Huit ans après leur premier EP, six ans après leur premier album, les suisses macabres de DEATHCULT ouvrent à nouveau le couvercle de leur cercueil pour revenir d’entre les morts et nous raconter quelques histoires grappillées de l’au-delà. Leurs deux premières apparitions avaient marqué les esprits, eux qui pratiquent un Death riche et dense, complexe et pourtant cru, mais gageons que ce comeback inopiné saura encore une fois déclencher les passions des esprits de la nuit, ceux qui se rassurent dans le froid de l’ombre et des corps empilés à la morgue.
DEATHCULT, la Suisse, évidemment, le néophyte fan de Thrash fera très rapidement le rapprochement avec CORONER, mais si l’hommage est prononcé, il n’en est pas pour autant valide. Certes, le côté cryptique de la violence, cet hermétisme de surface, et cette volonté de rendre la bestialité moins rigide et plus fluide techniquement ne sont pas sans valider un parallèle lointain, mais pour autant, c’est plus du côté de la Suède qu’il faut chercher les influences de ces quatre musiciens. M. Goathammer (batterie), S.Phoberos (basse/chant), Yves B. (guitare) et S.Morbid (guitare), un seul membre originel pour trois pièces rapportées par le temps, mais une envie, celle de déterrer le Death de grand-tonton pour en exhumer un cadavre moins décati qu’on aurait pu le penser. Alors, de l’ambition évidemment, en tout cas un peu plus que celle qui pousse les jeunes musiciens à copier leurs aînés, et des titres qui affichent la couleur, avec un timing étiré qui résiste aux idées les moins évidentes.
« On Primal Wings » donne donc le ton, affichant fièrement huit minutes d’inspiration, et plaquant au sol une intro digne d’un PANTERA bercé par le fantôme d’ENTOMBED. Un groove poisseux et hivernal qui donne la chair de poule, mais qui ne sert que de prétexte à la furie ambiante qui déboule comme un croque-mort par la mort alléché et qui tient à peu près ce langage : le temps n’est pas le même pour tous, et certains, plus doués, parviennent à le plier pour créer des boucles temporelles. Si l’argument promotionnel lâché en toute confiance par Invictus parle d’une année 1993 qui aurait très bien pu être la date d’aujourd’hui, c’est parce que la réalité des faits s’y colle : le Death des suisses n’a rien de contemporain, s’ancre dans une tradition séculaire, et nous bouscule quand même de ses envies un peu plus ambitieuses que la moyenne.
La succession des plans est magique, les riffs certes formels se bousculent au portillon des caveaux, la lourdeur suffocante le dispute à la pression sanguine élevée, et les blasts se tapent le duel avec les accents Doom les plus prononcés. Après tout Stockholm n’est pas si loin, et la Suède vaut bien la Suisse. Alors, autant se baigner dans la nostalgie comme dans les eaux suédoises, pour tenter d’en reproduire les noyades les plus symptomatiques. Et il n’est pas incongru d’affirmer que cet Of Soil Unearthed aurait pu être en temps et en heure un rival sérieux au chef d’œuvre Left Hand Path. Avec plus d’énergie, moins de culte, et plus de perspectives.
Le son est certes plus sec, les graves noyés dans le mix, et le chant moins grognon/fin d’hibernation, mais les similitudes sont nombreuses, à l’image de ces mélodies maladives de décembre qui interviennent régulièrement. Mais les châteaux de cartes sont plantés dans le sable avec une confiance aveugle, et « Black Vapour Coagulation » de laisser un vent glacial balayer le roi de pique s’épanouissant soudain d’un arpège en son clair déstabilisant, pour le moins. Passés maîtres du coq-mort qui se prend pour un âne-tombed, les suisses accumulent les figures imposées, et y apposent leur patte d’ours mal léché : si le classicisme est indéniable, il a au moins le bon goût d’être plus personnel.
Consistant et méchant, DEATHCULT se montre plus impressionnant que jamais. Les capacités entrevues et notées sur Beasts of Faith en 2016 ont été renforcées d’un sens de l’à-propos très juste, avec en point fort ces déluges rythmiques qui nous emportent dans une tempête sans fin. On en prend acte et on la subit sur « Swine of Oblivion », massacre organisé qui ne filtre pas les flocons par le masque, et les paliers de décompression ne sont que très peu marqués, provoquant un afflux d’oxygène trop violent pour être géré et un état second proche de la mort, mais pas assez pour nous y laisser.
En gros et en termes clairs, les suisses aiment jouer avec les BPM et les atmosphères, et s’avèrent redoutables joueurs sur le terrain. Si évidemment leur tactique montre ses limites dans les répétitions, on trouve toujours une idée fameuse sur chaque morceau, qu’elle soit mélodique ou épileptique, ce qui a tendance à rendre ce deuxième album passionnant de bout en bout, et se terminant dans une orgie de passéisme délicieuse pour les orifices.
« Funeral Trance », plus early nineties qu’un hurlement natal de DISMEMBER, « Alastor » final vénéneux et sombre nous laissent donc retourner chez nous dans une nuit noire, les idées de la même teinte, mais la joie d’avoir retrouvé des fantômes qu’on attendait depuis longtemps. DEATHCULT, la mâchoire disloquée et la peau pendante est encore plus laid qu’avant, mais aussi plus fort. A bon entendeur chers amis nécrophiles, vos héros sont de retour.
Titres de l’album:
01. Iron Beclawed Rules the Divine
02. On Primal Wings
03. Doxology and Putrescence
04. Trepanation Rites
05. Black Vapour Coagulation
06. Swine of Oblivion
07. Funeral Trance
08. Alastor
Putain, mais faut vraiment être le dernier des jean-foutres pour citer Coroner ou Pantera pour ce groupe.
@PuteBorgne18 : Possible d'avoir un argumentaire dénué de vulgarités ou d'insultes dans la section commentaires?
Tu préfères foutriquet au lieu de jean-foutre?
Ça fait les gros durs à écouter du metooll et à crier evoool en fest mais ça se froisse devant du langage familier. J'espère que vous n'avez pas une larme à l'oeil en écoutant Necropedophile.
Ah parce qu'utiliser un langage familier ça fait "gros dur" ?
Et non pas de larme à l’œil en écoutant Necropedophile. Par contre en lisant ce genre de commentaire, oui (mais de rire hein).
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13
Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire
21/05/2025, 07:33
Euh... si cet uploading particulier ne date que de 2 semaines, le morceau a, quant à lui, été dévoilé le 30 janvier dernier ! (Bon morceau au passage !)
20/05/2025, 22:13
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12