Mettons immédiatement les choses au point pour que les trolls aient à manger. Le Black lo-fi est un style à part entière, bien différent du Black normé qui répond quand même à quelques exigences de composition et de production. Le lo-fi fait justement fi de tous ces critères pour se répandre dans une atmosphère maléfique, souvent due à une méthode d’enregistrement primaire et brute. De là, je peux très bien comprendre l’aversion envers le style qui héberge dans ses rangs des créatures nuisibles qui confondent chaos imbécile et violence élitiste. A l’image d’un Varg V. qui enregistrait seul son premier album avec un simple micro posé dans une pièce, les héros de l’underground le plus profond n’aiment rien tant que dénicher le matériel le plus rudimentaire pour coucher sur bandes leurs litanies noires et leurs psaumes les moins délicats. Ainsi, du Chili nous parvient le parfum assez morbide d’OLD CASTLES, une sorte de one-man gloire nationale qui ne s’épanouit que dans la discrétion et le mystère d’anciennes légendes locales.
Comme tout bon concept lo-fi qui se respecte, OLD CASTLES est évidemment l’affaire d’un seul homme, Lord Winterschatten, qui aime les pochettes photocopiées en noir et blanc, les mélodies rachitiques malmenées, et les approximations de son les plus gauches. Ayant déjà accouché d’une discographie plus que conséquente (je vous renvoie vers son Bandcamp pour plus de détails), Lord Winterschatten nous a proposé plus tôt en 2021 son nouvel album, qui sera disponible en format physique via le label lituanien Inferna Profundus Records en mars 2022. Un nouvel album qui ne déroge à aucune de ses règles, et qui prône une fois encore le minimalisme musical, la vilénie rythmique et la lancinance concentrique.
Je vous épargne tout le barnum qui accompagne l’histoire du groupe, ses secrets inventés ou non, ses délires mystiques, pour mieux me concentrer sur sa musique, point le plus important d’une chronique. Sarcophagical Lament of the Past, s’il sera inaudible pour le commun des mortels qui ne conçoivent pas un son en deçà des canons instaurés par la modération la plus raisonnable, satisfera amplement les amateurs d’une violence sourde, parfois indiscernable dans le lointain, mais gardant une structure intelligible et des desseins logiques et traduisibles dans un langage musical.
Loin du galimatias bordélique auquel nous ont habitué les formations les plus discutables, OLD CASTLES garde prise avec la réalité artistique de son genre, tout en choisissant une production somme toute assez classique dans le créneau. Certes, les feedback d’introduction, le bruit des instruments qu’on manie, ces riffs noyés dans un torrent de rythmique intempestive représentent autant d’écueils à franchir pour apprécier le cœur du concept, et un titre comme « Scorched in Grotesque Damnation » résume à lui seul toutes les intentions de l’auteur. Beat indéchiffrable, cris poussés dans le lointain, ambiance « démo de MAYHEM passée sur un vieux radiocassette usé par le temps », guitare qui recycle les sempiternels motifs norvégiens, tout est assez classique, et pourtant il se dégage un parfum séduisant de cette réalisation, qui évite tous les pièges du lo-fi imbuvable, grâce à d’habiles morceaux atmosphériques malsains en diable (« Malicious Entities (Adorned Corpses With Excrement) »).
En passant en revue toutes les approches possibles, OLD CASTLES se rapproche parfois d’un DARKTHRONE encore plus roots, fasciné par cette lourdeur oppressante et par cette éthique puriste (« Carved in Funerary Bones »). A chacun ensuite de juger de la pertinence des thèmes abordés, visiblement vampiriques, de l’importance de ces transitions harmoniques épurées (« Vampyric Labyrinths of Madness »), et de l’intérêt de ces longs segments entièrement dédiés au chaos le plus infernal, accumulant les figures de style et autres performances individuelles (« Sigil of Mercurial Blood »).
Je n’irai pas jusqu’à dire que Lord Winterschatten m’a rallié à sa cause, mais j’ai pris plaisir à découvrir son travail, qui redore légèrement le blason du BM le plus raw. On sent clairement les efforts d’agencement, et cette volonté de ne pas sombrer dans le vomi auditif qui donne la nausée de son odeur putride et de ses arnaques soi-disant « analogiques ». Répétitif mais hypnotique, cacophonique mais compréhensible, classique mais bien conçu, Sarcophagical Lament of the Past fascinera les amateurs qui refusent de se laisser avoir par des cassettes de quatrième génération enregistrées à la hâte par des grands enfants qui se pensent plus cornus que Lucifer lui-même.
Titres de l’album:
01. Megalithic Altars of Azazyel
02. Malicious Entities (Adorned Corpses With Excrement)
03. Scorched in Grotesque Damnation
04. Carved in Funerary Bones
05. Vampyric Labyrinths of Madness
06. Sigil of Mercurial Blood
07. Sacrilege From Diabolical Twilight
08. Crossing the Veil of Gamaliel
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54