Rites of Extermination

Krossfyre

23/07/2021

Hells Headbangers Records

Quand ça avoine, ça avoine, pas besoin de savoir pourquoi ni comment, ça avoine et on se prend une auge pleine sur la gueule. Je veux dire, lorsque vous passez le coin d’une rue, et qu’une jardinière vous tombe sur la tronche du cinquième étage, vous n’occultez pas la douleur pour savoir pourquoi cette jardinière a chu, ni pourquoi c’est spécialement sur vous qu’elle a choisi de s’éclater. Non, vous hurlez, vous vitupérez et vous tordez de douleur en attendant l’ambulance, en admettant que vous soyez encore en vie. Alors, lorsqu’on se mange un ramponneau de la puissance de Rites of Extermination dans la face, on ne perd son temps à lire des bio ou décortiquer des analyses. On savoure la débauche, on grimace, on se protège les tympans comme on peut, et on se souvient de la bestialité sud-américaine des années 80, de BEHERIT, de l’écurie Putrid Cult et puis c’est tout.

KROSSFYRE n’a rien à voir avec le groupe belge presque homonyme, et nous vient d’Espagne, de Barcelone plus précisément, grande ville qui les a vu naitre avec horreur il y a de cela six ans, et qui vivait encore tranquille depuis la sortie d’un premier EP en 2017, Burning Torches. La sortie de ce moyen-format avait à ce point effrayé la population mainstream que des abris anti-acoustiques avaient été construits dans les rues les plus reculées, en cas d’attaque sonique non repérée. Ces abris vont donc être mis à contribution en 2021, puisque la horde barbare s’en revient enfin avec son premier LP entre les cuisses, et autant dire les choses comme elles sont, en espagnol ou en français : Rites of Extermination est une boucherie sans nom, et plutôt qu’une jardinière, une grosse enclume rouillée et souillée qui vous écrase le crâne au détour d’une impasse peu recommandable.

Il faut dire que les barcelonais n’y sont pas allé avec le dos de la machette. Un son à décorner Satan lui-même et à défourcher ses pieds, un crossover totalement impitoyable noyant le Thrash dans le Death et fusionnant le tout dans le Black, des performances individuelles notables pour un collectif indivisible, et des compositions cruelles, sales, viles, qui en appellent au ressenti Black Thrash le plus impitoyable. Evidemment, fardés comme des clones de MARDUK pendant mardi-gras, ces mecs-là cherchent un peu la merde, mais dans leurs cas, le ridicule ne pue pas, et sent même plus fort et plus affreux, et pour une bonne raison : la musique est solide, euphorique, totalement hystérique, et possédée par ce pauvre Pazuzu qui depuis Regan ne peut rester tranquille dans son coin.

Jordi Gusi Gelis (batterie), Javier Félez (guitare), C.S (guitare) et Luis (chant), sont des gens très occupés dans l’underground, puisqu’on les retrouve au casting d’ensembles comme AGONISED, GRAVEYARD, INSULTERS, MORBID FLESH, PROSCRITO, VENGEANCE, VOIDKUSH, UNDERTAKER, APOLOGOETHIA, BALMOG, DAWN OV HATE, GRAVEYARD, KÖRGULL THE EXTERMINATOR, SPECTRE, TEITANBLOOD, E-FORCE, HEAVENSHORE, LUX DIVINA, TERRORSPAWN, OF DARKNESS, WÖLFHEAD, THE BLEEDING SUN, NECROCUNT, SOLITUDE, AVLIVAD, GRAVEYARD, SHEIDIM, MORBID FLESH, ATARAXY,  ADONAI, APOLOGOETHIA, AVLIVAD, BALMOG, BANISHED FROM INFERNO, MARTHYRIUM, OVAKNER, THIRD NAIL, INMACULA MORTEM, WITCHFYRE, DANTALION, ou SCENT OF DEATH. De sacrés gaillards donc, qui savent partager leur temps intelligemment, et qui sont capables de nous pondre un hymne bestial définitif de la trempe de « Casus Belli ». Car les marsouins, aussi peu empathiques soient-ils ne crachent pas sur un brin de fantaisie mélodique et d’ornements guitaristiques pour conférer à leurs titres une aura mystique parfaitement amère et délicieuse.

Pourtant, leur approche est simple : le blasphème, rien que le blasphème. Mais un blasphème autoritaire, un blasphème réfléchi et construit, et pas simplement « boire le vomi d’un curé » comme le disait nos bons vieux VENOM. Les KROSSFYRE troussent les bonnes-sœurs, mais le font avec du lub’, ils dépouillent les troncs, mais pour redistribuer aux satanistes. Ils malmènent le curé, mais ne l’empêchent pas de donner la messe après avoir ruiné ses fesses. Et si « Rivers of Fire » peut évoquer une horde de démons enfin libérés d’enfers un peu tièdes,  s’il suggère une invasion terrestre par des créatures de l’ombre, il n’en est pas moins l’entame rêvée pour ce genre d’exercice, et l’un des titres les plus excitants de cet été 2021.

Alors OK, Luis dégueule ses textes malgré son jeune âge, Jordi Gusi Gelis se prend pour l’Igorr Cavalera des années 84/85 avec ses blasts à la louche et sa rage de fills. J’en conviens, on a déjà entendu ça des centaines de fois, et pas seulement en Norvège, au Brésil ou en Russie. Mais la folie qui émane de ce premier LP est telle qu’on se laisse entraîner dans le tourbillon de démence noire comme un vortex qui nous aspire dans une autre dimension.

D’autant que le quatuor domine son sujet, et maîtrise sa haine. J’en prends pour preuve les nombreux breaks lourds et emphatiques, les dissonances et les effets divers de cloche et tocsin (« Law of the Jackals »), et surtout, ces ambitions qui se manifestent lors des exactions les plus longues, et qui transforment « Spit-Bullet » en massacre organisé, mettant Barcelone à feu et à sang.

Dans les milieux autorisés, on dit que les américains de Hells Headbangers se frottent les mains de cette association. Mais dans d’autres milieux, on dit que les barcelonais ont compris que l’apocalypse était là, sans avoir entendu les trompettes de Jéricho. Et ça avoine dans les rues, à tel point que toutes les jardinières ont été rentrées. Il n’est pas besoin d’en rajouter dans l’imprudence de balcon, en effet. 

    

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

1. Rivers of Fire

2. Infernal War

3. Rites of Extermination

4. Casus Belli

5. Law of the Jackals

6. W.L. (Burn Like Fire)

7. Deadly Bites

8. Spit-Bullet


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par mortne2001 le 27/12/2022 à 17:41
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