Les terreurs nocturnes se caractérisent par des symptômes physiques observables à peu près identiques à ceux de la peur, tels que l’accélération du rythme cardiaque et la transpiration.

Le sommeil est donc un processus terriblement complexe, constitué de plusieurs étapes, entre profondeur et paradoxe, mouvement oculaires rapides et gestuelle erratique, rêves et cauchemars, apnée et terreur. Mais si après tout, les terreurs nocturnes étaient des passages brièvement ouverts entre le monde onirique et la réalité ? Ou bien une brèche entre la vie et la mort, une désincarnation, un voyage étrange aux confins de la conscience, et une manière pour l’esprit de dramatiser un univers encore abscons pour mieux nous faire entrevoir les possibilités d’un cerveau en pleine ébullition ?

Les questions restent en suspens, et ne comptez pas sur les TERREUR NOCTURNE pour y répondre. 

TERREUR NOCTURNE, c’est un quatuor du sud de la France, assemblage de musiciens partageant le même but, jouer le meilleur Black mélodique sur le marché. Après un EP célébré dans l’underground, les quatre musiciens (Macchabée aux guitares et pinceaux, Règne à la basse, Onéiros au chant et l'Aveugle à la batterie) se sont donc attelés à la lourde tâche d’un premier LP, présenté sous un artwork superbe, et déclinable en plusieurs formats.

TERREUR NOCTURNE incarne peu ou prou la nouvelle vague française de Black mélodique, qui en plus d’une occurrence, fricote avec le Heavy épique, le Progressif extrême, voire même le Folk Metal durci et moins champêtre. Il y en a donc pour tous les goûts sur ce premier longue-durée, qui ne fait pas que friser l’excellence. Il s’y frotte et s’y pique en plus d’une occasion, et les neuf morceaux proposés sont aboutis, cruels, harmonieux et toujours professionnels.

Je ne cacherai pas avoir été impressionné par cette maitrise incroyable. Que vous abordiez la question sous un angle technique ou créatif, la conclusion est toujours la même : Solitude Post-Mortem est une œuvre complète, pleine, portée à bout de bras par des musiciens à la technique affutée, et habiles compositeurs. Souvent décoré de quelques interventions personnelles, l’album déroule son histoire entre misanthropie de circonstance et découverte des sens, pour une expérience unique entre le Black Folk et un DISSECTION des années de perfection.

Les dissonances permettent de s’éloigner d’un schéma bien huilé, mais la mécanique ne s’enraye jamais. Chaque titre possède sa propre empreinte, et le tout se déguste avec délice, tant les ambiances, climats, atmosphères sont optimisés pour nous faire oublier le réel et la solitude d’évoluer dans un monde égoïste et renfermé sur lui-même.

Très généreux, ce disque cache bien des trésors qui prennent parfois la forme de featurings, comme celui proposé par Wÿntër Ärvn sur « Terreur Nocturne I », petit bijou de synthèse de tous les courants Black des origines à aujourd’hui, ou celui développé par Erroiak sur le long et évolutif « Tribulations », chanson de geste étrange ou conte pour grands enfants encore bercés par les légendes narrées au moment du coucher.

Mais avec ou sans guests, TERREUR NOCTURNE occupe fermement le terrain en profitant d’une production claire et précise ; on peut ainsi apprécier les boucles de basse mutines de Règne tout comme la théâtralité rageuse d’Onéiros au chant, qui ne manque jamais une occasion de dramatiser des morceaux déjà bien chargés en émotions.

Plus jamais seuls face à l'Eternité !

TERREUR NOCTURNE propose donc d’intégrer un clan à part, celui des insomniaques et des rêveurs éternels. Posée sur des mots choisis, des vers triés sur le volet, la bande instrumentale pioche à droite et à gauche les éléments dont elle à besoin pour raconter cette histoire de ténèbres opaques, sombrant parfois dans un chaos tétanisant à l’occasion de « Fardeau de mes Peines », qui transforme la tristesse en pèlerinage nocturne, le dos écrasé par le sac à regrets et remords.

Danse la valse de ta pendaison !

Chacun pourra construire son propre univers en se laissant guider par ces chansons opposant mélodies pures et rythmiques dures. « Παρθένος Θάνατος », glaçant et écrasant, « Malédiction Fantasmagorique » et sa guitare acoustique traditionnelle sur fond de Heavy/Black processionnel, les tours de magie se succèdent à un rythme incroyable, permettant à Solitude Post-Mortem de viser le haut du panier, sans forcer, en se reposant sur son talent naturel.

Extraordinaire premier album, plein de maîtrise et d’imagination, Solitude Post-Mortem est un cauchemar commun, un délire à deux, trois ou quatre, mais surtout, une balade dans un imaginaire fertile, peuplé de pendus, de sorcières, de diablotins agrestes et de créatures prestes. Un bestiaire redoutable pour une musique abordable qui vous demandera cependant une attention particulière pour être appréciée à sa juste valeur.

T'oubliant peu à peu,

Tu plieras à ma volonté,

Perdant peu à peu

Ce qu'il te reste d'humanité   

Mais nous reste-t-il encore ne serait-ce qu’une infime trace d’humanité ?         

Titres de l’album:

01. Hommage Post-Mortem

02. Précipices

03. Terreur Nocturne I

04. Fardeau de mes Peines

05. Παρθένος Θάνατος

06. Le Bal des Condamnés

07. Malédiction Fantasmagorique

08. Tribulations

09. L’Écho Muet de mes Plaintes

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