Panic Button

Mass Destruction

22/02/2019

Autoproduction

Vendredi matin, c’est l’heure de la dose hebdomadaire de violence old-school, d’autant plus qu’il y avait un petit moment que je n’avais pas abordé le cas. D’aucuns me diraient que c’est inutile puisqu’on en a déjà tout dit, et pourtant, certains groupes continuent de penser qu’il n’y a aucun mal à piller le passé pour alimenter les coffres du présent. C’est discutable selon les points de vue, mais la sincérité se dégageant de la musique de ces colombiens me pousse à croire qu’on peut encore se faire plaisir à moindres frais créatifs. Fondé en 2009 à Bogota, MASS DESTRUCTION ne fait pas grand cas de son message alarmiste, et ne cache en rien ses influences classiques. Et sous une des pochettes les plus vilaines de l’année se cache donc un effort Speed/Thrash qui n’en demande pas beaucoup pour être apprécié, pour peu que vous puissiez occulter les évidences qui en jonchent les sillons. Pas vraiment du genre à s’éloigner de leurs références, les quatre colombiens jouent donc la carte de la sécurité brutale jusque dans le recensement de leurs mentors, qui une fois encore ne surprendront personne. Mais la folie générique matinée de mesure électrique aura de quoi ravir tous les nostalgiques d’un Thrash sud-américain qui a beaucoup retenu des leçons de ses voisins du nord sans perdre ce fameux cachet hystérique qui dope en grande moyenne les albums parus au Brésil, en Colombie et au Chili ces dix dernières années. Déjà auteurs d’un initial Involution of Mankind il y a quatre ans, MASS DESTRUCTION remet donc le couvert sans vraiment changer les assiettes, et nous ressert toujours chauds des restes fumants, qui doivent autant à DESTRUCTION qu’à TANKARD, ce qui ne manquera pas de vous frapper dès les premières écoutes.

Difficile de se montre prolixe en ce qui les concerne, puisque leur musique, d’une qualité toutefois honorable s’obstine à reprendre des plans déjà largement éprouvés depuis ces trente dernières années. Ainsi, Sergio David Lozano (chant/guitare), David 'Long' Gutierrez (guitare lead), Diego Valencia (basse) et Alex Lopez (batterie) abordent une fois encore la problématique sociale et environnementale avec une hargne ne se démentant que très rarement, mais ont surtout le mérite de le faire de façon plurielle, avec une inspiration voguant au gré des glissements tectoniques entre Heavy vraiment corsé, Speed sauvage mais léché, et Thrash subtilement modéré, pour proposer des morceaux qui ne sont pas que de vulgaires copiés/collés. Certes, on a déjà entendu ça quelque part, et notamment chez les ferrailleurs allemands des années 80, mais impossible de ne pas se laisser aller à un headbanging bon enfant à l’écoute de leurs morceaux pas toujours avenants, mais suffisamment puissants pour justifier de leur propre existence. Citant METALLICA, MEGADETH, SLAYER, ANTHRAX, RED HOT CHILI PEPPERS, AC/DC, IRON MAIDEN, DESTRUCTION, TANKARD, GUNS & ROSES, NIRVANA, SEPULTURA, TESTAMENT , JUDAS PRIEST, ou plus étrangement SYTEM OF A DOWN, MASS DESTRUCTION balise donc un terrain assez large, et propose une sorte de mi-chemin entre Speed/Thrash énervé et Thrash plus posé, hésitant constamment entre mid-tempo puissant et appuyé et soudaines envolées plus débridées, ce qui confère à ce second LP un léger parfum de diversité.

Sans vraiment avouer que mon laïus fut assez difficile à coucher sur papier, je dois concéder une certaine difficulté à trouver les mots idoines pour jauger du potentiel de cette réalisation. Certes, l’euphorie dont font preuve ces musiciens est louable, mais rien ne vient vraiment transcender leur inspiration, qui reste collée à des préceptes formels et rodés. Tout au plus pourra-t-on souligner la pertinence d’un duo de guitaristes qui n’ont pas le médiator dans leur poche et qui semblent à l’aise en terrain meuble, puisque les tempi médium sont majorité sur ce Panic Button. Outre des riffs fluides et délibérément orientés Mosh, c’est principalement la voix de Sergio David Lozano qui fait la différence et représente le point d’accroche le plus probant, avec son timbre aigu qui rappelle les cris de démence de Sean Killian, et les crises de possession dignes du Schmier le plus juvénile. Musicalement, il est évident que le combo allemand a beaucoup inspiré les colombiens qui en reprennent les grandes lignes, se concentrant sur le début de la discographie de DESTRUCTION, pour se situer en enjambement d’un Speed hargneux et d’un Thrash nerveux, sans vraiment choisir leur camp. Ce qui implique son lot de plans percutants et de mélodies qui tournoient dans le ciel qui poudroie, et avec un timing sachant rester raisonnable, l’affaire est prudemment pesée, et le deal finalement assez honnête. Evidemment, tout n’est pas bon, et certaines idées sentent encore le réchauffé, mais avec une entame de la trempe de « The Rebellion », les colombiens assurent le minimum et nous entraînent dans leur éveil des sens et leur rétablissement des consciences.

Très préoccupés par le sort d’un monde qui court à la catastrophe, les MASS DESTRUCTION se rapprochent donc plus volontiers thématiquement d’un NUCLEAR ASSAULT que d’un MUNICIPAL WASTE, et veulent alerter leurs contemporains de la violence quotidienne que la Colombie doit subir, mais aussi celle que le monde encaisse quotidiennement. On ne saurait leur en vouloir de cette lucidité, mais autant dire que parfois, cette lucidité s’accompagne de riffs assez timides et de rythmiques un peu insipides, heureusement sauvés par de brutales accélérations un peu plus stimulantes que la moyenne (« Metaleros Somos »). On peut éventuellement penser aussi à quelques accointances Hardcore, sur un morceau comme « Chased by Nightmares » qui suggère une version médium des radicaux OVERKILL, mais des aveux explicites de la franchise de « Breathe the Thrash » ne laissent planer aucun doute sur la foi du quatuor, qui avoue un amour sans limite pour la seconde génération du Thrash boom des années 80, dont ils se réclament les petits-enfants, affirmant d’ailleurs faire partie de la New Wave of Thrash Metal, ce qui est indéniable dans les faits. C’est donc sympathique à défaut d’être euphorique, avec quelques pics d’intensité une fois encore tournés outre-Rhin, dont ce final un peu plus dense que la moyenne « Shadows from Hades ». Pas mal de DESTRUCTION donc, des idées qui demanderont un peu plus d’audace pour vraiment fonctionner, mais un chanteur qui donne de sa personne, des chœurs qui sonnent, et une bonne humeur dans la fatalité qui fait plaisir à entendre. Un LP un peu lambda pour le moment, qui exige du groupe qu’il s’extirpe de ses influences les plus criantes, mais trente-six minutes de Speed/Thrash old-school pour vous faire apprécier un week-end qui s’annonce moins brutal qu’on aurait pu le croire.

               

Titres de l'album :

                       1.The Rebellion

                       2.Karma

                       3.Chased by Nightmares

                       4.Silent Enemy

                       5.Breathe the Thrash

                       6.Flag vs. Flag

                       7.Panic Button

                       8.Metaleros Somos

                       9.Shadows from Hades

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par mortne2001 le 22/06/2019 à 18:16
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