On en parle du Hard Rock anglais ? Non, pas celui des seventies ni de la NWOBHM, on a déjà rempli des encyclopédies à ce sujet. Parlons du nouveau Hard-Rock british, celui de la nouvelle génération, celui des STRUTS qui renoue avec le faste et la morgue de QUEEN et de SLADE, celui des BIGFOOT, WAYWARD SONS ou INGLORIOUS, qui tout en louchant aussi vers le passé, accepte son présent. Parce que l’héritage c’est bien, mais si une couronne reste vissée sur la tête de l’histoire, la légende a aussi besoin de l’avenir pour perdurer. Malmené par les voisins d’outre-Atlantique, bousculé par les nouveaux-venus européens, de l’ancienne Italie qui n’avait jamais rien produit de notable, de l’agonisante Grèce qui depuis dix ans se dresse contre l’adversité, par les pays de l’Est qui n’attendent plus les disques de l’Ouest pour bêtement les copier, le Rock anglais a toujours été le précurseur, l’annonciateur, celui qui déclenche les modes et fait naître les phénomènes. Et peu importe que ceux-ci aient une portée beaucoup plus limitée en 2019 qu’en 1966 ou 1977, puisque les musiciens du cru continuent d’y croire, et de sortir des disques qui sans s’inscrire au panthéon, donnent le sourire, filent la pèche, et l’envie de gigoter. Après tout, nul n’attend les nouveaux BEATLES ou les petits-fils de LED ZEP, alors, accueillons les THE BRINK comme ils le méritent. Pourquoi ? Parce qu’ils ont « The » dans leur nom, et que ça jette niveau tradition, et parce que leur façon d’accommoder les restes est subtile, énergétique, terriblement juvénile et particulièrement jouissive.
THE BRINK a vu le jour à Cambridge, mais pas forcément sur les bancs de l’université. Mais à force de persévérance, ils ont fini par imposer leur trademark à Manchester, Newcastle, Sheffield, Nottingham, et même à Londres, cette même ville qui fut secouée par les PISTOLS et pervertie par les STONES. Forts d’une envie à déplacer les montagnes, ces cinq jeunes gens (Tom Quick - chant, Lexi Laine - guitare lead, Izzy Trixx - guitare rythmique, Gaz Connor - basse et Davide Drake Bocci - batterie) ont d’abord pris le temps de sortir deux EP’s histoire de se faire les dents de lait, avant de signer sur le label transalpin Frontiers pour offrir à un monde affamé son premier LP. Et en guise de LP, les rebelles ont plutôt osé le pari culotté, puisqu’avec pas moins de quatorze morceaux et presque une heure de musique (atteinte par la version deluxe et le bonus-track « Save Goodbye » en acoustique), Nowhere to Run avait tout pour se faire remarquer, et méchamment démonter en cas d’inspiration bridée. Mais vous pouviez faire confiance au combo pour avoir les arguments de sa démesure, et ce premier jet est en tout point admirable, professionnel avec cette touche de fraîcheur qu’on est en droit d’attendre d’un premier chapitre, avec toute la variété qui s’ensuit et la rage de vivre qu’on espère voir gicler de morceaux bien rodés. Quelle est donc la recette de ces jeunes loups qui ne prétendent rien révolutionner ? De piquer dans l’histoire de quoi raconter la leur, et d’adapter hier à après-demain, pour ne pas jouer au plus malin avec un public qui a la main.
Niveau influences, c’est l’éclectisme complet, et les THE BRINK de citer BON JOVI, AEROSMITH, GUNS N' ROSES, AVENGED SEVENFOLD, BLACK STONE CHERRY pour ne pas se laisser piéger par de petites étiquettes, et si l’éventail vous semble trop large, voyez le pour ce qu’il est. Une façon de se situer tout en restant vague, occuper le terrain, et laisser le fan faire son propre choix. Le fan justement, trouvera des traces de ces groupes dans celui-ci, et ajoutera ses propres pistes, arguant de la sueur teen qui coule des aisselles de hits classiques mais terriblement bien troussés. Pas de figure de style ici, ni d’effet de manche là, mais juste du Rock, souvent Hard, parfois Classic, toujours la rage et parfois l’émotion en élastique, avec des accès d’humeur plus fragiles pour temporiser. S’ancrant dans la politique de turnover du label Frontiers, qui cherche sans cesse à rajeunir son écurie (qui le plus souvent se repose sur d’anciennes valeurs toujours sûres), Nowhere to Run n’est pas qu’une simple fuite en avant, mais un disque qui sent l’élaboration et le temps passé à peaufiner un répertoire qui tourne rond. C’est ainsi qu’on passe de l’hymne de stade en up-tempo méchamment burné, mais aux contours policés (« Little Janie », le single parfaitement imparable et subtilement Sleaze), à la blue-song acoustique que les UGLY KID JOE auraient pu composer (« Wish », de la fragilité en volutes de violon esseulé, mais bien caché sous le cuir tanné). Entre les deux, des tranches de vie à l’exubérance parfaitement justifiée (« Break These Chains »), avec des couplets solides et des refrains lucides. De quoi affoler les charts numériques et donner l’envie d’acheter un nouveau vinyle, mais surtout, de découvrir un groupe à l’aise avec son époque et son passif.
Difficile de croire qu’on puisse encore remplir un album au maximum sans faire de faux-pas, mais ces cinq-là ne sont pas du genre à s’autoriser un écart. D’ailleurs, le spectre de leur créativité admet des incursions en terrain Pop-Hard légèrement Surf Punk sur les bords (« Never Again », digne d’une B.O de teen movie de la fin des nineties), mais se complait souvent dans une distorsion poussée à fond et des riffs en béton (« Fairytale », tellement performant et frondeur sur l’intro qu’on se souvient de Steve Stevens et de Vinnie Vincent). Et avec des titres qui ne dépassent que très rarement les quatre minutes, pas de place à l’erreur ni à la redite à toute heure, et entre « Don’t Count Me Out », « No Way Back » et « One Night Only » (l’un des plus Heavy), le constat est sans appel. La réussite est donc au rendez-vous de la jeune génération, qui a su tirer des leçons des anciens sans les respecter comme un vieux chien. Une attitude un peu bravache sur les bords, beaucoup d’aplomb, mais surtout de vraies chansons, bâties plus ou moins sur le même moule qui amène un refrain coup de boule, mais des allusions bluesy, des accords forts, des arpèges qui allègent, et une sacrée connaissance du patrimoine national qui accepte le parrainage américain. Et pour une fois qu’un groupe nostalgique ne se contente pas de riffs à la Page sur fond de grandiloquence à la Mercury, et ne pille pas DEF LEPPARD pour rembourser Marc Bolan (quoique parfois, les BACKYARD BABIES pourraient réclamer quelques royalties), personne ne s’en plaindra…Une nouveauté qui en est vraiment une, des musiciens qui en veulent, et un premier album qui à défaut d’incarner une époque s’y sent très bien.
Titres de l’album :
1. Little Janie
2. Break These Chains
3. Never Again
4. Save Goodbye
5. Take Me Away
6. One Night Only
7. Wish
8. Said And Done
9. Fairytale
10. Don’t Count Me Out
11. Nothing To Fear
12. No Way Back
13. Are You With Me
14. Burn
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