Si j’avais eu un Ipone 27, et que j’avais demandé à Firi de me balancer le son le plus brutal du moment, elle m’aurait certainement encore plus aimé, et envoyé directement dans les tympans le premier album de ce duo londonien improbable. Vraiment. On peut trouver plus étrange, on peut trouver plus bordélique, mais il est difficile de cocher autant de cases à la fois. Qu’un truc puisse être à la fois Hardcore, Sludge, Indus, Grind, Electro et Noise tient du petit miracle, et TRAUMA BOND est notre Jésus réincarné en fan d’underground. Depuis quelques années, on le sait, il existe plein d’artistes qui jouent avec les frontières de genres. Que l’on parle de BABYMETAL, de POPPY, de Chelsea WOLFE ou de je-ne-sais-qui, les barrières chutent et les puristes en prennent pour leur grade.
Dont acte.
TRAUMA BOND sur le papier, en photo et dans les faits, sont des concepts tout à fait différents. Ce portrait qui sent bon le shoegaze ou les poètes 4AD (ou une pub pour un parfum sur fond de Dream Pop), cette pochette glaçonnée qui donne des envies de succion sucrée, ce rose fuchsia sur fond blanc, tout aiguille sur la mauvaise piste, et à dessein. Mais ce couple justement ne dévoile pas les siens immédiatement, et vous happe dans son vortex de violence comme un GODFLESH en pleine marave avec NAPALM DEATH.
Je pèse mes mots, s’il vous plaît. L’épiphanie ressentie à l’écoute de Summer Ends. Some Are Long Gone. est au moins égale à la dégustation d’une galette de saison, et je peux le dire bien haut sans avoir peur du qu’en-dira-t-on : ils m’ont donné la fève. Nique ta maire.
Eloise Chong-Gargette & Tom Mitchell, beauté de l’Asie et poilu bien dégrossi, voici donc l’association du moment. Si les pages officielles rangent le tout sous l’étiquette unique du Grind, par facilité sans doute, le fruit de leurs réflexions est beaucoup plus riche et dense. Ils font du boucan, mais jamais gratuitement. Même si leur album ne coûte pas énormément.
TRAUMA BOND est donc un traumatisme, à n’en point douter. « Brushed by the Storm », le premier morceau, ressemble à s’y méprendre au bruit d’une prison surpeuplée dont les matons tremblent plus que les malfrats incarcérés. Tout ça sent la trouille, les rats qui grouillent, les draps qu’on mouille et la cuisine qu’on touille. Incantation gravissime pour effrayer ceux qui se seraient arrêté là au hasard, cette intro hideuse résume tout ce que l’underground peut proposer de plus rance, avec en cadeau, un salut respectueux vers Justin Broadrick.
Si les DAUGHTERS avaient accepté de moduler un peu plus et de rester un tantinet plus collés à leurs débuts, alors You Won’t Get What You Want aurait sonné comme ce Summer Ends. On retrouve cette volonté de déranger, d’instaurer le malaise, d’appuyer pile là où ça fait mal, et de varier les plaisirs sans baisser sa garde de son sadisme. Et le plus incroyable dans cette affaire, c’est que nos deux amis du jour ne se répètent jamais. Ou presque.
J’en conviens, les fulgurances sous la minute sont assez courantes, et symptomatiques d’un Grind moderne et gras. On sent parfois les pousses Mathcore faire une petite apparition, avant de retourner sous terre pour ne pas niveler le projet. La guitare est accordée plus grave qu’une attaque à l’infrabasse, la production est gigantesque et suffocante, les lignes de chant tout à l’avenant, mais les transitions sont travaillées, et le feedback toujours à bien placé.
C’est parfait.
Sincèrement, il va être très difficile en 2025 de se prétendre extrême sans atteindre les cimes tutoyées par cet album. Loin de moi l’idée de faire du lobbying, mais écoutez ce disque, et vous comprendrez de quoi je veux parler. Parce que « Chewing Fat » est le morceau le plus atroce et éprouvant que PRIMITIVE MAN ne composera jamais. Parce que « Repulsion » est encore plus moche et vulgaire que son groupe homonyme. Parce que « Wolfing the Lambo to the Mutton » fricote avec le Power Electronics sans en avoir l’air.
Et parce que « Dissonance » est une thérapie par la souffrance de plus de neuf minutes qui retranscrit admirablement bien la vacuité d’une existence morne sous le smog londonien.
C’est rare, mais j’y vais gaiement. 100. Note maximale. Pratique, comme ça, vous ne serez pas étonnés de retrouver le truc dans mon top de fin d’année.
Titres de l’album:
01. Brushed by the Storm
02. Good Grief
03. Chewing Fat
04. Regards
05. Sun of Scum
06. Repulsion
07. Wolfing the Lambo to the Mutton
08. Thumb Skin For Dinner
09. Dissonance
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
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Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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03/07/2025, 12:55
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19