One For The Road

Rust N' Rage

11/03/2022

Frontiers Records

Frontiers remet le couvert, les petits plats dans les grands, et nous a concocté un banquet à faire pâlir la cour de Versailles. D’ailleurs, toutes les lumières sont allumées, la galerie des glaces renvoie le reflet de tous les musiciens impliqués, et Serafino, de très près, veille au bon déroulement de la soirée. Enfin de soirée, il conviendrait plutôt de parler de semaine, puisque la maison de disque transalpine nous a lâché une salve de sorties qui va demander du temps à être digérée, alors autant commencer le repas par le hors-d’œuvre. Et le hors d’œuvre est danois, chaud, velouté, comme un consommé du chef agrémenté de saveurs classiques, mais goûtu en bouche.

One For The Road est donc le premier album des finlandais de RUST N' RAGE, dont le baptême laissait à penser à un Hard Rock débridé, enragé, dans la veine d’un GUNS N’ROSES adapté nouveau siècle. Mais de rage et de rouille il n’est pas toujours question sur ce premier longue-durée, qui se voudrait plus miel et liqueurs fruitées avant de se corser. Non que l’effort manque d’énergie au point de susciter une léthargie logique, mais autant admettre que la musique proposée par ce quatuor est parfaitement en phase avec la politique artistique estampillée « Melodic Metal » de Frontiers. Du moins dans un premier temps.

Nous venant de la petite ville de Pori, les RUST N' RAGE (Vince - chant, Johnny - guitare, Eddy - basse et Jezzie – batterie) sont des musiciens pour le moins versatiles et portés sur le Rock, sous toutes ses formes. Si le fond de leur air est plutôt frais et harmonieux, il se réchauffe parfois de pulsions épidermiques, ce qui empêche d’attraper froid. Ainsi, après quelques morceaux plus ou moins passe-partout, le quatuor nous balance en pleine face un « Heartbreaker » fort en oreilles, qui cavale d’un couplet en mode lévrier afghan, avant de se calmer dans les virages d’un refrain anthémique, ceux-là même que les stades adorent reprendre en chœur.

De tout donc, pour faire plaisir aux amateurs d’un Hard Rock certes harmonieux, mais énergique. La recette nordique par excellence, et l’autre atout de ce premier album est de nous éviter la standardisation d’une production à la Del Vecchio. Jimmy Westerlund s’est donc occupé du nouveau-né, et lui a prodigué des soins tout particuliers. Un son propre comme des fesses pour la couche, mais suffisamment abrasif pour gratter un peu le joufflu, des basses présentes mais pas envahissantes, et une guitare qui garde son mordant sur la tétine.

Une approche tout à fait adaptée à la philosophie d’un groupe qui se révèle à mi-parcours, trouvant enfin le turbo pour propulser son avancée à une vitesse notable. Ainsi, « Hang ‘Em High » poursuit sur la veine turbocompressée, et excuse le formalisme d’une entame de parcours assez timide, loin de la pole-position. Car si « Prisoner » et « Ghost Town » restent des accroches sympathiques, ce ne sont pas moins deux titres éminemment attendus et presque cliché dans un registre de Hard respectueux des codes eighties qui n’ose pas adapter à sa convenance. Et lorsque Frontiers cite les noms de GUNS N’ ROSES, JUDAS PRIEST, MÖTLEY CRÜE, et DOKKEN, on se méfie de la copie carbone sans intérêt. Heureusement, il ne s’agit là que d’une astuce promotionnelle, tant le son des danois est éloigné de toutes ces influences trop encombrantes. On peut à la rigueur garder le nom de DOKKEN dans un coin, mais on pense plutôt à la scène scandinave la plus mélodique et souple, W.E.T, ECLIPSE, TNT et d’autres noms plus ou moins connus. Et si « One For The Road » nous extirpe enfin du marasme avec son refrain en mode « hymne de stade », les riffs se densifient et l’atmosphère se charge d’électricité sensible.

Instrumental capable, mais surtout, chanteur aux capacités incroyables, à l’aise dans les mid et les high range, et capable de transcender des titres trop stéréotypées pour vraiment titiller la curiosité.

Et comme si les danois se rendaient compte qu’il est temps de durcir le ton, le milieu de l’album provoque enfin la rupture tant attendue vers un Hard plus nerveux et trépidant, se rapprochant soudainement de ces fameuses références eighties si importantes. Sans perdre de sa souplesse, RUST N' RAGE bombe le tempo, aiguise la guitare et laisse la basse ronfler, pour nous décocher des flèches imparables (« Ride On »), des hits intemporels qui auraient fait les beaux jours du Billboard de 1989/1990 (« I've Had Enough »), et même des cassures sentimentales qui parviennent à éviter la mièvrerie gauche d’un rendez-vous programmé (« Unbreakable »).

Cette seconde partie d’album, bien plus réussie et passionnante que la première, autorise même des dérapages contrôlés en mode VAN HALEN/SWEET (« The Throne », surpuissant et qui sent bon le bitume), avant de se conclure sur un morceau plus classique et fondamentalement Heavy (« Moving On »).

La persévérance. C’est donc mon conseil le plus judicieux, tant le premier tiers de One For The Road  ne donne pas vraiment envie de s’en jeter un dernier pour la route, mais de la reprendre tout de suite. Avec un redressement de barre effectif, les RUST N' RAGE sauvent les meubles, mais prennent un gros risque. En effet, on connaît le rôle des premiers morceaux d’un album, et leurs impératifs de séduction. En misant sur le meilleur opposé, RUST N' RAGE affirme sa singularité, mais risque de laisser passer des occasions.

Nous verrons si les fans ont la patience d’attendre le bon moment.


 

                                                                                                                                                        Titres de l’album :                             

01. Prisoner

02. Ghost Town

03. One For The Road

04. The Future Is For The Strong

05. Heartbreaker

06. Hang ‘Em High

07. Ride On

08. I've Had Enough

09. Unbreakable

10. The Throne


Site officiel

Facebook officiel


11. Moving On

par mortne2001 le 21/03/2022 à 18:03
78 %    624
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17