Voilà sans doute la dernière contribution de l’année 2021 pour les Acteurs de l’Ombre, mais pas des moindres. Toujours englué dans la problématique BM française, le label de Gérald se propose de vous faire découvrir ou redécouvrir en ce mois de décembre le projet ADOPERTA TENEBRIS, fondé il y a quelques années par l’énigmatique G, seul aux commandes de ce one-man-band. Après un premier album intitulé Perdition: The Path of Agonies il y a quatre ans publié en totale autoproduction, G revient donc épaulé par l’indépendant français, et s’offre donc un soutien de taille. Et après quelques écoutes, il est évident que ce grandiloquent et féroce Oblivion: the Forthcoming Ends assurera la caution classique du label, avec ses influences scandinaves des années 90, et son formalisme de mise en place.
Mais qui dit formalisme ne dit pas forcément respect de toutes les convenances, et avec seulement sept longues pistes pour près de cinquante minutes de musique, le nantais a mis la barre très haute, et nous invite à un voyage dans les entrailles d’un enfer BM lancinant, agressif, puissant et d’obédience traditionnelle.
Pour l’occasion, et malgré une partie composition assumée seul, G s’est offert une belle liste de guests pour le soutenir dans son effort, et c’est ainsi que nous retrouvons I (INCIPIENT CHAOS) à la guitare, III (INCIPIENT CHAOS, MALKAVIAN) à la basse, ainsi que R.R. (RLHT, INSIDE WE DIE, TROMATIZED YOUTH), Mephisto (NATREMIA), Cäme (VCID, INCIPIENT CHAOS) et T.C. (RLHT, SANG FROID) sur diverses lignes de chant et de narration. Du beau monde donc, pour un bel album flanqué d’une superbe photographie de Dina Christophersen, et décoré d’une production massive de Nerik, qui s’est chargé de l’enregistrement, du mixage et du mastering au Darkened Studio.
Un décorum ad hoc, quelques amis pour gonfler le tout, mais surtout, une suite logique au premier chapitre de cette saga sombre qui va piocher ses idées dans les coffres de l’imagination du passé. Toutefois, inutile de vous attendre à un succédané des ténors de la noirceur estampillée 90’s, puisque la créativité de G lui permet d’éviter la paraphrase avec beaucoup d’intelligence. L’homme sait ce qu’il veut, connaît ses limites, embrasse ses ambiances les plus sombres en jouant constamment sur l’opposition entre la vitesse et l’oppression rythmique, soulignant le tout d’un chant rauque dans la plus pure tradition BM. Toutefois, quelques inflexions plus graves et Death viennent agrémenter le classicisme, sans que le projet ne sombre dans un crossover un peu trop facile.
Avec une seule et unique composition passant sous la barre des cinq minutes, ADOPERTA TENEBRIS a pris un gros risque, celui de la redondance cyclique des idées empêchant la décompression de son imagination. Pourtant, malgré ce timing étiré, les morceaux se montrent riches et évolutifs, avec des mélodies héritées de l’esprit du défunt Jon Nodtveidt et de sa créature DISSECTION. Sans se montrer forcément épique ni guerrier, ce second longue-durée convoque donc aux agapes de la brutalité les anciens dieux du nord, n’utilisant les blasts qu’à bon escient pour faire preuve de plus d’audace dans l’agencement, et imposer de longues litanies en circonvolutions.
Ces qualités sont notables dès le monstrueux « We Were Giants » d’ouverture, qui sans attendre, dévoile les plans de bataille de façon assez ouverte. Ne pensez-pas toutefois que ce premier morceau soit un résumé parfait des intentions du musicien nantais, qui en a assez sous le coude pour vous réserver quelques surprises. Ainsi, l’efficacité cruelle de « In Our Mazes » nous renvoie à un Death Black de première catégorie, plus franc, moins torturé et perméable à l’influence du MORBID ANGEL le plus pusillanime et diabolique.
Mais tous les ingrédients sont là pour faire d’Oblivion: the Forthcoming Ends un futur classique du Black français, y compris ces arpèges acides et ces lenteurs éprouvantes nous renvoyant dans les cordes d’un BATHORY épuisé après la bataille et couvert de sang. « A Farewell To Hope », parfait exemple de morceau évolutif intelligent, résument par exemple en sept minutes tous les sous-courants du genre le plus prolifique de l’extrême, en se repaissant de plans tous plus agressifs les uns que les autres parfaitement imbriqués pour susciter la tension et la moiteur.
On découvre en écoutant cet album le talent d’un compositeur multi-instrumentiste qui connaît par cœur l’histoire de son style, et qui sait en détourner les codes pour en produire une version plus personnelle que la moyenne mondiale. Certes, l’avant-gardisme, l’expérimentation et l’audace ne sont pas de rigueur, mais nul besoin de provoquer pour choquer, et la puissance lyrique de l’ensemble aura largement de quoi satisfaire les puristes comme les plus perméables à une innovation légère. « Utter Manifest », et son léger parfum MAYHEM/DISSECTION rappellera aux plus anciens la magie noire des premiers classiques, tandis que la bestialité ouverte et froide de « Calvaire » se rapprochera des codes les plus suédois en la matière, évoquant la belligérance de MARDUK époque Legion.
De sérieuses références donc, pour un album au formalisme transcendé par une envie de rejoindre les hordes les plus crédibles de la guerre menée contre le bien musical. Oblivion: the Forthcoming Ends, malgré son classicisme ne détonne pas dans la production des Acteurs de l’Ombre, qui ont souhaité découper une tranche d’histoire plus régulière que d’habitude, et inclure dans leur cheptel un animal encore sauvage et fier de l’être. Fort, grandiloquent, parfois baroque dans ses excès, ADOPERTA TENEBRIS est un char d’assaut qui sait ralentir le rythme de ses chenilles pour avoir une vue d’ensemble de la bataille, tout en écrasant tout sur son passage.
Titres de l’album:
01. We Were Giants
02. Vultures Over The Mass Grave
03. In Our Mazes
04. A Farewell To Hope
05. Utter Manifest
06. Calvaire
07. The Season Of Gallows
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22/05/2025, 17:52
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Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
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