Punk Hardcore, Sheffield, UK. Voilà, tout ou presque est dit, d’autant plus que le groupe en question n’est pas vraiment disert en confessions. Pas de page Facebook, pas de site officiel, juste un Bandcamp qui témoigne plus ou moins de l’activité artistique, un label national qui reprend la courte description de l’album in extenso, pas de quoi se faire les dents ou en savoir un peu plus. RAT CAGE semble donc un secret bien gardé de l’underground Punk anglais, le genre qu’on se refile sous le manteau à la sortie d’un club, avec quelques flyers bien triés et lettrés. Visiblement, et si j’ai bien compris le concept, RAT CAGE serait en fait le fruit de l’imagination musicale d’un seul homme, B. Suddaby, soutenu pour l’occasion par des interventions en guitare solo par George Wright et James Fidler, et par quelques chœurs prodigués par Warren Lovett et Henry Gumpson. On retrouve à la production de cet EP/12’’ James Fidler ayant œuvré au Harvest Studio de Sheffield, au mixage James Atkinson triturant les boutons du The Stationhouse Studio de Leeds, mais surtout un mastering peaufiné par l’increvable Brad Boatright à l’Audiosiege. L’homme n’étant pas du genre à perdre son temps pour des clampins lambda, Screams From The Cage méritait donc une attention particulière, et c’est avec plaisir que j’ai découvert un Hardcore joué fast, mélangeant plusieurs écoles de rage pour accoucher d’un travail de pro, rapide comme il faut, mais conséquent, et truffé de riffs traditionnels comme une bière qui menace de laisser couler sa mousse. Mais ne vous inquiétez pas, il n’est pas question ici de Punk joué bas du front après un match de foot, mais bien de Hardcore purement anglais dans le fond, avec toujours en filigrane cette obsession pour la scène Crust de l’orée des années 80 et les enseignements séminaux de CRASS et DISCHARGE.
Du Hardcore joué Crust donc, légèrement suédois sur les bords, et délibérément ancré dans les années 80. Doté d’un son parfait, cette nouvelle étape dans la carrière de B. Suddaby poursuit le travail de conservation déjà entamé sur les précédentes réalisations (Caged Like Rats en 2017, Blood on your Boots en 2018, Night Of The Rat b/w Generation Numb la même année, un split avec ULTRARAT encore en 2018, ainsi qu’une compilation en 2019, Total Vermin Tape), et prône encore des valeurs en vogue il y a quelques décennies. Loin de se contenter d’une grosse charge à la suédoise, le musicien anglais ose évoquer tous les aspects du style qu’il pratique, ne négligeant pas le côté Rock N’Roll du Hardcore qu’on déguste ici torride et terriblement accrocheur. Ainsi, le hit improbable « Cold Furnace » nous permet de pogoter comme des ânes, avec ses guitares certes joyeuses, mais aux motifs aussi sombres que notre avenir en ce moment. La vitesse donc, mais pas pour le plaisir, pour la puissance et l’énergie, une assise solide et une connaissance approfondie de l’histoire du Punk/Hardcore. Le label anglais de ce groupe anglais n’hésite d’ailleurs pas à lâcher quelques comparaisons, évoquant au gré de la bio même du groupe (qu’il reproduit donc, sans trop se mouiller) les noms plus ou moins connus de MISSBRUKARNA, NO FUTURE, THE PARTISANS ou les SKITKIDS, ce qui permettra au néophyte de se recaler un peu les oreilles avant d’apprécier cette tranche de vie sans artifices, mais sans crête sur la tête. Pas question de clichés ici, et si l’ambiance générale évoque avec bonheur une fusion entre le Core suédois le plus incorruptible et certaines exactions US de YOUTH OF TODAY ou AGNOSTIC FRONT, l’identité propre du musicien impliqué ne fait aucun doute.
Le mec est hargneux, et a parfaitement compris les tenants et aboutissants d’une musique immédiate et épidermique. Sans provoquer les puristes, il ne cherche qu’à recycler d’anciennes recettes en les remettant au goût d’un jour puissant, évite avec panache les pièges du groove, et métallise légèrement sa musique sans l’engluer dans le Metal Hardcore parfois vulgaire. C’est ainsi que nous avons droit à un festival de Hardcore aux horizons multiples, acceptant le legs anglais tout en le confrontant à son riche homologue scandinave, sans trahir l’une ou l’autre des scènes. On comprend vite le schéma, dès « A Country For Idiots », sorte d’exutoire parfait à la frustration ambiante et aux inquiétudes grandissantes. Avec un patronyme parfaitement adapté à notre période trouble de confinement, RAT CAGE joue sur du velours, mais gratte sa cage avec des guitares assassines, quelques soli purement dans l’esprit Rock, et traduit le vocable de MINOR THREAT dans un langage plus suédois, plus dark, sans sombrer dans le pessimisme à outrance. La vitesse est modulable, parfois proche d’un Thrashcore salement teigneux (« Jump Off A Building », oui les textes ne sont pas vraiment tendres), et la cadence ne ralentit que par intermittence, privilégiant les BMP dépassant les 140 (« Snake Oil »). On se prend vite de passion pour un album qui aurait pu sortir de studios de Stockholm (« Vanity Game (Part 1) », huit secondes de haine viscérale), ou d’un squat équipé de la banlieue de Manchester (« Midnight Death Ride »). Mais au final, à quoi bon décrire un pur album de Hardcore, si ce n’est pour préciser qu’il est d’une indéniable qualité, citant les DISCHARGE tout ne restant plus lumineux que la moyenne (« I Don't Wanna Listen », qui dégénère assez rapidement cela va sans dire), pour mieux lâcher quelques blagues bien placées (« Vanity Game (Part 2) »).
Un pur produit de l’underground qui se hisse au niveau des meilleures saillies du genre, et un album qui peut servir de référence pour les années à venir. De quoi avoir envie d’exploser sa cage pour reconstruire un monde sans barreaux aux fenêtres.
Titres de l’album :
01. Intro
02. A Country For Idiots
03. Jump Off A Building
04. Snake Oil
05. Vanity Game (Part 1)
06. Midnight Death Ride
07. I Don't Wanna Listen
08. Vanity Game (Part 2)
09. Charge Them With Murder
10. Anti Trident
11. Cold Furnace
12. Not Got No Hope
Voyage au centre de la scène : le courrier, quand la Poste était la meilleure amie de l'underground
Jus de cadavre 03/04/2022
Un petit côté Archgoat qui n’est pas dégueu ! Les Estoniens sont forts…
18/05/2022, 20:34
Le groupe s'appelle tout de meme fromage de bite de bouc. L'imagination des groupe de metal m'etonnera toujours
18/05/2022, 19:41
Yes ! Merci pour la découverte ! J'adore ces groupes type War Metal avec des boucs et des cartouchières partout. Là, c'est bourrin et raw comme il faut avec juste la petite dose de maîtrise qui empêche le tout de sombrer dans le n'importe quoi.
18/05/2022, 14:42
@Krohr : pas de soucis L'important est que l'album tue. Une petite tournée Sacrifizer / Bütcher / Hexecut(...)
18/05/2022, 14:33
@KanelsBack : autant pour moi, je suis tombé sur le skeud avec les titres bonus... ce qui fait que ça dépasse le format initial qui est en effet un EP.
17/05/2022, 20:38
Avec un nouvel album il y a trois ans, Opprobrium semblait décidé à repartir. Ce retour inattendu le confirme. S'il pouvait apporter un peu de pêche, c'est tout ce qu'il faudrait.
17/05/2022, 12:45
Merci pour la découverte ! En effet, dans la même veine sanguinolente que Hexecutor ou Bütcher.Je suis allé yeuter leur biographie, pour info : "Le Diamant de Lucifer" sera leur deuxième album, le premier étant "La Mort Triomphante"(...)
17/05/2022, 12:28
Tuerie ! ! ! Bon les mecs ne sont pas des lapins de 6 semaines, mais bordel, quelle maturité pour un premier album ! Un des meilleurs albums de Speed depuis fort longtemps selon moi !
16/05/2022, 08:47
Je continue à prendre des places très à l'avance pour les concerts (ou plus exactement les tournées) que je veux absolument voir. Et avec les reports consécutifs, on arrive à des délais de cabourd ! Et parfois les annulations des uns permetten(...)
15/05/2022, 01:03
C'est un festival de format quasi-familial entre connaisseurs, quelques dizaines de passionnés qui se lâchent ensemble chaque année pour le plaisir des groupes qui participent. Ils sont tellement extrêmes qu'ils ont rarement l'occasion de réunir aut(...)
15/05/2022, 00:50
Plus de concert pour moi, trop cher, plus motivé pour passer une soirée debout dont la moitié à me faire chier devant des premières parties qui ne plaisent pas, le prix des conso, du merch et une prestation pas toujours de qualité quand c'est pas l&a(...)
14/05/2022, 12:35
Les grands méchants metalleux satanistes qui fuient au premier crachat d'un chrétien.
14/05/2022, 12:22
Juste ne pas tomber dans l'excès... Réserver les concerts du mois en cours, un peu plus tôt pour les trucs les plus attendus et pour lesquels on sait que ça sera tendu, ça me paraît raisonnable.Mais toujours courir après l'év&(...)
13/05/2022, 20:36
Je crois par ailleurs que Nougaro avait chanté une ôde à leur sujet, ô Tulus, un truc comme ça.
13/05/2022, 13:14
Escroquerie absolue ou influence parfaitement intégrée ?Franchement, y'a des riffs qui sont quand même très très très proches de certains riffs de Carcass (périodes Necro / Heartwork / Swansong) ! Et la prod est aussi lourde que sur Heartwork, (...)
13/05/2022, 10:04
"Tu ne vas pas avancer 12 places à 40€ et six mois d'avance, avec de toute façon le risque que ça soit quand même annulé"Typiquement mon cas.Avant le Covid, je prenais régulièrement mes places plusieurs mois à(...)
13/05/2022, 06:46