Octa, pour un huitième album très attendu, et teasé par une reprise plus qu’honnête d’un tube de DEPECHE MODE. C’est ainsi que S.U.P revient dans le monde des vivants, quatre ans après son dernier passage, Dissymmetry. Rois d’un proto-New-Wave Metal autrefois dispensé par les anglais de PARADISE LOST ou CREMATORY, S.U.P nous fourgue de nouveau ses hymnes à la gravité, d’une puissance assourdissante et d’une fermeté que seuls les pionniers peuvent revendiquer. Entre S.U.P et SUPURATION, un fossé infranchissable, mais une complémentarité qui laisse admiratif, quelque part entre DISHARMONIC ORCHESTRA et ATROCITY.
Huit nouveaux morceaux plus cette cover, la livraison est bonne, et le groupe en forme. On prend acte immédiatement d’une production claire et propre, de cette rythmique bondissant sur le tremplin de la vague rétro des années 82/84, et de cette ambiance générale le confinant au dogme religieux qui évite le prosélytisme, mais qui tente quand même de convaincre deux ou trois brebis égarées. Rien de bien neuf, mais des certitudes, une aisance, et une emphase sur les qualités les plus personnelles. Des tubes, de la danse, et un rituel païen qui nous renvoie aux jeunes années d’Anomaly.
On aime ce quatuor aux membres indéboulonnables (Thierry Berger - batterie, Fabrice Loez - guitare, Ludovic Loez - guitare/chant et Frédéric Fievez - basse), parce que sa musique est toujours restée sincère, et à cheval entre les diverses influences. Et puis, qui d‘autre qu’eux pourraient accoucher d’un morceau aussi dancefloor que « Atramentous Sea », qui donne la bougeotte entre les nuits berlinoises et les soirées des Hauts-de-France ? Personne évidemment, mais le groupe à l‘humilité des seigneurs. Il nous présente sa nouvelle œuvre sans tambour ni trompette, mais donne naissance à un nouveau chapitre de la saga du Metal gothique, le vrai, celui qui se passe d’astuces cheap et putassières, et qui reste fidèle à la tutelle des SISTER OF MERCY, ou de DEPECHE MODE justement.
Grognon, polythéiste musical, S.U.P ne surprendra personne de ses intentions, même si le quatuor nous réserve de belles surprises, comme ce lancinant et oppressant « The Light of Eden », huit minutes de lourdeur, d’insistance, et de mélancolie mélodique, quelque part entre la tombe de Rimbaud et le soleil noir des souvenirs de la scène Post-Punk. Mais S.U.P n’est Post-rien-du-tout, car il est ancré dans un présent que l’on ne peut lui refuser, au vu des capacités d’adaptation à n’importe quelle époque ou décennie. On goutera donc la sentence musicale jusqu’à la lie, et on s’enivrera de ces sonorités grandiloquentes, comme si la vague Black française du nouveau siècle s’essayait à l’appropriation des codes froids de la parenté gothique.
Un album qui se déguste, et qui s’apprécie autant dans le détail que dans sa globalité. Pour le moment, évidemment, tout est un peu trop frais pour avoir le recul nécessaire. On se contentera donc de dire qu’Octa est un album solide, aussi bon que n’importe lequel de ses aînés, et on tapera du pied sur la souplesse de « Queen Quintessence », qu’on pourrait avoir entendu dans un club branché des rues d’Amsterdam, un week-end de perdition des sens entre volutes lysergiques et nez poudré d’un peu trop près.
Loin de GHOST qui s’amuse de sa propre légende (un peu galvaudée il est vrai) en s’accaparant la scie radiophonique de Phil Collins, S.U.P n’offre aucune concession aux modes et aux nouveaux goûts d’une génération bercée par le crossover Metal/Pop, et se contente de poursuivre sa route sans regarder sur le côté, mais en se tenant au courant des tendances. Tendances qu’il s’approprie avec la maestria qu’on lui connait, transformant en or des mélodies simples et des rythmiques qui gesticulent sous le spandex.
Pas de hype donc, le groupe est trop porté sur ses valeurs pour ça. De la classe, des références qui aujourd’hui tiennent lieu de repère, et un entre-deux très malin trouvé entre les caresses New-Wave et les à-coups Metal. Transporté dans une autre dimension, l’auditeur/fan se délectera de la délicatesse de « Open Eye » et se sa basse serpentine qui contrebalance les riffs épais, comme de l’efficacité immédiate du syncopé « Hebdomath ».
On s’attend donc à une nouvelle campagne live qui fera la part belle à ce nouveau répertoire, aussi immaculé qu’il n’est sombre. S.U.P, sans vraiment évoluer, accepte sa mue habituelle, et se présente sous une nouvelle peau, plus lisse, mais pas moins organique. Je garderai pour les bonnes bouches le final orgiaque et dantesque de « Torment », qui va en causer plus d’un aux réfractaires du son clair opposé à la distorsion extrême, et j’affirmerai avec prudence qu’Octa est une addition digne de respect à une discographie déjà riche de nombreux classiques.
Justement. Sonner moderne tout en restant classique n’est pas chose donnée à tout le monde. Il faut de l’assurance, l’envie de faire plaisir, mais aussi un sens aigu de l’accroche que l’on préfère aux gimmicks trop faciles. Voilà ce qui différencie S.U.P de nombre de ses homologues, même après une très longue carrière qui est loin d’être terminée si j’en juge par ce bilan de santé.
Titres de l’album:
01. Pseudopodic Phantasm
02. Not Icarus
03. Atramentous Sea
04. The Light of Eden
05. Queen Quintessence
06. Open Eye
07. Hebdomath
08. Torment
Oh que ça donne envie ! Je l'attends avec impatience ce nouvel album de SUP ! "Dissymmetry" avait vu le groupe renouer superbement avec la facette la plus gothique et New Wave de son ADN, et visiblement "Octa" suit la même tendance. Mélodiquement, SUP est un groupe extraordinaire (c'est un groupe fabuleux de toute façon), et c'est une bonne chose qu'il s'appuie sur cette force !
Totoro + 1.
Vivement que je me foute ça sur la platine !
Pis pour une fois, la pochette est pas dégueu...
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44