Quand la mort fait un bilan de son activité, on est toujours assez satisfait de ne pas trouver son propre nom gravé sur la pierre tombale. Pourtant, ces résumés sont parfois d’importance histoire de tirer un constat assez précis du fauchage permanent d’espoirs déçus, ceux qui consistent à croire que la fin ne l’est jamais vraiment, et qu’il existe un autre avenir que celui du passé. Mais certains, au service de la grande faucheuse musicale se satisfont très bien de cette absence de perspectives futures, préférant se concentrer sur une nostalgie consommée pour continuer d’avancer…C’est le cas manifeste des allemands de REVEL IN FLESH, qui depuis leur création en 2011 n’ont eu de cesse de regarder en arrière pour ne pas marquer le pas vers le ravin. Et c’est un euphémisme de dire que ce combo se veut productif, puisqu’en six ans de présence discographique, le quintette (Gotzberg - basse, Herrmannsgard - guitares, Maggesson - guitares, Haubersson - chant, et Henriksson - batterie depuis 2017), il nous aura gratifiés de pas moins de quatre longue-durée, aux titres pas franchement ambigus. Ainsi, de Deathevokation en 2012, jusqu’au petit dernier Emissary Of All Plagues en 2016, et entrecoupé de Manifested Darkness en 2013 et Death Kult Legions en 2014, leur parcours se sera voulu aussi fourni que cohérent, les tendances restant les mêmes d’année en année. Et cette linéarité de surface est une constante qui permet d’apprécier chacun de leurs efforts pour ce qu’il est, à savoir une solide et épaisse tranche de Death à l’ancienne, très influencée par la période de gloire de l’épopée scandinave (on ne choisit pas un nom de baptême en piochant dans le répertoire d’ENTOMBED pour faire joli). Et en 2018, histoire de noircir un tableau déjà bien sombre, les allemands ont décidé de se la jouer recollection, en rassemblant sur un même volume toutes leurs exactions courte-durée. C’est ainsi que Relics of the Deathkult justifie son titre, et propose donc une introduction presque exhaustive à cet univers si froid et particulier.
Cumulant sur un unique CD tous les splits auxquels le quintette a participé (je vous renvoie à la liste dressée par Encyclopedia Metallum pour un panorama plus détaillé), REVEL IN FLESH ramasse donc les miettes pour proposer un produit fini à (presque) fière allure. Relics of the Deathkult cache donc sous un splendide artwork signé Juanjo Castellano Rosado une kyrielle de morceaux disséminés de çà et là, que les fans connaissent certainement déjà, mais qu’ils pourront enfin apprécier sans avoir à fouiller leur discothèque. Nonobstant le fait que cette compilation refuse d’évoquer les LP du groupe, elle n’en présente pas moins l’intérêt de synthétiser leur univers de façon très cohérente, mais joue justement un double jeu assez dangereux. Si l’on reconnait immédiatement la trademark des allemands, ces guitares ténébreuses et graves comme un check-up qui tourne mal, ce chant grogneur égrenant ses litanies sans complaisance mais sans variations, et cette approche profondément enracinée dans les origines les plus respectées du genre (avec une tendance à piller le catalogue des GRAVE, ENTOMBED, DISMEMBER et autres AUTOPSY), on y entrevoit aussi clairement les limites qui transforment chaque morceau en tronçon d’une unique symphonie de brutalité, il est vrai plus roborative que réellement effrayante. Car en choisissant de ne pas brider leur productivité, les REVEL IN FLESH se sont souvent heurté à l’écueil de la redite, qui plane au-dessus des huit titres originaux proposés sur Relics of the Deathkult.
Huit morceaux sur onze, ce qui implique donc trois reprises, et le compte est très bon. En se frottant à l’exercice de la réappropriation, le quintette nous démontre que ses affinités ne sont pas déviantes, et qu’ils sont certainement très forts dans l’art du démarcage personnel. Ainsi, nous avons le plaisir de pouvoir savourer des covers de DEATH (« Mutilation »), de MASTER (« Pay To Die ») et de HEADHUNTER D.C. (« Deny Of The Light »), qui font d’ailleurs montre d’une sensible baisse de qualité sonore, les rapprochant des premières démos légendaires publiées à la fin des années 80. Les esprits chagrins s’accorderont à dire que ces références sont le seul point d’intérêt d’un album somme toute un peu trop formel pour séduire, et je ne saurais me porter complètement en faux contre cette assertion. Il est évident que le Death factuel des allemands est un peu trop classique pour vraiment s’imposer, et que leurs propres compositions ont salement tendance à stagner. Certes, le tout est efficace, autant qu’un Death old-school traditionnel peut l’être, mais on attend plus souvent l’étincelle de talent qui fera exploser la poudrière qu’on ne sourit d’un plaisir auditif sadique. On sent que les musiciens ont du mal à s’extirper de leur propre condition et de leurs obsessions, et qu’ils se contentent la plupart du temps de recycler des recettes déjà largement éprouvées, dopées par un son ample et profond, mais pas suffisamment pour cacher le manque d’inspiration. Alors, on aborde cette compilation pour ce qu’elle est, un moyen simple de faire le tour de la question REVEL IN FLESH, qui n’est pas vraiment une énigme en soi. La discographie longue-durée en témoigne, chaque apparition ressemblant étrangement à la précédente, et accumulant les mêmes plans cruels et autres exhortations froides, dans un désir de prolonger les sensations éprouvées lors de la sortie des premiers LP scandinaves révolutionnaires.
Pas de quoi crier haro sur le baudet, mais pas non plus l’impulsion pour se plonger dans l’œuvre passée, et juste un sympathique témoignage de la vitalité de la scène Death vintage européenne, qui n’a de cesse de vénérer ses idoles passées sans chercher à en devenir une propre. Un coup d’épée dans l’eau, qui comblera certainement les fans du groupe, mais qui peinera à en séduire de nouveaux. Le Death c’est très bien, le Death roots c’est encore mieux, mais à force de rester calé sur la ligne du parti, les activistes vont finir par devenir à peu près aussi fascinants que la dernière sensation Deathcore éventée avant même d’avoir été dégustée.
Titres de l'album:
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44