A force de regarder les Avengers, je me suis mis à rêver à des réalités parallèles, à des mondes où rien ne se passe comme prévu, et d’autres où nos stars préférées ont choisi un autre chemin…ou continué sur le même. Après tout, le rêve est encore gratuit, alors autant s’en servir, et faire turbiner son imagination. En ce sens, la musique joue un rôle prépondérant. Elle ouvre de nouveaux horizons, permet de transfigurer le quotidien, et transformer une banale journée en l’expérience d’une vie. Elle permet aussi de faire le lien avec ce multivers, dont le champ des possibles n’a de limites que celle de votre cerveau fécond.
Et en écoutant le quatrième album des américains de MANIC ABRAXAS, je me suis posé la question suivante :
Et si HELLHAMMER ne s’était pas transformé en CELTIC FROST, et que Tom Warrior avait trop louché vers le Canada pour observer les faits et gestes de VOÏVOD, splitté après le succès mondial de Killing Technology (dix millions d’exemplaires dans cet univers-là, juste avec la combinaison Amérique Nord/Sud) ? Et si Tom avait continué de brailler comme un neurasthénique sur de vieux riffs recyclés cyberspace pour faire le lien entre le Thrash progressif et le proto-Black transgressif ?
La réponse devenait alors claire. Le résultat serait très proche de ce Skinformation. Un simple coup d’œil à la pochette qui aurait pu être signée Away avec la collaboration de David Cronenberg donne déjà de sérieuses indications quant aux inclinaisons, et si l’image ne couvre pas l’intégralité du spectre sonore de notre trio, elle trace en tout cas une délimitation assez précise. Mais ces pirates de l’espace ont d’autres atouts dans la manche.
Ainsi, DJ (basse), Trevor (batterie) et Dallas (guitare/chant) n’ont vraiment pas envie de rester coincés entre deux styles trop stéréotypés. Ils ont beau être vendus comme un orchestre de Heavy tirant sur le Doom qui tire lui-même sur le Stoner, ils n’en défrichent pas moins plus de terrain, comme le prouve le très occulte « Winter’s Mute », tube Electro-Metal qui donne envie de piétiner le dancefloor. Cette variété de ton procure des sensations diverses, sans que la cohésion n’en pâtisse. Au contraire, l’humeur changeante nous rend plus perméable aux suggestions, et le voyage dans l’espace n’en est que plus imprévisible.
Et donc agréable.
Mais si Skinformation n’est pas exactement comme les sites le définissent, il l’est quand même un peu. Sauf que le Doom et le Heavy, entre les mains de ces trois joyeux prennent des formes inhabituelles. D’où ma comparaison entre HELLHAMMER et VOÏVOD, puisque les réflexes thrashy des américains leur permet d’aller où bon leur semble sans avoir à se justifier. Et par extension, de nous pondre un morceau aussi glauque que cocasse comme « Skinformation ». Riff syncopé répété à l’envi, voix qui devient graveleuse, accélération pur Proto-Death Metal, pour un résultat à la limite du cadavérique virtuel. Aimant par-dessus tout l’originalité viable, je me suis laissé entraîner dans cet univers bizarre où la logique n’a pas droit de cité, et où TROUBLE peut jouer aux billes avec VENOM.
Les années 90 étaient simples et funky, les années 2020 sont sombres et punchy. « Cyber Satyr » triture un up tempo de son gros dard exhibé à la vue de tous, et se permet un binaire bien balancé à grosse basse, le tout enrobé dans un paquet cadeau Desert Rock, avec poussière sur les lunettes et cuir bien tanné. Si la première partie de l’album semble déjà former une unité, la seconde accepte la différence, et erre en transe sur les routes en cadence, pour mieux incarner la décadence d’une engeance peu portée sur le respect routinier.
« Dark Builder » renifle ainsi le cadavre plus très frais du HELLHAMMER des premières démos, et incarne un reflet Speed/glue assez crédible et plutôt effrayant. Avec une production faite main et du travail d’artisan qui aime sa matière, Skinformation bricole une machine bizarre en accouplant la TV de Vidéodrome, les pods de La Mouche, et les guns d’eXistenZ, et ouvre les portes d’autres mondes beaucoup plus amusants, parfois dystopiques, mais toujours fascinants.
Et cette fausse bande-originale fait honneur à la discographie des trois lurons, qui depuis 2015 nous donnent régulièrement des nouvelles. Cette carte-postale signée au cambouis fait drôlement plaisir, et si les marsouins ne l’ont pas timbrée pour que nous payons une taxe, comment leur en vouloir ? Après tout, les originaux doivent le rester, et refuser de se faire dompter par le système.
Ce monde est décidément très accueillant. Dangereux, mais accueillant. Parfois très vilain mais accueillant. Déglingué, mais accueillant. Bordélique mais accueillant.
Enfin bref. Accueillant quoi.
Titres de l’album:
01. Manic Abraxas
02. TranscendX
03. Nanodust
04. Winter’s Mute
05. Skinformation
06. Cyber Satyr
07. Dark Builder
08. Neurogenic Magician
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52