Still Alive

Grumpynators

28/08/2020

Mighty Music

Vous vous souvenez certainement de cette figure légendaire des internets que fut Grumpy Cat. Ce matou pas vraiment souriant qui animait nos journées passées sur la toile de son faciès peu avenant, star éphémère d’une communauté virtuelle toujours en mal de gimmicks. Sa mauvaise humeur naturelle soulignée de déclarations toutes moins aimables les unes que les autres a été fut un temps une source d’humour noir assez joussive, mais aujourd’hui, j’ai trouvé l’inverse absolu de cette figure mythique en la personne d’un groupe partageant une partie de son nom. Les GRUMPYNATORS sont en effet les opposés parfaits de ce félin peu avenant, et proposent aujourd’hui avec leur troisième album un concentré de bonne humeur franche et massive, de ceux qui redonnent le sourire en quelques secondes. Formé en 2011 à Copenhague, ce groupe de gentils passionnés de métissage musical affiche une santé de fer en 2020, à l’aube de la sortie de ce tant attendu troisième album, étape toujours critique dans la carrière d’un orchestre. Et pour négocier cette étape, les danois ont adopté l’attitude la plus raisonnable et logique possible : ne rien changer à leur approche et évoluer à leur rythme, en gardant la vitesse de croisière adoptée il y a presque une décennie. Still Alive est en effet à l’image de son titre, une cure de jouvence, une ode à la vie et à la joie, une symphonie en l’honneur de l’optimisme, et une façon de concevoir le Metal sous un jour différent, toujours aussi Hard-Rock mais plus souple, sans avoir à adopter des postures Pop trop putassières. Dans les faits, GRUMPYNATORS est une adaptation des standards Rockabilly dans un contexte plus viril et solide, et il n’est pas difficile d’imaginer à l’écoute de ce LP une jam session impromptue entre les STRAY CATS et VOLBEAT, avec une touche de MOTORHEAD pour apporter un surplus d’énergie Punk Rock.

Simple dans les faits, mais incroyablement complexe dans le fond, cette philosophie Crossover trouve aujourd’hui un pinacle, et offre un nouveau sous-genre au Heavy Metal de papa. Si le terme de Motorbilly suffira à labelliser les théories des danois, il convient de voir en cette musique plus qu’une simple astuce pour se faire remarquer. Le groupe est jovial, mais pas niais, sa musique se veut populaire, mais pas populiste, et ses chansons, si elles restent simples d’accès sont riches, et diablement entrainantes. Le quatuor au look sobre et aux coiffures trendy (Christian Nørgaard - guitare, Jakob Øelund - double basse, Emil Øelund - guitare/chant et Per Fisker - batterie) s’inspire tout autant de la scène Rockab des années 50 que de la mouvance Pop-Punk des nineties, et semble parfois réconcilier la jeunesse des différentes décennies, dans une gigantesque fête où l’on croisera autant de teddy boys que de skateurs et snow-boarders. C’est en tout cas ce qu’on comprend en écoutant « Feel The Same » qui sonne à s’y méprendre comme un tube des SUM41 ou des GOLDFINGER repris par des musiciens en costume et rouflaquettes des années 50. En admettant l’importance et l’influence de Lemmy et MOTÖRHEAD, METALLICA, TWISTED SISTER, SOCIAL DISTORTION, MEGADETH, SLIPKNOT, NEKROMANTIX, VOLBEAT, RAMONES, de la Country et du Rockabilly des 40's et 50's, les quatre musiciens s’ouvrent un panorama déjà dépeint tout au long de leurs deux premiers albums, et parviennent aujourd’hui à une maturation impressionnante dans la perfection d’une formule parfaite.

On le sait, ce genre de musique ultra spécialisée souffre souvent d’une uniformité un peu gênante, les idées les plus incongrues ayant du mal à passer le cap de la lucidité d’efficacité. Ici le problème est éludé, puisque les styles sont laissés de côté pour s’épanouir dans une musique festive, qui évite aussi le piège des chansons à boire tout en acceptant l’universalité de refrains fédérateurs à reprendre en chœur (« Dream Girl »). Souvent plus Rock que Hard-Rock, le groupe n’a cure des querelles de clocher, et joue ses chansons sans se soucier du qu’en-dira-t-on, et c‘est justement ce naturel qui éclate et euphorise dès « Still Alive ». Les GRUMPYNATORS ont d’ailleurs acquis aujourd’hui une fanbase solide, parmi laquelle on retrouve des figures connues et respectées du business dont Michael Poulsen de VOLBEAT qui suit le groupe depuis longtemps. Il déclare d’ailleurs à qui veut bien l’entendre que Still Alive est à son avis le meilleur album du quatuor, et celui bénéficiant de la meilleure production. Enregistré au Medley Studio par Søren Andersen, qui fit office de producteur et d’ingénieur du son, Still Alive est en effet très équilibré, et les différentes facettes du groupe sont particulièrement bien mises en avant. Que le ton soit plus léger et Rock (« Yesterday »), ou plus Hard Rock et tendu (« Blood And Bones »), pas de différence de traitement, pas de déséquilibre notable, et une sensation globale d’exubérance et de sérieux. Car les danois ont bien compris que la musique la plus festive devait être abordée avec le plus grand sérieux, sous peine de tomber dans la gaudriole impardonnable. Pas question de ça ici, pas d’atmosphère de mariage trop arrosé dans une salle des fêtes de la banlieue de Copenhague, mais plutôt une sensation live de concert parfaitement préparé, qui laisse toutefois place à la spontanéité.

Le mélange est parfait, et lorsque le Hard-Rock formel accepte les lignes vocales d’un Pop assumée, le résultat est entraînant, à l’image de ce hit imparable qu’est « Sweet Psycho Sister », que SKIDROW aurait pu entonner en compagnie de VOLBEAT. Tout est carré, calibré mais sauvage, et même lorsque l’émotion pointe le bout de son nez, la niaiserie mélodique a la gentillesse de rester derrière la porte, laissant l’énergie débridée se caler sur une moyenne THE ALMIGHTY/MOTORHEAD (« All I Want »). Plus qu’un simple album, Still Alive est donc un hommage à la vie, cette vie difficile qui réserve toutefois de bons moments, des moments à partager avec ses potes et sa famille, et « Monster Girl » de parfaitement illustrer cette comparaison. Avec moins de quarante minutes, ce troisième LP est parfait de bout en bout, donne la pêche, et se termine même par un épilogue encore plus trépidant que le reste, parfait point de liaison entre les années 50 et le nouveau siècle (« Back On The Road »). Une musique qui sent bon la route, les bars, les instants partagés, et tout simplement, la joie d’offrir plus que de recevoir des éloges. Un moment de simplicité qui troue les nuages noirs et fait naitre un sourire franc sur les visages les plus fermés. Même notre bon vieux Grumpy Cat aurait pu en oublier un instant sa morosité, c’est dire !  

                                                          

Titres de l’album :

01. Still Alive

02. Going Away For Good

03. Blood And Bones

04. Feel The Same

05. Dream Girl

06. Yesterday

07. Sweet Psycho Sister

08. All I Want

09. Monster Girl

10. Back On The Road


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par mortne2001 le 27/08/2020 à 17:22
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