Brutal Death, Slamming Brutal Death, tout ça ne fait pas partie de ma tambouille musicale. Trop prévisible (mais j’aime le Grind), trop bordélique (mais j’aime le Mathcore), et finalement, un peu trop potache et violent friendly sans véritable raison. Dans le même registre, les émissions de télé-réalité centrées autour de la cuisine et du savoir-faire (en français dans le texte) ne sont pas non plus ma tasse de thé. Master Chef, Le Meilleur Pâtissier, Le Meilleur Boulanger, Un Diner presque Parfait, Paulette, la Reine des Paupiettes et Le Dindon de la Farce, tout ça me plonge dans une léthargie de terrine industrielle et finalement, produit l’effet inverse à celui recherché : tout ça me coupe l’appétit et me donne envie de ranger mes ustensiles et éteindre mes fourneaux.
Alors vous comprendrez sans peine qu’un groupe de Brutal Death technique obsédé par les recettes et autres étoiles de grand restaurant a toutes les armes en main pour provoquer une sacrée indifférence. Recettes faciles + Death futile = ennui total et changement de chaîne.
Mais les A LA CARTE, et leur nom en VF sont des roublards, et des cuistots terriblement intelligents. Plutôt que de jouer la carte du Gore qu’on ignore à base de pauvres filles dépecées et d’enfants souillés, ces trois américains originaires de Lima, Ohio, nous proposent un livre de recettes plutôt cocasse, à l’usage des maîtres-queue psychopathes qui ne crachent pas sur un brin de fantaisie de table.
Chef Wolfgang Cuck (guitare/basse/chant/textes) et Chef Highman (batterie/textes) nous proposent donc avec Soup Dejour une soupe relevée qui n’a rien d’une omelette du fromage cliché, et qui laisse la gorge dans un piteux état. Et d’ailleurs, rien de plus pertinent qu’une photo promo pour que vous sachiez à qui vous avez affaire :
Sur scène, ces deux marsouins sont rejoints par le serveur The Maitre d’ (non, il n’y a rien après l’apostrophe, à vous de jouer), et le trio s’en donne à cœur joie en maculant sa carte de mets fins et précieux, très goutus, agrémentés d’une carte de vins fins et/ou autres piquettes de supermarché, ceci dépendant des cordons de votre bourse. Osons un peu de sérieux, et admettons que ce premier album est une totale réussite, entre Death cocasse, Death qui tracasse et fracasse, et brutal Death technique affuté par des meules bien roulées. Ici pas question de se contenter de deux ou trois jeux de mots plus ou moins finauds, les morceaux en sont vraiment, et évoquent parfois une scène de Floride ou un CRYPTOPSY passé de l’autre côté de la salle (« Fetal Fajitas »).
De l’humour de premier choix, tendre comme un tournedos, mais aussi un savoir-faire ancestral pour accommoder les sauces et contenter les estomacs les plus sensibles. Pour en apprécier les saveurs et les nuances, il faut évidemment passer outre ce son de batterie abominable et caractéristique du style, et déguster cette dualité vocale qui souligne souvent des plans acrobatiques et plus mélodiques qu’il n’y paraît. Loin de vouloir noyer sa soupe dans une pluie d’épices destinées à cacher le goût rance des ingrédients de base, A LA CARTE détaille ses plats, et prouve que ses deux têtes pensantes ont du métier derrière eux, et pas dans des fast-food.
Attachant de son entrée à son dessert, Soup Dejour est un comique de table de haut niveau. Foin de salami industriel, pas question de serrer la main à Tricatel, les pâtés en croute sont de haut niveau, et les ortolans sur lit de morille fins comme un prépuce de serveur.
Evidemment, même pris au troisième degré, la blague ne peut pas fonctionner ad vitam aeternam, et en persistant dans cette voie, le trio va finir par rejoindre les MACABRE au cimetière des idées rigolotes mais foireuses sur le long terme. En attendant, et puisque Soup Dejour est un premier album, autant ne pas cacher son plaisir de voir que des musiciens peuvent proposer autre chose que de l’horreur bon marché, mais déjà faisandée avant d’être déballée.
Et je l’avoue, entre un « Hymen Drizzled Hotcakes » qui laisse la basse n’en faire qu’à sa poêle, « Scalped Potatoes All Rotten », gore bien comme il faut, mais rythmiquement très chaud, et « Salted Sewer Sushi » qui permet un accouplement entre la guitare et la basse assez impressionnant, la table est immaculée et le service courtois. Accordons donc sa première étoile à ce restaurant qui vous découpe vivant, et vous ressert aux autres clients avec une sublime sauce gribiche.
Le pourboire est conseillé, évidemment, tout comme les compliments. La tambouille est recommandable, et la musique qui la traduit impeccable. Un peu de folie ne fait pas de mal en ces temps de fête, et gageons que votre réveillon sera moins chouette que cette table dressée par les A LA CARTE. Et les torgnoles sont à la carte aussi, tant qu’à faire.
Titres de l’album :
01. Soup Dejour
02. Aborted Eggs Benedict
03. Hymen Drizzled Hotcakes
04. Scalped Potatoes All Rotten
05. Rancid Risotto
06. Salted Sewer Sushi
07. Macabre Salad
08. Cock Pocket
09. Fetal Fajitas
10. Heinous Hasenpfeffer
11. Molten Melted Face Cake
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52