Point Blank Termination

Infiltration

23/05/2020

Autoproduction

Des nouvelles du front de l’est avec la sortie du premier album des russes d’INFILTRATION, groupe prometteur né en 2017. Composé de musiciens bien connus de la scène extrême locale et ayant fait partie d’ensembles comme FREE AT LAST, HELLBOMB, CHAMBER OF TORTURE, KATALEPSY et ABNORMAL, INFILTRATION est en quelque sorte la nouvelle arme fatale Death de St Petersburg, et nous livre avec Point Blank Termination une exécution propre et en règle, avec le canon du flingue posé sur la tempe et la violence prête à entrer de force dans la boîte crânienne. Fort de premières parties nombreuses, variées et violentes (CANNIBAL CORPSE, CARCASS, SUFFOCATION, BROKEN HOPE, DESTROYER 666, NECROPHOBIC, NAPALM DEATH, DECAPITATED), le quatuor (Andrey Kozlov - basse, Alexey Semyonov - batterie, Evgeny Hök - guitare et Pavel Vakhlakov - chant) affiche une belle confiance au moment de proposer son premier LP autoproduit, et à l’écoute de l’album en question, on comprend que les musiciens envisagent l’avenir avec le sourire d’un sadique prêt à tronçonner sa prochaine victime. Purs produits de l’école Death 90’s et 2K, ces instrumentistes au plan carré et à l’attaque soudée se livrent donc au gré de huit morceaux aussi furieux que catchy, et nous donnent une leçon de synthétisme brutal ne supportant pas la critique. Doté d’un son à réveiller les morts pas encore dans l’au-delà, Point Blank Termination n’est qu’un concentré de violence intelligente, qui comme la tradition l’exige enchaîne des plans ultrarapides à des breaks groovy ou médium, et l’ensemble dégage une énergie indéniable qui rappelle bien des cadors du genre. Nous avons un bon aperçu des capacités de la horde avec « Missing in Bodycount », qui compte les morts laissés à terre avec une exhaustivité incroyable. Tout y passe, les blasts supersoniques, la voix caverneuse, les riffs qui s’empilent comme des cadavres après la bataille, les soli dissonants, et évidemment la vitesse de croisière qui ose des inserts en mid-tempo très catchy.

Classique dans le fond et la forme, ce combo russe ne se laisse pas démonter par son propre formalisme, et joue la carte du respect des aînés à outrance. Se réclamant d’influences évidentes (NAPALM DEATH, SIX FEET UNDER, BOLT THROWER, SUFFOCATION, DEATH, DECAPITATED, OBITUARY, NILE, TERRORIZER, CANNIBAL CORPSE, MORBID ANGEL), INFILTRATION en propose donc un survol, un survol pour le moins agité, mais piloté avec la précision des futurs grands. Certes, rien d’original à débusquer dans leur musique, mais avec des intros courtes et bien senties (le coup de fusil de « Sniper's Creed » qui précède une boucherie rythmique sans nom), un enthousiasme ne se démentant jamais, et des capacités individuelles notables, le groupe remporte haut la main le titre de combo nostalgique et surpuissant du mois, en soignant ses compositions, et en ne les laissant jamais traîner au-delà du raisonnable. Un seul morceau dépassant les cinq minutes, pour de petits concentrés de bestialité chirurgicale, comme une frappe de missile à des kilomètres ne dégageant que le terrain voulu. Véritable champ de mines, ce premier album est un tir de barrage ininterrompu, qui alterne les figures imposées avec flair et panache, et qui nous assène régulièrement des blessures profondes.

On apprécie ce son si roots, cette guitare vicieuse qui se prend pour un fusil mitrailleur embusqué dans le décor, et cette batterie qui pilonne tout ce qui bouge sans interruption. L’intensité dégagée par l’osmose entre les musiciens est remarquable, et fait vite oublier le côté facile de l’opération, qui reprend peu ou prou les méthodes d’attaque des grands envahisseurs. Mais l’opposition finaude entre un titre à ambiance de la trempe de « Collateral Damage », et son atmosphère inquiétante de soldat perdu sur les lignes ennemies et cherchant une porte de sortie et un carnage immédiat comme « Rapid Bloodshed », qui canarde comme un furieux ne comptant pas les douilles tombées à terre, l’effet produit est impeccable, et évoque en effet une guerre sans merci menée contre les fans d’un Death trop progressif ou édulcoré. On connaît évidemment les tenants et aboutissants d’une telle opération, et l’album donne parfois le sentiment d’avoir déjà été écouté avant sa parution, mais on jubile de cette brutalité outrancière qui repousse les limites de la copie/carbone sur les terres de l’hommage. C’est bien sous cet angle qu’il faut appréhender Point Blank Termination, qui ose des inserts Ambient pour faire monter la tension (« Missiles over the Minefields »), avant de nous asséner le coup de grâce via l’entame sans pitié de « Radiation Storm ». On sent le mélange de l’école CANNIBAL CORPSE/MORBID ANGEL/SUFFOCATION, le calibrage des plans pour que rien ne dépasse, et ce langage codé qui s’adresse aux plus anciens des fans, regrettant la franchise des premières années de bestialité. Rien à jeter dans ces trente minutes d’agression non-stop, et la révélation d’une nouvelle faction russe qui risque de faire beaucoup de dégâts en Europe. Du beau boulot, cruel comme il faut, et juste assez aguicheur pour ne pas montrer son vrai visage en quelques secondes fatales pour le timing de surprise.         

                                              

Titres de l’album :

                     01. Plunged into Decimation

                     02. Missing in Bodycount

                     03. Sniper's Creed

                     04. Collateral Damage

                     05. Rapid Bloodshed

                     06. Missiles over the Minefields

                     07. Radiation Storm

                     08. Absolute Brutality of Terror

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par mortne2001 le 19/07/2022 à 14:09
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