JAAW, Supercluster, supergroupe. Encore ? Oui, mais une fois n’est (presque plus) coutume, celui-là vous obligera à revoir vos conceptions sur l’association stérile de musiciens capricieux et imbus d’eux-mêmes. Les projets porteurs ont muri come une floraison divine ces dernières années, entre ASUZA et KILL OR BE KILLED, et le simple accolage de noms fameux ne suffit plus à intriguer la plèbe. Il faut du jus, de la consistance, de la violence, et une ligne artistique claire et nette. Mais quels sont les noms que cache ce baptême étrange d’ailleurs ?
Ceux d’Andy Cairns (THERAPY?), Jason Stoll (MUGSTAR, KLÄMP, SEX SWING), Wayne Adams (DEATH PEDALS, BIG LAD, PETBRICK) et Adam Betts (THREE TRAPPED TIGERS, GOLDIE, SQUAREPUSHER), soit la quintessence Noise, la révélation Indus, le terrorisme alternatif, et somme toute, la crème de l’underground anglais qui ne l’est plus vraiment. Il est intéressant de constater que chaque intervenant a trouvé sa place dans différentes structures, ce qui laisse augurer d’une surprise assez maousse à l‘arrivée.
Les ingrédients pour la soupe, une certaine forme de nostalgie nineties, parfaitement assumée, et résumée sous l’angle GODFLESH/MINISTRY. De quoi faire saliver les maniaques du riff répétitif et de la rythmique en mantra diabolique, les obsédés des itérations irritantes, et les psychos des voix traitées sur fond de pédales multiples, comme cette HM-2 que s’est vu refilée Cairns pour jouer du THERAPY ? à la mode suédoise. Incongru ?
Oui, mais c’est justement ce qu’on aime.
JAAW n’est donc pas qu’un accident heureux, c’est un groupe, un vrai, uni par la passion et par l’obsession du résultat. Inspiré par les délires d’Ari Aster et Panos Cosmatos, Supercluster est une super glue de l’esprit qui colle au corps de thèmes obsédants, concentriques, hypnotiques, et inhérents à la scène Indus/Noise d’il y a trente ans, mais aussi en réminiscence de choses plus récentes, comme LIGHTNING BOLT ou quelques projets fumeux de notre cher Shane Embury (sans oublier les pensées inavouables de Greg Puciato).
De l’Indus pour l’amour de l’art, joué avec les tripes, qui rappelle parfois les débuts décadents et dissonants des SWANS, eu égard à cette gravité de ton qui réconcilie Michael Gira et Justin Broadrick. On le constate sur le single « Rot », lâché en éclaireur pour péter toute les ampoules et nous laisser dans la pénombre d’un Birmingham éteint, lessivé et bétonné comme un traitre à la cause. L’affaire est donc vaseuse d’un point de vue mélodique, mais juteuse en termes d’épaisseur de son et de ton. Avec une production énorme travaillée pour sonner brute, ce premier jet est parfait pour les malheureux et les dépressifs, mais risque d’être un peu éprouvant pour les autres.
Sonnant parfois comme du NAPALM DEATH des années Anarcho-core repris par SCORN ou JESU, JAAW se souvient des débuts de Cairns, et ses troubles compulsifs « Teethgrinder ». Mais si le leader a toujours privilégié une approche groovy et élastique, ça ne l’empêche pas ici d’avancer les arguments contraires. D’ailleurs, la liberté de ton a été l’une des composantes les plus importantes de l’entreprise, bouclée en quelques jours. Tout était donc possible et faisable, du moment que le résultat était lourd, suintant, oppressant et étouffant. Parfois, les idées les plus incongrues se frayaient une place sur le podium de la folie comme ce « Bring Home the Motherlode, Barry », conçu comme du « CELTIC FROST jouant du NEU ! ».
Créatif, et pour le moins surprenant.
Mais ça fonctionne, parce que c’est intelligent et ludique à la fois. En s’appuyant sur la légende la moins contestable des genres qu’ils exploitent, les quatre musiciens ont réussi à enregistrer l’album d’Indus que l’on n’espérait plus depuis les fulgurances de GODFLESH dans les années 2010, et qui nous convertit de nouveau à la religion de la suite logique des sons blancs et abrasifs qui ont traumatisé notre jeunesse.
Inutile donc de vous attendre à un remix de « Diane » ou « Nowhere », puisque notre cher Cairns n’est qu’une composante comme les trois autres, à un quart de responsabilité, même s’il partage le chant avec Wayne Adams, ce qui place les deux hommes aux avant-postes. Rôle qu’ils endossent avec fermeté et humilité à la fois, sachant pertinemment que leur défense découle des attaques de Jourgensen, JESUS LIZARD et autres HEAD OF DAVID passés au papier de verre.
Des noms sont lâchés, pour situer les humeurs. BURIAL, DEAFKIDS, HELIOS CREED, NUKLEAR BLAST SUNTAN, et même ENTOMBED. Ce qui en dit long sur les possibilités évoquées, et l’absence de barrières pour progresser. Les textes abscons et psychédéliques en monochrome s’accordent parfaitement à la grosseur du son, les mots résonant entre chaque coup de caisse claire. La musique quant à elle, n’est pas joyeuse, et laisse le moral subtilement en berne.
Mais Dieu que ce disque est excellent. Il est probablement ce qui s’est fait de mieux dans le genre depuis très longtemps, créature hybride qu’on pourrait baptiser MINISFLESH, juste pour le fun. Mais pas que, puisque si JAAW parvient à synthétiser les deux monstres, il n’en oublie pas pour autant les claques urbaines de MY BLOODY VALENTINE et des SONIC YOUTH.
On parle d’album de l’année en fin de mois d’avril ? Un peu téméraire et définitif ? Pas tant que ça finalement. Mais j’attends qu’un autre projet me prouve le contraire. Il reste huit mois aux candidats potentiels pour lâcher leur argumentaire.
Titres de l’album:
01. Thoughts and Prayers (Mean Nothing)
02. Reality Crash
03. Rot
04. Total Protonic Reversal
05. Bring Home the Motherlode, Barry
06. Hellbent on Happiness
07. The Dead Drop
08. Army Of Me
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