Phantoms of the Past

Dream Patrol

21/09/2018

Mighty Music

L’union fait la force. Tous pour un, un pour tous. Telles pourraient être les devises de ce groupe sorti de nulle part, qui se la joue cosmopolite, en unissant en son sein des musiciens de provenances géographiques éparses. Etats-Unis, Slovaquie, Autriche et République Tchèque, tels sont les pays d’origine inscrits sur les passeports des instrumentistes de ce projet né en 2016, et qui aujourd’hui frappe un grand coup avec son premier LP publié par les danois référentiels de Mighty Music. On sait le label hétéroclite, adoptant une politique d’ouverture artistique patente, nous le découvrons aujourd’hui fouineur et esthète, avec la première livraison discographique de ce concept au nom étrange mais à la musique riche et franche. Fondé par Ronnie König en 2016, DREAM PATROL est donc une coalition Hard-Rock internationale, qui tire son nom d’un hommage au maître Wes Craven et son classique A Nightmare On Elm Street. La bande se présente donc comme une patrouille des rêves, vous protégeant des monstres de la nuit, effrayant les créatures nocturnes de leur musique mélodique et puissante. Il est tout à fait possible de trouver le concept un peu puéril, mais il a le mérite d’offrir une approche originale nous éloignant des clichés habituels du Metal, d’autant plus qu’il s’accompagne d’une optique musicale fort appréciable, piochant allègrement dans toutes les époques, sans se fixer sur un ancrage particulier. C’est ainsi que le quatuor (Eli Prinsen - chant, Filip Koluš - guitare, Ronnie König - basse et Radim Vecera - batterie) se permet un passage en revue de toutes les figures non imposées du genre, passant allègrement de la citation NWOBHM à l’allusion 90’s, agrémentant même sa carte de visite de références plus directes, dont une surprenante reprise n’apportant pas forcément grand-chose à l’original, mais ayant le mérite de placer les débats sur le terrain de la légèreté.

A l’image de sa pochette, Phantoms of the Past frappe fort, et désire marquer les esprits. En admettant des références plus ou moins directes avec des artistes de la trempe d’Alice COOPER, WHITESNAKE, John FOGERTY, RAINBOW, Rod STEWART, ou VAN HALEN, les DREAM PATROL assument un travail de patrouille sur zone étendue, et se baladent dans une nuit musicale stimulant leur désir de protection des esprits menacés par des modes un peu trop présentes. La seule mode en vigueur ici est celle de l’honnêteté, de la franchise et de la sincérité, traits de caractère qui se manifestent sous la forme de chansons faussement simples, qui citent DIO dans le texte, tout en battant des cils en direction de la vague mélodique nordique, celle des WORK OF ART, W.E.T, sans oser franchir le pas qui sépare le Hard-Rock de l’AOR. Si les harmonies sont bien évidemment très présentes et prononcées, c’est surtout l’agressivité intelligente qui marque les esprits, un peu comme si le WHITESNAKE de Slide It In rencontrait le RAINBOW de Rising, sous la supervision d’Alessandro Del Vecchio. Toutefois, impossible d’affilier ce projet à la vague vintage déferlant depuis une dizaine d’années, puisque leur conception du Heavy Metal résulte plus d’une versatilité de ton que d’une nostalgie commerciale avouée. S’il est relativement ardu de disséquer avec acuité les morceaux qui constellent cette première réalisation longue-durée, autant dire qu’ils se basent tous sur des thèmes simples et porteurs, et qu’ils brodent ensuite des digressions variées, tâtant parfois d’un Power Metal light, d’un Heavy Metal à l’allemande, tout en acceptant avec bonheur l’héritage de la NWOBHM sans sombrer dans le passéisme de maison de retraite anticipée.

Précisions d’emblée, ou presque, que le niveau global des musiciens est plus qu’excellent, chacun dominant sa partition de ses cordes et baguettes, pour nous offrir un festival technique sachant rester humble et s’effaçant devant les besoins des chansons. Nulle démonstration ici, même si la guitare de Filip Koluš brille de mille feux, et vient souvent taquiner l’héroïsme flamboyant des plus grands guitar-heroes d’antan. Electricité donc, énergie fatalement, mais aussi émotion, pour un feuilletage de catalogue musical complet, qui de page en page révèle les astuces d’un groupe uni par l’investissement si ce n’est par le rapprochement géographique. Alors que la base de la plupart des morceaux ont été élaborés en solo, chaque intervenant à ensuite enregistré ses parties, et à l’écoute de Phantoms of the Past, il est difficile de croire que le résultat est issu d’un assemblage et non d’un travail groupé élaboré conjointement dans un studio partagé. Et après avoir encaissé le choc frontal du morceau éponyme, tremblant d’une gigantesque basse ronde et brillante, on comprend assez vite à quel type de musiciens nous avons affaire, une fois le riff principal assimilé et appréhendé, et le refrain hautement addictif injecté. Du pur Hard-Rock mélodique de tradition, aux harmonies ciselées, mais aux riffs taillés. La voix chaude et velouté d’Eli Prinsen se place dans la plus droite lignée des vocalistes eighties de légende, tandis que la solidité de la section rythmique apporte une assise stable, permettant au vocaliste et guitariste de se laisser aller. Aussi accrocheur que n’importe quel tube de RAINBOW qui aurait pris quelques leçons auprès de l’école Hard à l’US allemande, sans la grandiloquence parfois handicapante, cette entrée en matière nous place devant le fait accompli, et valide le concept sans avoir à en justifier les tenants et aboutissants. Et après quelques sextolets servis bouillants par Filip, et une bordée de chœurs collégiaux, on entre de plain-pied dans un album de facture formelle, mais d’une beauté éclatante.

Et si « Get Back Home » nous trouble de ses guitares acoustiques doucereuses, c’est pour mieux nous percuter de son up-tempo diabolique. Efficacité, inspiration synthétisant les écoles de pensée européenne et américaine, petites touches de banjo pour un exotisme bienvenu, et en deux morceaux, les DREAM PATROL remportent la mise, d’autant plus que la suite ne dément aucunement l’allant dont ils font preuve. Et c’est le moment étrange que le quatuor choisit alors pour nous prendre à contre-pied d’une reprise improbable de Bruce Dickinson, en adaptant son « Tattooed Millionaire » et en y ajoutant une petite nuance d’Amérique Centrale, pour une relecture très proche de l’originale, à la note près, mais boostée par une légèreté de ton assez amusante. Et sans sombrer dans le stérile track-by-track qui vous priverait de la surprise de la découverte, autant dire que la suite des évènements réfute tout principe de linéarité, pour se faire plaisir de touches Bluesy dégénérant en Hard presque Sleaze sur « Phantoms Of The Past », qui sent bon la Californie, ou de volutes acoustiques souples très Americana pour un « Lost Child » suintant de liberté et d’horizons ouverts. Mais pas d’inquiétude à avoir question cohésion, puisque c’est bien le Hard et le Heavy qui fascinent le plus nos amis du jour, et entre la franchise d’un « Stand Up And Fight » au texte certes un peu cliché, et l’énergie harmonique angélique de « Piece Of Paradise », au riff estampillé GRIM REAPER/BONFIRE, tout est fait pour allécher l’amateur de décibels et de licks se taillant la part belle. Et histoire de compléter un tableau déjà méchamment exhaustif, la bande nous laisse en compagnie du progressif et envoutant « Hanuted Tower », pour s’assurer que vos nuits seront plus belles que les jours de n’importe qui.

Sans faire de bruit ni se répandre en déclaration tapageuse et autres fausses promesses de l’aube, Phantoms of the Past s’impose comme un album de Hard-Rock de grande classe, ne refusant pas de s’aventurer sur des terres moins foulées. Et avec une patrouille de cette trempe en gardienne de vos nuits, vous pouvez dormir tranquille. Ou rester éveillé pour apprécier une œuvre ambitieuse, mais paradoxalement terriblement modeste.               


Titres de l'album :

                          1. Dream Patrol

                          2. Get Back Home

                          3. Tattooed Millionaire From Panama

                          4. The Shortest Straw

                          5. Phantoms Of The Past

                          6. Lost Child

                          7. Stand Up And Fight

                          8. Time Is A Healer

                          9. Piece Of Paradise

                         10. Is That The Thanks I Get

                         11. Playing With Fire

                         12. Haunted Tower

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par mortne2001 le 19/10/2018 à 16:23
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

09/07/2025, 01:12

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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

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Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

08/07/2025, 22:44

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Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)

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@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)

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Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)

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Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."

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Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose.  En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante

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Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.

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Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)

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@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.

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Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.

08/07/2025, 17:18

DPD

C'est profondément pathétique.

08/07/2025, 17:12

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J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)

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07/07/2025, 17:42

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07/07/2025, 14:48

LeMoustre

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07/07/2025, 13:18