Pas facile d’accepter d’évoluer dans l’ombre lorsqu’on a été l’un des fondateurs de la scène extrême de son pays. C’est pourtant le sort réservé à Anton Reisenegger qui depuis 1991, mène fermement sa barque au sein de CRIMINAL, l’un des groupes les plus sous-estimés de sa génération. D’autant que le parcours de ce sympathique musicien n’a pas commencé en 1991 - l’année de naissance du combo - mais bien dans les années 80, lorsqu’il faisait encore partie de PENTAGRAM - devenu PENTAGRAM CHILE - l’un des ensembles fondateurs de l’agression made in Chile. Depuis, Anton a fait ses armes avec des pros en marge de son projet principal, s’est retrouvé au casting de side-projects prestigieux comme LOCK UP ou BRUJERIA, mais cet écran de fumée de popularité underground ne doit pas occulter (sic) le fait que CRIMINAL reste un groupe majeur de la scène chilienne, avec pas moins de neuf albums studio au compteur.
Evidemment, une telle longévité n‘est pas sans s’accompagner de problèmes divers. Le principal restant ce line-up inconstant au fil des années qui a empêché quelque part de maintenir la cohésion, même si le nom de Reisenegger, de même que celui de Killmister reste attaché à celui de son groupe comme une métonymie irréfutable. En 2021, le quatuor est toujours mené de voix et de riffs de fer par Anton, secondé par une équipe qui pourrait bien le catapulter sous la lumière.
A ses côtés, nous retrouvons aujourd’hui deux membres déjà présents sur le longue-durée précédent Fear Itself, sorti il y a déjà cinq ans, avec Dan Biggin à la basse (ANIHILATED, FLIGHT 19, TAKOMA STAR, ex-PENTAGRAM CHILE, ex-TRESPASS, ex-BRUJERIA (live), ex-N.C.A.) depuis 2007 et Sergio Klein à la guitare lead (TETRACTYS, ex-AGONIZED, ex-THE OUTSIDE) depuis 2015. Sacrificio, neuvième né, permet d’introniser Danilo Estrella à la batterie (DEIMOS, ECLECSIS, TIMECODE, ex-FORAHNEO (live), ex-TETRACTYS, ex-PSICOSIS), et faites-moi confiance, loin d’être anecdotique, cet apport est de taille. Car Danilo est de cette caste de percussionnistes qu’on reconnaît à la première frappe, capable de transcender n’importe quel fill et transformer une partie de double grosse caisse en hachage menu des parties les plus coriaces. Affirmons-le sans détour, malgré le leadership d’Anton, Danilo est la véritable star de ce Sacrificio, multipliant les interventions explosives et autres trouvailles finaudes. Le batteur peut d’ailleurs s’envisager comme le petit frère caché de Dave Lombardo, Tom Hunting et Chris Kontos, avec ce petit swing sud-américain popularisé par le frangin Cavalera, et ses parties rythmiques de dingue permettent de faire exploser des compositions assez conventionnelles, mais suintant de rage.
Ecoutez pour vous en convaincre le rouleau-compresseur « After Me, The Flood », qui de son titre assume le fait de laisser pas mal de batteurs sur le carreau des flots. L’homme est d’une puissance et d’une fluidité de frappe impressionnantes, et permet à ce nouveau chapitre de naviguer sur les vagues du Death brutal, du Thrash fatal et du Hardcore animal. Parfois proche du versant le plus râpeux du SEPULTURA de Derrick (« Dark Horse »), souvent monstre de Death/Thrash surpuissant et aplatissant (« Live On Your Knees »), Sacrificio résume parfaitement la philosophie d’Anton Reisenegger qui a consacré sa vie à l’extrême, et qui se voit aujourd’hui récompensé d’un soutien dans failles de la part du géant Metal Blade. Bien sûr, je ne tente pas de vous survendre un produit classique et déjà entendu des centaines de fois, mais l’énergie développée par le quatuor est telle qu’on en perd nos repères à Leclerc entre les marques du même nom, pris dans ce tourbillon de fusion entre Thrash, Death et Groove, qui emporte tout sur son passage.
Difficile de croire à son écoute que Sacrificio est le fruit de l’imagination destructrice d’un groupe accusant trente ans d’existence. Alors que les anciens de l’école Bay-Area ou de la Ruhr peinent à rester en forme, alors que les références de la fin des eighties nous livrent des copies rabâchées d’arguments séniles, alors que les productions actuelles nivellement par le milieu et compressent à tout va sans respect pour l’esprit initial, CRIMINAL bombarde comme un avion dont le pilote aurait tourné fou, et massacre la concurrence sans aucune pitié. Chœurs revanchards, parties vocales éructées avec ressentiment, précision rythmique chirurgicale, le tout est empreint d’une haine viscérale qui dégouline des riffs classiques, et transpire l’envie de prendre sa revanche sur un destin pas toujours magnanime avec ceux qui le méritent.
En résultent des compositions nucléaires, transcendées par un soliste bavard mais efficace, et un batteur aux capacités gigantesques. Tornade de campagne qui fait voler les toits à des kilomètres, ce nouvel album nous propose des démonstrations de force incroyables, à l’image de « Caged », qui semble bouillonner d’une envie de se castagner avec le passé. Certes, les textes ne sont pas toujours du meilleur goût, et étonnent parfois de leur naïveté passéiste (« Caged » justement s’en prend avec beaucoup de maladresse aux mouvements féministes, dommage…), mais la musique est si relevée que les tympans abimés en oublient le propos discutable.
En quarante-deux minutes, les CRIMINAL cherchent à prouver que leur casier judiciaire est tout sauf usurpé, et nous cognent jusqu’à ce que le mot « pitié » soit hurlé de notre gorge meurtrie. Mais la pitié n’est pas un mot que le groupe entend, et aurait même tendance à l’agacer, ce qui produit des surplus de violence comme « Sistema Criminal ».
Rien à jeter sur ce neuvième album des chiliens, et une preuve que l’âge n’a pas d’emprise sur la rage. Quelques compositions auraient certes pu être plus travaillées, certains réflexes maitrisés, mais cet art pour fondre dans un même creuset tous les modes d’expression extrêmes modernes et passés permet à Sacrificio de tourner en ridicule les influences les plus marquantes qui se contentent de relever les compteurs avec une prétention crasse due à leur statut. Le Chili pourrait en ériger une à la gloire d’Anton Reisenegger pour services rendus au chaos de la patrie.
Titres de l’album:
01. Live On Your Knees
02. Caged
03. The Whale
04. Zona De Sacrificio
05. After Me, The Flood
06. Dark Horse
07. Theocrazy
08. Sistema Criminal
09. Zealots
10. Age Of Distrust
11. Hunter And The Prey
12. Ego Killer
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39