Remnants

Magic Dance

04/12/2020

Frontiers Records

Restons chez nos amis de Frontiers, décidément très accueillants, et découvrons ensemble le quatrième album du projet MAGIC DANCE, qui au fil des années, devient de plus en plus séduisant dans sa versatilité. Né de la volonté du chanteur/compositeur/producteur Jon Siejka de s’offrir une petite récréation loin de ses projets Synthwave, MAGIC DANCE a d’abord proposé une digression à peine modifiée du thème, avant de prôner des valeurs plus électriques avec les années, au point d’incarner aujourd’hui une sorte de parangon de l’AOR des eighties. De la nostalgie donc, vous l’aurez compris, mais de la nostalgie intelligente, personnelle, et totalement addictive, loin des facilités suédoises à base de gimmicks outranciers et d’arrangements envahissants. Et deux ans après avoir rejoint l’écurie italienne avec son troisième LP New Eyes, Jon Siejka nous propose donc une suite logique, mais pas tant que ça. En effet, la tête pensante et unique leader du concept a décidé de laisser plus de latitude aux guitares et de laisser ses synthés de côté pour proposer un album plus Rock, à la frontière du Hard-Rock, sorte de crossover tel qu’il peut être pratiqué par des références comme PALACE. Originaire de Long Island, Jon a donc attendu le bon moment pour réchauffer son inspiration sans passer ses chansons au micro-ondes, et huit ans après la création de sa nouvelle entité, l’omnipotent américain a donc osé franchir le pas, et se fondre dans le décor des murs de Frontiers pour nous offrir l’album de Hard-Rock mélodique de cette fin d’année, sans renoncer à ses principes. Et bien entouré, décidé, doué, le compositeur a soigné aux petits oignons sa partition, pour nous éviter les lieux communs les plus visités, et nous entraîner dans une ballade aux airs de BO d’une décennie qui n’en finit plus d’inspirer la jeune génération.

Je parlais de son entourage, et Jon n’a pas lésiné au moment de piocher des compagnons de route. On retrouve donc près de lui pas moins de quatre bassistes (Kevin Krug, Gabor Domjan, Luke Anderson, Emanuele Moretti), un batteur/percussionniste solide (Kevin Mcadams), un saxophoniste inventif (Gdaliy), mais aussi quelques mercenaires venus plaquer le solo sur quelques morceaux (Tim Mackey, Ziv Shalev et Stelios Andre). Loin d’un effort solo, Remnants est ce qui ressemble le plus à ce jour à un effort de groupe, ce qui se sent à l’écoute des compositions, resserrées, densifiées, mais aussi plus immédiates et foncièrement plus Rock. Il est de notoriété publique que certains artistes essaient de nous amadouer avec un titre plus dur en intro, histoire de noyer le poisson, mais rassurez-vous immédiatement : ce n’est absolument pas le cas de ce quatrième longue-durée. La guitare, instrument noble par excellence se taille la part du lion sur ce disque, malgré quelques concessions en assouplissement symptomatique de cet Adult Orientated Rock si prisé par le label de Serafino. Et si d’aventure, vous pensiez que « Oh No » n’était qu’un appât sournoisement placé en ouverture, détrompez-vous : cette entame n’est que le signal du départ d’une croisière Rock qui se veut métaphore sur l’existence, avec sa part de ténèbres et ses rais de lumière.

On prend rapidement note du son très travaillé pour sonner d’époque, mais on remarque surtout le caractère incroyablement séduisant des mélodies. Ce qui choque après quelques minutes, c’est cette ambiance légèrement mélancolique qui vient atténuer la portée euphorique des mélodies, sans rendre l’effort triste ou replié sur lui-même. Jon Siejka a vraiment collé à sa thématique, littérairement et musicalement, et son quatrième chapitre a des airs de résumé de la vie, sans fard, sans enjolivement, une vie faite de joies et de tristesse, qui connaît une fin inéluctable, mais qui nous réserve des surprises entre les deux. Et lorsque résonne « Long And Lost Lonely Nights », on comprend vite que le propos n’a pas été de sortir les mouchoirs pour pleurer sur l’injustice, mais bien de faire face à la réalité des choses, en accentuant la puissance. C’est ainsi que les couplets synthétiques et souples laissent toujours la place à des refrains beaucoup plus énergiques, sans que l’empreinte nostalgique n’en pâtisse. Toujours aussi à l’aise pour mettre en branle un processus de séduction auquel il est vain de résister, Jon nous déroule encore le tapis rouge des tubes potentiels, se rappelant très bien des recettes exigées par le Billboard pour faire partie de son top ten. Alors, les tubes s’enchaînent à vitesse grand V, soufflant un vent de fraîcheur sur nos oreilles, nous obligeant à trépigner pour ne pas nous lever de notre chaise et danser comme un fou du dancefloor des années 80 (« Zombie Breath Surprise »). Loin d’une mélasse Synthwave à peine teintée de Rock, Remnants est un véritable travail d’orfèvre, mais aussi une solide affaire de passion, Jon ne traitant pas le sujet par-dessous la jambe. On pense à du BON JOVI exilé en Suède parfois, à du ECLIPSE transfiguré et assoupli, et autant dire que les hymnes s’enfilent comme des perles, à l’image de l’irrésistible « When Your World Comes Down », à l’up tempo ravageur et au sourire Ultrabrite.

Et alors que l’auditeur méfiant se demande quand le piège va se refermer, le cœur comprend vite que la trahison Pop n’est pas de mise, même si des réminiscences Synth-Pop des années 80 à la a-HA teintent parfois les morceaux (« Change Your Life », absolument irrésistible). On tombe sous le charme de ce quatrième essai qui vise le sans-faute, et qui l’atteint sans problème, en restant naturel et instinctif. Pas de mise en scène ici, pas de subterfuge fumeux, juste des chansons simples qui parlent sans détour, et qui proposent à chaque fois un refrain en or massif (« I’m Still Holding On »).

On se retrouve donc le nez dans les affres du voyage dans le temps, pour un retour à l’adolescence, quand tout était encore facile, mais que le spectre d’un avenir plus complexe assombrissait les rêves les plus fous. Là est la force de cet album qui enchante mais ne dupe pas, et ne présente pas la vie comme un conte de fée, mais comme une lutte permanente. Le Rock l’est vraiment, les synthés ne s’imposent que lorsqu’ils le doivent, et en adoptant ce beat jumpy sur quasiment toute la durée de son métrage, Remnants mélange la tendresse de souvenirs chéris et la lucidité d’une maturité atteinte depuis longtemps (« Changes », qu’on aurait pu trouver sur la BO de Footloose chanté par Sammy Hagar). Pas de mélasse pour vous engluer les sentiments, pas de labyrinthe synthétique pour vous perdre, et si parfois Jon Siejka joue le jeu de NIGHT FLIGHT ORCHESTRA ou des ROYAL REPUBLIC (« Til Your Last Breath »), il ne faut pas y voir de la facilité, mais juste l’envie de retrouver la sensibilité d’une décade qui n’avait pas encore tué dans l’œuf nos espoirs.

Belle démonstration de la part de MAGIC DANCE qui signe là sa plus belle performance, et nous permet d’aborder cette fin d’année avec un peu plus de sérénité, et de joie jaunie, osons le terme.

 

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Oh No

02. Long And Lost Lonely Nights

03. Zombie Breath Surprise

04. Cut Me Deep

05. When Your World Comes Down

06. Change Your Life

07. I’m Still Holding On

08. Changes

09. Restless Nights

10. Til Your Last Breath

11. I Can’t Be The Only One


Facebook officiel


par mortne2001 le 19/12/2020 à 15:55
88 %    1152
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17