L’Espagne, terre de Metal depuis les années 80, a souvent mis en avant son originalité pour ne pas sonner comme ses confrères européens. Chant souvent en idiome natal, mesure dans la violence, lyrisme exacerbé, mélodies prononcées, les groupes ibères ont toujours eu ce petit plus qui fait la différence et qui accroche l’oreille. Et les madrilènes d’AGRESIVA font justement partie de cette école de pensée, qui ne sacrifie pas l’identité nationale à une normalisation à l’américaine.
AGRESIVA, c’est avant tout un quatuor (Samuel San José - chant, Miguel Coello - guitare, Miguel Martin - basse et Álex Rodríguez - batterie), en fonction depuis 2008, et en pause si l’on en croit le site Metal Archives. Un quatuor déjà auteur de quatre longue-durée entre 2012 et 2020, mais aussi d’un live en 2019, et qui peut donc se targuer d’un parcours dense et fourni. Pour qui connaît leur univers, ce cinquième du nom ne présentera pas de surprise notable. On y retrouve cet art de l’équilibre entre violence et mélodie, ces chœurs en arrière-plan, ces soli propres et ces accélérations brutales, soit la quintessence d’un Heavy/Thrash à l’espagnole, juste assez brutal mais pas encore cruel.
Panico Escenico est donc un non-changement dans la continuité, et assoit un peu plus la réputation d’un groupe remarquable. Pochette impeccable au message assez clair, production clean, instrumentation peaufinée, basse qui claque et caisse claire qui fouette, le tout décoré d’un glaçage vocal lyrique et harmonieux. Une recette qui a fait ses preuves par le passé, entre Heavy, Power et Thrash, pour un festival de violence pondérée, mais sincère.
AGRESIVA ne changera donc pas sa trajectoire au dernier moment pour surprendre ses fans. Et au jugé de la qualité de ces dix nouvelles compositions, il n’a guère besoin de s’illustrer d’une quelconque originalité, puisque ces titres sont faits de puissance et d’aisance. On apprécie ces allusions au mouvement Speed des années 80 (« Triste Lacayo » qui rappelle un BLIND GUARDIAN en villégiature madrilène), ce formalisme de rigueur, et ce classicisme respectueux qui ne nuit pas à l’efficacité. En gros, on reste traditionnel, on assume, mais on donne quand même tout ce qu’on a dans le ventre.
Le groupe a privilégié les chapitres brefs, et les neuf premiers restent sous la barre des quatre minutes pour ne pas perdre en impact. Ce qui n’empêche pas la présence de certains plans un peu faciles et de morceaux un peu passe-partout (« Tóxico », mid pas franchement indispensable), heureusement rattrapés par des saillies plus folles et des envolées torrides (« Redención » up tempo totalement diabolique).
De tout pour tout le monde, mais sans être consensuel ou générique. Tel est le crédo de ces espagnols motivés, qui fricotent souvent avec le Thrash via une poignée de riffs symptomatiques, mais qui gardent leur affection envers un Heavy Metal classique au chaud. L’ambivalence est d’ailleurs remarquable d’un morceau à l’autre, et peut-être encore plus sur « Esclavo », archétype de chaud et froid qui fédèrera bien des fans en live. Et de titre en titre, de cavalcades en actes héroïques, Panico Escenico finit par s’imposer en tout humilité, de par ses qualités propres et son énergie. On soulignera l’importance de l’influence HELLOWEEN/SCANNER sur « El fin En Directo », au riff malin comme un singe, et la vitesse non négligeable de « Defraudado », pénultième titre qui annonce une fin aux proportions épiques.
De fait, « La Senda » remplit parfaitement son rôle de conclusion homérique, de son intro délicate en cordes jusqu’à ses syncopes très futées. Un épilogue épique et flamboyant, pour un album ne l’étant pas moins, et qui représente la scène espagnole avec beaucoup de dignité et de fierté. AGRESIVA pose donc la dernière pierre, qui fait monter son édifice à des hauteurs enviables, et confirme sa place sur la scène Power/Thrash nationale, sans déborder du cadre, mais en ayant assez d’imagination pour ne pas être qu’une attraction old-school de plus dont on n’a pas vraiment besoin.
Titres de l’album :
01. El Loco
02. Perdiendo El Norte
03. Confusión
04. Triste Lacayo
05. Tóxico
06. Redención
07. Esclavo
08. El fin En Directo
09. Defraudado
10. La Senda
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Je ne souscris en aucune manière à cette blague de fort mauvais goût sur un sujet aussi tabou et sérieux que les tueurs en série Simony... ... ...
13/09/2024, 08:41
Je confirme : un putain d'album pour un putain de groupe !!
11/09/2024, 20:54
J'aurais adoré, j'aime beaucoup ce fest, mais ça risque d'être chaud cette année hélas...
10/09/2024, 22:39
Bonjour Trooper Je viens de lire ton commentaire Peut-être on se connait puisque je suis un des protagonistes de cet album et donc de Cour Cheverny Dans l'attente
08/09/2024, 22:29
J’étais passé à côté comme un gland et ça fait un bien fou de les retrouver en bonne forme.
08/09/2024, 20:10
J'ai apprécié ce que j'ai écouté. Achat de l'album fait. A voir dans la durée.
08/09/2024, 19:52
Quelle banalité, c'est vraiment du pilotage automatique et peu/pas inspiré.
07/09/2024, 20:42
Bah honnêtement c'est plutôt une réussite.De toute façon pas difficile que de faire mieux que le dernier voir les derniers, j'ai lâché après le troisième
07/09/2024, 17:07
Les deux morceaux en écoute sont plutôt bon et, surtout, le retour du growl, pinaise !!! Événement métal de l'année 2024 , devant Gojira aux JO ! ( Bon, j'espère que ce sera pas seulement sur un morceau....)
07/09/2024, 10:39
je retiens le final du groupe mexicain C.A.R.N.E. ( cli d'oeil à Depraved des débuts?) :-)
06/09/2024, 13:32
Un groupe qui a beaucoup compté pour moi à une époque, une bien triste nouvelle en effet !
05/09/2024, 01:56