Un nouveau MADDER MORTEM est un petit évènement en soi. D’autant plus que le groupe s’est fait plus que rare ces dernières années, allant jusqu’à imposer un long silence de six ans. Certes, Marrow avait laissé de quoi réfléchir, mais les fans commençaient à trouver le temps long, et exigeaient un huitième album qu’ils estimaient mériter au vu de leur fidélité. Alors, le quintet d’Oslo s’est retroussé les manches, a lâché deux singles l’année dernière, pour mieux revenir par la grande porte en 2024.
Old Eyes, New Heart est donc désormais disponible sur le Bandcamp du groupe, qui livre aussi quelques informations pour mieux comprendre ce hiatus. Tout du moins l’ambiance dans laquelle cette nouvelle œuvre a été finalisée.
En 2023, Jakob, le père de BP M. Kirkevaag (guitare) et Agnete M. Kirkevaag (chant) est décédé. Cette expérience traumatique a profondément choqué les deux musiciens, puisque leur père s’était impliqué dans la carrière du groupe dès ses débuts. Et tout ce qu’il reste de sa mémoire est contenu dans cette pochette qu’il a lui-même imaginée, et qui ressemble fort à des adieux artistiques et familiaux. Pourtant, l’album ne verse aucunement dans le deuil, et semble regarder vers l’avenir tout en se reposant sur le passé. Un passé pas si lointain d’ailleurs, et qui a fait du groupe l’un des plus respectés de son pays et de sa génération.
Old Eyes, New Heart contemple donc le monde avec un regard ancien, mais un cœur neuf. Les thématiques sont plutôt simples, et se concentrent sur l’ambivalence qui existe entre l’espoir et la déception, qui souvent se complètent ou se contredisent. Un concept comme un autre, profondément humain, que la musique met une fois de plus en relief avec magie et inspiration. MADDER MORTEM n’a donc absolument pas changé, juste muri, et ce huitième chapitre d’une saga passionnante vient immédiatement se ranger aux côtés des épisodes les plus passionnants de l’aventure norvégienne.
On parle souvent de Metal Progressif pour définir la musique du groupe. Certes, j’en conviens, l’évolution des thèmes, la complexité des arguments aiguillent sur cette piste de façon assez probante, mais pourtant, je ne peux m’empêcher de voir en MADDER MORTEM un simple groupe de Rock ouvert, parfois Metal, parfois Folk, de temps en temps expérimental, mais toujours sincère. Et Old Eyes, New Heart ne déroge pas à cette règle.
Le line-up complété des fidèles Mads Solås (batterie) et Tormod Langøien Moseng (basse), et du petit dernier Anders Langberg (guitare, depuis 2018) permet à BP et Agnete de se laisser aller à leur créativité la plus intime, et si les accents de la chanteuse sont toujours aussi envoutants, elle a encore progressé en sensibilité et humanité, se transformant en actrice musicale pour mieux nous happer dans son monde fait d’émotions simples et d’expressions complexes.
Enregistré et produit par BP, Old Eyes, New Heart jouit d’un son qui respire. La dynamique de l’ensemble est large, et les instruments profitent d’une liberté chèrement acquise. On se délecte donc de ces longs passages atmosphériques, de ces silences qui laissent Agnete murmurer comme dans un rêve, avant d’être doublée par sa propre voix, alors même que l’instrumental joue la pondération pour ne pas troubler cette contemplation (« Cold Hard Rain »).
Après écoutes répétées, Old Eyes, New Heart n’est peut-être pas l’album le plus versatile de la carrière des norvégiens. Mais il est sans conteste l’un des plus homogènes, et des plus sincères. Avec une base Rock assez dure et soutenue, le groupe brode des thèmes universels, et se permet même des accroches plus directes et sombres, à l’image sonore de « Unity », l’un des morceaux les plus agressifs et définitifs. Mais on le sait, le groupe n’aime rien tant que jouer sur le contrepied, comme pour mieux formaliser le caractère imprévisible de la vie. Ainsi, les riffs se veulent amers, la voix atonale, et la rythmique faussement paisible, ce qui permet à l’ouverture de « Coming From The Dark » d’émerger des ténèbres du deuil pour suivre la lumière de la vie, une fois les siens perdus à jamais.
Le choix de ne pas se laisser aller à des divagations stériles permet au disque de garder un fil rouge bien visible, même si les expériences menées prennent leurs distances avec ce garde-fou pour mieux explorer les cavernes d’un Metal contemporain syncopé et entraînant (« Towers » duquel exhale une joie assez tangible et en forte opposition avec la perte qu’ont connu BP et Agnete).
Musicalement riche, Old Eyes, New Heart offre à l’inverse de son titre un regard neuf sur des émotions anciennes. Les variations, les stimulations, les respirations permettent aux norvégiens de laisser passer quelques épisodes de quiétude, très mélodiques et à l’acoustique fine, via « Here And Now » que le MARILLION moderne aurait pu incarner en compagnie d’Anneke.
Tout ceci déborde évidemment du cadre d’un simple Metal agrémenté de quelques fantaisies torturées. Même si le quintet titille encore la sensibilité des fans d’extrême avec « Things I’ll Never Do » qui braille comme un nouveau-né, l’ambiance globale de l’album se veut plutôt contemplative, et offre une réflexion intéressante sur le deuil, les espoirs déçus et les vraies trahisons.
Mais la trahison des fans n’est pas pour aujourd’hui. MADDER MORTEM n’a rien perdu de sa singularité, et ose toujours aller chercher dans le lointain son inspiration, calme comme un hiver nordique, mais âpre comme un froid glaçant.
Le silence est donc rompu avec beaucoup de précautions, et l’hibernation terminée. MADDER MORTEM se réveille au petit matin, et renoue avec sa famille. Diminuée, mais toujours présente. Jakob doit être fier de son engeance, lui qui l’observe désormais du haut de son paradis blanc.
Titres de l’album:
01. Coming From The Dark
02. On Guard
03. Master Tongue
04. The Head That Wears The Crown
05. Cold Hard Rain
06. Unity
07. Towers
08. Here And Now
09. Things I’ll Never Do
10. Long Road
Excellent album, comme toujours avec ce groupe !
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50