Parfois, on a juste envie de dire : « écoutez l’album et appréciez le ». Evidemment, ce serait contourner tout l’intérêt d’une chronique, mais ça serait aussi plus honnête dans certains cas précis. Autant certains albums ont besoin de quelques précisions et autres mises en situation, autant d’autres s’écoutent comme on dévore un vieux film gore, sans avoir besoin d’une analyse d’académicien du cinéma. Et les belges de BÜTCHER font partie de cette catégorie de musiciens dont les disques sont prévisibles, mais toujours enthousiastes. D’ailleurs, depuis sa reformation en 2014, le quintet d’Anvers a pondéré ses pulsions, pour ne sortir que trois longue-durée en dix ans. Mais à chaque intervention, le discours était pertinent, et fort féroce.
Quatre ans après le déjà très enrobé 666 Goats Carry My Chariot et son jeu de mots finaud, On Fowl of Tyrant Wing revient mettre les pendules à l’heure de l’enfer, soutenu encore une fois par notre Osmose national qui doit tendrement se rappeler de ses nineties bénies en écoutant ce barouf. Et si les blagues belges étaient une norme inévitable dans les années 80, elles ne font plus rire grand-monde, et appartiennent à un passé obsolète durant lequel la scène nationale avait parfois du mal à frapper fort et vite.
Aujourd’hui, la leçon a été bien retenue, et donne des résultats tout à fait acceptables.
KK Ripper (guitare), R.Hellshrieker (chant), KV Bonecrusher (guitare), AK Nosferatör (basse, nouveau venu), et R.Voidsmasher (batterie) nous en reviennent donc pour nous narrer de nouvelles mésaventures mises en musique. Et autant dire que le quintet a laissé parler ses ambitions, puisque la face B de ce vinyle propose un véritable concept demi-album, avec deux gros morceaux de plus de sept minutes. Les nouveaux et barbares IRON MAIDEN ? Alors que nous pleurons juste la disparition de Paul Di’Anno, BÜTCHER nous ramène dare-dare à l’orée des eighties, lorsque le Metal de Steve Harris se teintait de Punk sans perdre sa séduction mélodique des seventies.
On le sait, loin de ses concurrents directs, BÜTCHER ne se contente pas de cracher du balcon sur les passants, et compose de vrais morceaux, qui honorent à proportions égales le Speed et le Thrash d’antan et la NWOBHM. Ce qui nous donne un décalage assez savoureux entre des passages brutaux et des enchaînements fluides, un peu comme si ACID avait fricoté avec THIN LIZZY dans l’arrière-cour d’une ferme. Nous retrouvons ici cette unicité, portée à son paroxysme. Alors que les quatre premiers morceaux font le lien avec le passé plus ou moins proche, les quatre derniers tissent une toile horrifique de circonstance à l’approche d’Halloween, tirant vers la violence la plus sourde et la bestialité la plus ouverte.
BÜTCHER s’est lancé un défi, et s’y tient. C’est une excellente nouvelle tant on tenait ce groupe en haute estime, et qu’on le savait capable d’un grand œuvre. On Fowl of Tyrant Wing assume donc totalement son rang de troisième long, le plus critique, et place la balance en équilibre avec une facilité déconcertante.
Mais avec une bourrasque d’intro aussi efficace que « Speed Metal Samurai », il n’y avait pas de doute à avoir. La bande sait toujours dans quel sens nous ébouriffer le poil, avec une bordée de riffs velus et des refrains chenus. On se laisse choper comme une donzelle pendant un bal de province, et on serre les poings, persuadés d’avoir été transportés dans une salle de concert quelconque de la périphérie d’Anvers. Toujours aussi efficace, toujours aussi salace, le groupe aligne les missiles, et tire à vue, non sans avoir calculé la trajectoire. La mission est simple : balayer le terrain avec quatre scuds précis, avant d’envahir à la force du poignet une fois la fumée dissipée.
C’est ainsi qu’une fois les effluves de « Koraktor's Iron Rule » évaporés dans les airs, le deuxième acte débute sur les chapeaux de « Keep The Steele (Flamin' Hot) », roue crantée qui entraîne le mécanisme bien huilé. Il serait injuste de vous priver du plaisir de la découverte. Mais sachez quelques petites choses avant de vous immerger dans cette histoire bien narrée.
Cette face B est indéniablement ce que les belges ont proposé de mieux depuis leur reformation. On retrouve toutes les composantes de cet ADN unique, cette rythmique à bride abattue, ces guitares qui décapitent comme elles savent caresser, et ce chant graveleux qui contamine les âmes encore plus efficacement qu’un virus païen.
Je ne saurai décrire tout ce qui vous attend pendant ces vingt minutes et quelques, puisqu’il vous revient d’y prêter votre intérêt. Mais après avoir découvert une première fois, réécouté une seconde fois, digéré une troisième fois, et empiffré une quatrième fois le monumental « An Ending In Fyre », j’ai rendu les armes, ma santé et mon repas, estomaqué par cette variété d’ambiances et cette ambition de démence. BÜTCHER s’est surpassé, et laisse la concurrence essayer de le pister, alors même qu’il a des années-lumière d’avance.
Heavy, Thrash, Hard-Rock, Speed Metal, mélodique, agressif, provocant et menaçant, On Fowl of Tyrant Wing est une réussite dans les grandes largeurs, mais aussi un point critique pour les belges. Comment parviendront-ils à surpasser cette œuvre décadente, sans tomber dans la redite maladroite ou la paraphrase gênante ? Faites-leur confiance, ils ont le talent pour aller encore plus loin.
Et pourquoi pas à l’occasion d’un concept album entier ?
Je vous jette le gant à la face messieurs.
Titres de l’album :
01. A Divine Wind
02. Speed Metal Samurai
03. Blessed By The Blade
04. Koraktor's Iron Rule
05. Keep The Steele (Flamin' Hot)
06. A Sacrifice To Satan's Spawn
07. A Gypsy's Tale (Of Sex and Seance)
08. An Ending In Fyre
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12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00