« Heidi, Heidi, petite fille des montagnes.
Heidi, Heidi, petite fée de nos campagnes.
Les bois, les monts, les vallées bleues, les prés, les fleurs
Heidi, Heidi, c'est là tout ton bonheur »
Tout ça paraît un peu simpliste, mais si vous jugez cette entame puérile et lénifiante, sachez que la région de Tromsø justifie de sa location géographique cette introduction. En effet, située dans la zone nord arctique de la Norvège, cette ville est entourée de montagnes, de verdure (enfin selon les saisons bien évidemment), et représente en quelque sorte un havre de paix créatif au sein duquel les esprits les plus artistiques peuvent laisser voguer leur inspiration pour la trouver. Et si vous ne voyez toujours pas le rapport entre Heidi et PRISTINE, c’est que vous ne connaissez ni le groupe, ni la musicienne, et là, les choses sont plus graves. Car PRISTINE dans les faits, est sans doute l’exportation musicale la plus importante venant de Norvège depuis l’émergence de la scène Black Metal nationale à l’orée des nineties. Et bien que les styles n’aient rien à voir, la comparaison est réfléchie et tout sauf anodine. Aux commandes de ce groupe qui en est un sans en être un, Heidi Solheim, une artiste comme on en rencontre une par décennie, qui non seulement s’épanouit dans la musique, mais qui gère aussi ses affaires d’une main de fer. Et depuis huit ans, la norvégienne se rappelle à notre bon souvenir très régulièrement, publiant des albums non seulement extraordinaires, mais révélateurs d’une ouverture d’esprit manifeste. Depuis 2011 et la sortie de Detoxing, Heidi continue son chemin sans se préoccuper des modes, et nous enivre d’un Rock à tendance Hard, bourré de Blues et transpirant de Soul, tout en exhalant un délicat parfum psychédélique qui n’empiète pas sur les platebandes des groupes de fumette spécialistes de la cause Stoner. Et après deux disques parus uniquement sur le territoire norvégien, la brune incendiaire a enfin réussi son pari d’invasion mondiale avec l’unique Reboot, avant de se voir distribuée mondialement par le géant Nuclear Blast, alléché par le Blues électrifié.
D’aucuns parleraient de revival, de nostalgie, de vague vintage, mais dans le cas précis de PRISTINE il n’en est rien. Nous parlons là de Rock, de vrai, qui n’use pas d’artifices et n’abuse pas de gimmicks pour prouver sa valeur, et qui ne compte que sur des compositions parfaites et entêtantes pour nous convertir à sa philosophie. Nous parlons là d’une artiste qui a su se construire son propre univers, avec ses propres codes, se servant de ses influences pour les transcender et y apporter sa touche personnelle, à base de nostalgie nordique et de sensibilité exacerbée. Et tout en suivant un cheminement de pensée logique, Heidi continue d’explorer ses sentiments et d’analyser le monde qui l’entoure en gardant cette patte qui fait d’elle l’une des auteurs/compositeurs/interprètes les plus précieuses au monde. La cohérence suit donc son chemin, et il n’est pas étrange de trouver des similitudes entre ce dernier né, Road Back to Ruin et ses deux aînés que le monde a pu apprécier, Ninja et Reboot. Car au-delà de son statut de nouveauté, Road Back to Ruin n’est rien de plus qu’une tranche de vie supplémentaire dans la carrière de Heidi, et un chef d’œuvre de plus venant enrichir sa discographie déjà bien étoffée de perles Rock nacrées. Né de la frustration, le titre-track de cette nouvelle livraison prend acte de la dégradation des conditions sociales et de la perte des valeurs. Il déplore la façon dont les puissants utilisent leurs pouvoirs pour faire plier le peuple et lui faire courber l’échine sous le poids des responsabilités et de la privation de liberté, mais une fois encore, malgré la profondeur des thèmes, leur illustration prend la forme d’une musique euphorique, certes perméable à l’émotion, mais toujours aussi énergique. C’est évidemment flagrant dès l’ouverture tonitruante de « Sinnerman », qui s’amuse beaucoup à combiner la rugosité du GRINDERMAN de Nick Cave et les propres travaux de Heidi sur Reboot et Ninja. Nous sommes donc cueillis à froid par cet up tempo véloce à rendre fou un fan de BLACK COUNTRY COMMUNION, enrobé dans un son épais et gras qui mâtifie la batterie pour laisser la guitare et l’orgue s’affronter dans une joute musicale signe du « Highway Star » de DEEP PURPLE. La rage est palpable, et les conditions d’enregistrement en live (toutes les bases ont été captées telles quelles) garantissent à ce cinquième album l’authenticité dont il avait besoin pour clore la trilogie internationale entamée avec Reboot.
En tentant des techniques différentes et en jouant avec les micros dans la pièce, Road Back to Ruin impose une profondeur qui manquait peut-être à Ninja, et permet de titiller la corde sensible des puristes des années 70. Il n’est pas incongru en effet de penser que le LED ZEPPELIN de IV aurait pu se satisfaire de « Road Back To Ruin », à l’exception près que Robert Plant n’aurait jamais pu la chanter comme Heidi. Avec son grain Rock et sa souplesse vocale, la chanteuse franchit un palier de plus dans le travail vocal, et se hisse à la hauteur des grands interprètes de la décennie d’âge d’or, celle qui a vu éclore les talents de Ian Gillan et Karen Carpenter, et qui a laissé s’éteindre ceux de Janis, Jim et tant d’autres. Le parfum 70’s est donc encore très prononcé, mais loin de copier bêtement les figures les plus imposées, PRISTINE combine et associe, étant capable au sein d’une même structure de sauter de la case ZEP à celle plus emphatique du SAB, pour un passage en revue de tout ce qui rend notre musique de prédilection unique. Mais aussi puissant soit ce nouvel effort, aussi gluant soit son groove terrifiant (« Bluebird », ça, même après une guérison d’acné et une Les Paul Custom signé de Jimmy, les Greta Van Fleet n’y arriveront jamais), l’émotion est toujours aussi présente, et prend la forme de longues digressions sublimes. Ainsi, « Aurora Skies » évoque les visions lumineuses de la Norvège du Nord, lorsque les aurores boréales transforment le ciel en peintures et les larmes en sculptures. Une fois encore, la faculté qu’a Heidi de moduler sa voix et de la contraindre à l’essentiel subjugue, et entre des cordes très discrètes et des textures sonores qui s’empilent comme les souvenirs, le tableau est saisissant et prend à la gorge, comme le ZEP de l’axe 69/71.
Emotion donc, mais surtout passion, et unisson entre des musiciens. Espen Elverum Jacobsen se hisse au niveau de sa magnifique vocaliste en tirant de sa guitare les riffs les plus plombés et les notes les plus pesées, nous enchantant parfois de solo suintant de Blues-Rock. Le pivot rythmique constitué du duo Gustav Eidsvik (basse) / Ottar Tøllefsen (batterie) est exemplaire de sobriété, et lorsque les quatre musiciens montent le ton, ça donne un « Blind Spot » d’anthologie, incarnant l’acmé d’un talent individuel magnifié par un collectif. Mais n’oublions pas que PRISTINE, ce sont aussi de merveilleux petits quickie boogie (« The Sober », qui donne clairement envie d’arrêter l’alcool pour savourer ça sobre), et des ouvertures sur la délicatesse Folk et Pop (« Your Song » délicieusement Jazzy à la Norah Jones meets Katie Melua dans un bar de Tromsø), pour mieux laisser l’auditeur sur une impression de plénitude avant de l’assommer d’un uppercut final (« Dead End » le « Bootie Call » version SWEET de Road Back to Ruin). Et au bout du compte, de l’écoute et de la nuit, on se dit qu’il devient pénible de devoir décerner la palme de l’excellence à chaque fois à Heidi, qui va bien finir un jour par se vautrer et sortir un album indigne. Mais visiblement, le mot « erreur » ne fait pas partie de son vocabulaire, à moins qu’il ne se traduise en norvégien par un autre mot imprononçable. Un cinquième album en forme de constat inévitable de sortie de route pour l’humanité, mais un nouveau virage négocié à l’épingle à cheveu pour un groupe que l’on aime jusqu’au fond des yeux.
Titres de l'album :
1. Sinnerman
2. Road Back To Ruin
3. Bluebird
4. Landslide
5. Aurora Skies
6. Pioneer
7. Blind Spot
8. The Sober
9. Cause and Effect
10. Your Song
11. Dead End
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15/07/2025, 22:07
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