Unleash the End

Infestatio

19/09/2020

Autoproduction

Ils sont deux sur les photos, mais quatre selon leur line-up, viennent de Jundiaí au Brésil, ville dans laquelle ils se sont formés en 2006, sauf que leur histoire est plus ancienne et plus compliquée que cela. En effet, les INFESTATIO ont d’abord battu pavillon STORM pendant trois ans entre 1998 et 2001, puis se sont rebaptisés GRAVEYARD DISCIPLES entre 2001 et 2006, avant d’opter pour leur nom définitif la même année. On ne peut donc pas dire que nous avons affaire à des débutants essayant de se faire une place au soleil de la violence, mais bien à de vieux loups Thrash bien aguerris et rompus à la cause. Cela étant dit, en quatorze ans d’existence, le combo n’a même pas pris le temps de graver un seul longue-durée, ne calmant la soif de ses fans qu’avec une démo en 2006 (From the Ashes... We Rise), et l’étanchant avec un EP sept ans plus tard (F.Y.A). Alors les INFESTATIO, un peu fainéants sur les bords ? Pardonnons-leur ce manque de productivité au moment où leur premier longue-durée débarque enfin sur le marché, d’autant plus qu’Unleash the End  est bien féroce et classique. Les quatre musiciens, dont trois réunis autour du seule membre originel (Rafael Neves – guitare/chant depuis 2006, Reginaldo Iobbi – basse depuis 2013, Caio Picolotto – batterie et Renato Jafet – guitare, tous deux depuis 2016) proposent donc un Thrash à l’américaine, modérément bestial, mais non dénué de prétentions mélodiques plus accessibles. Et sans pouvoir prétendre au titre de découverte old-school de l’année, les brésiliens méritent une petite place au soleil de la nostalgie ne serait-ce qu’à cause de la diversité de leur musique.

Peu d’informations à mettre en avant, le groupe se montrant très discret sur la toile (j’ai découvert leur existence en écumant mon cher VK dédié au Thrash), mais en quarante-six minutes de musique, le combo donne assez d’indications quant à ses influences et ses désirs. Notamment celui de proposer un Thrash nerveux et hargneux, mais modéré, rechignant à accélérer le tempo pour rester dans des balises de BPM raisonnables. On pense donc à l’arrière-garde du Thrash US des années 80, avec des groupes comme HEXX, INDESTROY, ou à une version moins délurée d’HOBBS ANGEL OF DEATH, mais en prenant note d’ambitions techniques qui s’articulent autour d’une arythmie prononcée et de riffs à la …And Justice For All, on comprend que le but du groupe n’est pas de se noyer dans le rouleau des groupes vintage à la mode depuis quinze ans. Des qualités, de l’indépendance, mais aussi une moyenne de jeu qui empêche l’album de vraiment décoller et de déclencher un headbanging de rigueur. Sans nier l’efficacité d’un morceau comme « Storm Knights » qui en plus de huit minutes rappelle le METALLICA de 1988, ou l’AGONY suédois, on aurait aimé que les brésiliens se lâchent un peu plus, considérant leur niveau technique largement au-dessus de la moyenne. C’est ainsi qu’on note un flair incroyable dans les constructions en crescendo, et surtout, un panache hors du commun au moment de trousser des soli vraiment mélodiques et efficaces, et qui ne sont pas uniquement destinés à faire joli.

Là où le bât blesse, c’est dans le timbre de voix de Rafael, un peu trop rauque et monocorde, qui joue sur celle des amateurs de Death/Thrash, sans que l’instrumental n’en atteigne l’intensité. Admettons aussi que la linéarité de certains riffs empêche le thrasheur de vraiment fondre pour ce mélange plus précieux qu’il n’en avait l’air au départ. Ajoutez à ce reproche le fait que les morceaux refusent souvent de se tasser sous la barre des cinq minutes, et vous comprendrez assez vite l’aspect un peu roboratif et robotique de l’entreprise. Mais que ce laïus préventif ne vous aiguille pas sur la mauvaise piste en vous laissant à penser que les INFESTATIO sont purement anecdotiques et ne méritent pas votre attention. Quoi que trop précautionneux pour les cœurs allemands et sud-américains qui battent en nous, Unleash the End représente une étape importante dans la carrière des brésiliens, et s’apparente à une version décalée dans le temps et l’espace du fameux Justice de METALLICA, ce que démontre le riff saccadé de « Blinded », qui dès le départ, admet l’influence des californiens. On retrouve ce son un peu froid, ce détachement technique qui refuse de s’apparenter à la vague Techno-Thrash de la fin des eighties tout en admettant ses accointances progressives, et finalement, ce premier album n’en devient que plus attachant dans son démarquage habilement dissimulé sous une couche de grognements à faire pâlir les CREMATORY.

D’autant que les musiciens ne sont pas des manches, et savent se servir du leur. Outre les qualités évidentes d’un soliste qui a phagocyté le jeu de ce bon vieux Kirk tout en l’expurgeant de ses scories les plus évidentes, Reginaldo Iobbi manipule sa basse avec flair, et refuse la malédiction de l’enterrement dans le mixage de ce bon vieux Jason Newsted. Ce que je reproche majoritairement à cet album est son refus de s’emballer un peu, même si « Mankind Demise » accélère timidement le tempo pour se rapprocher d’un crossover entre AGONY et HEXX. Mais malgré ces quelques lâchés de lest, le groupe refuse obstinément de nous livrer une boucherie Thrash en bonne et due forme, s’en remettant systématiquement à un mid tempo tranquille et plus solide. On le note de façon encore plus flagrante sur « Jeff », qui n’ose que des contretemps timides, alors qu’une bonne claque de violence aurait permis à Unleash the End de se détacher de la masse. Heureusement, cette patine technique porte les morceaux au-dessus d’une juste moyenne, avec quelques fantaisies en fills de Caio Picolotto sur « Requiem » qui ose le parallèle avec DEATH ANGEL, ou les excentricités vocales sur l’étrange « Agony » qui impose des parties de chant en falsetto, lors de breaks totalement incongrus qui intriguent, dans le bon sens du poil. Au final, on sent que le groupe désire mettre en avant sa singularité plus que sa puissance, ce qui confère à ce premier longue-durée une aura assez particulière, celle d’un LP qui aurait pu être enregistré il y a trente ans, impression renforcée par cette production sèche et datée qui honore la mémoire de Flemming Rasmussen.

INFESTATIO est donc loin d’un cas d’école standard, et souhaite vraiment se démarquer de tous les suiveurs qui ne peuvent pas s’empêcher de copier note pour note leurs influences. Une découverte sympathique, qui change de la routine Thrash old-school habituelle, même si l’ensemble n’est pas exempt de défauts évidents.     

               

Titres de l'album :

01. Blinded

02. Mankind Demise

03. Storm Knights

04. Requiem

05. Agony

06. Jeff

07. Leeches

08. Shadowless


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par mortne2001 le 30/06/2021 à 18:18
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