Voici un album qui était complètement passé sous mon radar l’année dernière, et qui pourtant, aurait mérité une attention toute particulière. D’abord, parce qu’il a été proposé par un groupe japonais, l’un de mes pays de prédilection en matière de violence fluide. Ensuite, parce que c’est une première œuvre d’un groupe qui manie déjà ses armes avec une acuité effrayante. Ensuite, parce qu’il incarne le renouveau de la tradition nippone, en rendant hommage aux grand héros de la scène, tout en proposant une nouvelle vision, plus exubérante, mais aussi, plus maîtrisée dans l’outrance. Ainsi, entre OUTRAGE, CHTHONIC (Taïwan) et SPELLBOUND, THE BARRELS se détache de la masse ouvrière musicale japonaise, ose la théâtralité poussée à l’extrême, et le jeu des chaises musicales qui rend incroyablement difficile leur placement sur la carte des réjouissances.
Sur le papier, THE BARRELS n’est qu’un groupe Thrash/Crossover de plus. Il est vrai que le créneau fourre-tout est assez pratique quand on ne sait pas quoi dire, mais autant vous avouer la vérité : ces quatre-là vont beaucoup plus loin qu’un simple hommage rétrograde à base de saccades classiques et de BPM cramés. Beaucoup plus loin qu’un simple amalgame Thrash/Hardcore, et d’ailleurs, si le terme de Crossover peut être utilisé à leur égard, encore faut-il lui donner le sens idoine : pas question ici de NUCLEAR ASSAULT, de S.O.D, de SUICIDAL TENDENCIES et autres EXCEL, mais bien d’un gigantesque mélange entre Thrash, Black, Power Metal, Opera Metal grandiose, et Metal épique.
Power/Thrash lyrique ? La combinaison peut faire sourire, et pourtant dépeint la réalité des faits avec une certaine acuité. Le fait est que ce quatuor pas forcément né de la dernière pluie connaît toute les ficelles du métier, le patrimoine Métal de son pays, et se donne les moyens de transcender la moyenne des groupes nostalgiques actuels. Pour qui est rompu depuis les années 80 au Metal extrême nippon, la surprise en sera moins grande, mais les néophytes découvriront une emphase extraordinaire, transformant un simple Thrash d’occasion en extrême rutilant.
Le principe est simple, et très japonais. Prendre des structures classiques, avec rythmique velue et riffs soutenus, y ajouter une bonne dose de mélodies et de virtuosité technique, emballer le tout dans des arrangements tragiques, et jouer le tout comme une pièce shakespearienne transposée dans la culture japonaise. De fait, les morceaux, nombreux et longs, réfutent la théorie du cloisonnement, et finalement, dévient de la trajectoire Thrash initiale pour se lover au creux d’un Metal plus libre et inspiré. Les rifs, assez syncopés et rapides sonnent parfois accélérés au mixage, et si les similitudes finissent par crever les tympans au bout de vingt minutes de jeu et quatre morceaux, on reste admiratif face à cette débauche de décibels et d’enthousiasme qui nous jette une bouée solide dans les eaux du recyclage permanent.
De fait, Stronger Than All est du Thrash nippon sans en être. L’approche japonaise a toujours été très particulière, et même si nous sommes ici loin de la singularité d’un DOOM, l’originalité n’en est pas moins de mise, comme si le Power Metal se trouvait propulsé dans un monde moins cartoon et plus en prise avec la violence d’un monde impitoyable.
Et près d’une heure de musique pour un premier album est un pari sacrément culotté, spécialement lorsqu’on propose une telle intensité qui ne se dément jamais. Le tout peut donner le tournis face à une telle somme d’informations, mais heureusement, le groupe concentre parfois son propos pour revenir dans les balises plus restrictives d’un Thrash formel, comme le démontre le très efficace et hargneux « The Pretender In Terror ». En alternant sans cesse les tempi, en se reposant souvent sur des blasts incongrus, THE BARRELS évite donc les poncifs habituels du genre, tout en jouant avec les codes.
Entre une Bay-Area très festive et excitée, et une scène nationale à la hauteur de sa réputation, THE BARRELS propose une association internationale de brutalité mélodique, et pond des hymnes à la folie instrumentale la plus débridée. Les hits ne manquent pas, et si la guitare montre quelques systématismes propres au Thrash le plus classique, la basse ronde et déliée nous rappelle le Progressif le plus brutal, et la tempête atteint parfois des sommets d’intensité et de violence, à l’occasion de la bourrasque « Message », sorte de Speed Metal hystérique et possédé.
Et finalement, malgré un timing étiré au maximum, Stronger Than All se montre en effet plus fort que tout. D’autant qu’il termine sa course via un long épilogue évolutif dramatique, qui achève de nous convaincre du potentiel d’un groupe unique et déjà parfaitement en place à l’orée de sa carrière. On peut être rebuté par ces excès, trouver le tout un peu too much, mais on ne peut que s’incliner face à cette énergie incroyable, et cette propension à faire tomber les barrières et piétiner les frontières trop marquées.
Titres de l’album:
01. Stronger Than All
02. I'm Alive
03. Ride The Sky
04. Headless Cross
05. The Pretender In Terror
06. The Reason Why
07. Message
08. The Speed Of Light
09. Live Forever Together
10. Raise The Sail
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
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@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
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Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
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