennent même pas la peine de situer leur champ d’influence autrement qu’en faisant appel au ressenti le plus générique. Ce qui ne les empêche nullement de trousser des chansons faussement simples, qui ont parfois des allures de hits du passé exhumés pour retrouver l’esprit foncièrement rebelle d’une décennie qui après avoir assisté au massacre, s’est évertuée à reconstruire sur les décombres fumantes.
Et il y a franchement de quoi faire son marché sur cet album qui a le mérite de prôner un éclectisme à la lisière d’un Pop Rock vraiment musclé, qui hésite entre ombre et lumière. Si la plupart des morceaux mettent en avant des riffs immédiats, d’autres au contraire jouent la dualité, et hésitent ente légèreté et agressivité, à l’instar du très efficace « Står Her Alene », qui synthétise dix années de Rock populaire, de celui dont les campus américains se repaissaient il y a deux décades. Un peu NADA SURF en versant positif, un peu Néo-Punk qui n’assumerait pas vraiment ses penchants pour la facilité, Limbo est un disque ou l’intimisme le dispute au populaire, sans jamais sombrer dans la vulgarité d’un Rock trop anonyme pour être repéré. Aussi empreint de Rock nordique que d’Indie Rock typiquement US, ce second effort enchante de ses transgressions, et de ses introspections, qui parfois aboutissent à de charmants aveux harmoniques, piochant dans le vécu de HIM pour mieux l’analyser sur le canapé d’un MILK expurgé de ses tics les plus agressifs (« Trollman »). La voix de Mats Halvorsen, très juste et douce transcende donc des motifs ciselés, fragiles mais plus solides qu’il n’y parait, et si l’ouverture imposante de « Er Det For Mye » se souvient de la lourdeur et du dramatisme de Jerry Cantrell et Layne Staley, l’atmosphère change du tout au tout sur le coup de tête de « Tingen I Hodet » qui parvient même à nous entraîner en rivage Stoner Rock digne de nos 7 WEEKS nationaux.
Aussi à l’aise en mid tempo qu’en beat rapide, les norvégiens se font les chantres d’une versatilité cohérente, et tricotent des motifs bien Heavy, qu’ils intègrent avec beaucoup de flair à des rythmiques gluantes (« Slave »). Rois du burner light en délié (« Limbo »), les LILLEBROR sans chercher à révolutionner un genre qui de toute façon est trop pluriel pour être balisé, nous enchantent de leurs chansons terriblement énergiques et intelligentes, qui ne se contentent pas de traduire dans un vocable contemporain des dogmes anciens. Aussi Grunge qu’ils ne sont Rock, aussi expansifs qu’ils ne sont introspectifs, ces neuf hymnes à la liberté de création flirtent parfois avec les USA de l’ère post Hair Metal pour mieux nous séduire de leur ambivalence (« Røver », couplets abrasifs pour refrain pur Pop), et nous laissent même faire face à nos propres émotions pour en tirer d’évasives conclusions (« Amarone », superbe final qui troue l’acoustique ciselée de percussions tonitruées). En gros, une visite à peine guidée des arcanes d’un Rock décomplexé, et affranchi de toute obligation, qui déforme sa vision anglo-saxonne d’une sensibilité nordique, et qui transpose les émotions passées dans un présent plus lumineux qu’il n’y parait. Une petite surprise toute en profondeur de légèreté, pour une dualité qui tourne vite à la dichotomie. Car parfois, pour imposer la puissance, il vaut mieux faire preuve de nuance.
Titres de l’album:
1.Er Det For Mye
2.Tingen I Hodet
3.Slave
4.Limbo
5.Når Du Forsvinner
6.Står Her Alene
7.Trollmann
8.Røver
9.Amarone
"c'est" - "ces" / "groupe" - "groupes" / "ame" - "âme" / "voila" - "voilà" / "ca" - "ça"(chaud les fautes...)
22/04/2021, 12:40
22/04/2021, 12:36
Rhan....c'est groupe à chanteuse sans ame bordel....Voila ce que ca fait du Karine Ferri metal
22/04/2021, 12:31
Exactement !C'est pas tant la nostalgie de retrouver un black sans concession, mais celle d'un plaisir coupable d'etre face à une vraie pureté dans l'execution.un bon 95% pour moi
22/04/2021, 12:22
Et oui...Bizarrement HATE FOREST fait du HATE FOREST.Et c'est bien tout ce que je voulais.
22/04/2021, 10:06
Farpait !S''il est aussi bon que "The dirt", cela nous changera des merdes habituelles dont ils nous abreuvent...
22/04/2021, 10:00
Comme quoi, on ne vit pas les albums de la même manière, je crois que demanufacture serait dans mon top 10 quand-tu-t-echoues-sur-une-île-fortuitement-mais-avec-une-selection-drastique-et-top-en-esperant-que-le-lait-de-cocotier-te-fournisse-du-jus-(lol)-pour-ta-chaine-hifi-elle(...)
22/04/2021, 09:09
Oh mais je ne sais que trop bien que les premiers DIMMU sont typés "vrai"...(Une fois de plus, mon intervention précédente n'était en réalité que boutade chers amis)Mais même à l'époque de leurs sortie(...)
21/04/2021, 10:07
Putain...Après la box "Paranoid" et "Vol 4", encore une qu'il va me falloir acheter...Font chier à en sortir autant bordel ! J'suis pas Crésus moi merde !PS : Par contre, j'comprends pas trop leur façon(...)
21/04/2021, 10:02
Je ne comprendrai jamais l'intérêt pour ce groupe. Pour moi tout l'apport de Fear Factory tient en deux ou trois morceaux sur Demanufacture plutôt sympathiques en dépit d'une durée de vie très faible (vraiment le genre dont je me désin(...)
21/04/2021, 08:29
Bien plus convainquant sur album que sur l'EP partagé avec Vektor.Ca donne envie de s'y pencher !Merci pour la chro :)
21/04/2021, 08:25
Le black n'est certainement pas mort car il y a énormément de gens qui y sont extrêmement attachés et continuent à le faire vivre, et j'ai énormément de respect pour eux. Par contre pour quelqu'un comme moi dont les goûts dans l(...)
21/04/2021, 08:23
L'album que j'aime le moins des 7 premiers Sabbath: c'est vraiment pas fait pour moi!
21/04/2021, 08:15
Y sont sacrément bons ces gars là ! Et ils ont le don de faire dans la surprise ! Nu Black sous le papier cadeau cette fois ! Je passe mon tour sur ce coup mais je serai là au prochain tirage !
20/04/2021, 20:06
Les premiers albums de Dimmu sont du "true black".Comme Behemoth si l'on veut, j'aurais du aller plus loin.Le Black type année 80 mi-90 quoi (meme si Dimmu est arrivé plus tard mais les premiers sonnes dans le genre).
20/04/2021, 19:47
En tout point d'accord avec cette (belle) chronique ! Cet album fut une vraie belle surprise de l'année passée.
19/04/2021, 21:28
J'ai jamais vraiment accroché a Pestilence, mais ce morceau est loin d'être degueu. Comme dit Simony, bien meilleur que les précédentes sorties récentes du groupe.
19/04/2021, 10:49