The Horse and Sparrow Theory

Warvictims

28/06/2019

Relapse Records

Vingt ans de carrière, ça commence à peser dans la balance, spécialement lorsqu’on s’affilie au créneau Hardcore, l’un des plus puristes du genre. Mais les VICTIMS, formés en 1997, sont un peu plus qu’un groupe de Hardcore lambda. Ils sont en quelque sorte un cas d’école nationale, cette école du Crust et du D-beat qui depuis est devenue une référence au même titre que les légendes anglaises des années 80. D’ailleurs, le quatuor (Andy Henriksson - batterie, Jon Lindqvist - guitare/chœurs, Gareth Smith - guitare et Johan Eriksson - basse/chant) n’a jamais caché ses influences. Le Hardcore US évidemment mais plus logiquement, les maîtres anarchistes de DISCHARGE et leur référence See Nothing Hear Nothing Say Nothing, qu’ils ont adapté à la rigueur et la violence typiquement scandinaves. Un parcours sans faute qui leur a permis de devenir des icônes de leur créneau, et une poignée d’albums, de EP’s, sur divers labels évidemment (Tankcrimes, Deathwish, Combat Rock Industry, La Familia Releases, Havoc Records), avant de signer pour ce nouvel effort chez le mastodonte Relapse. Et c’est donc avec un septième LP que les originaires de Nyköping entament ce partenariat, qui se devait d’être scellé dans la violence, la gravité et la puissance. Du DISCHARGE revu et corrigé à la sauce suédoise, on connaît déjà, la réputation des groupes n’étant plus à prouver de leur immaculée rage. Mais avec deux décennies passées à se battre contre les injustices au travers du prisme d’un Hardcore sans concession, ce quartet aux ambitions affichées se permet de damer le pion aux meilleurs, dont ils font partie depuis longtemps, ce qui permet de dégager une évidence. The Horse and Sparrow Theory est une tuerie de plus à leur répertoire, de celles qui tiennent la comparaison avec les plus grandes réalisations.

The Horse and Sparrow Theory, théorème économique, ne date pas d’hier. On parle aujourd’hui de cette fameuse méthode du ruissellement, avec des industries, des consortiums, des actionnaires et des industriels dégageant suffisamment de produit pour créer des embauches, et donc répercuter leurs richesses sur les classes les plus modestes. Une théorie qui arrange bien les classes dirigeantes, mais qui n’a jamais vraiment fonctionné autrement que dans une logique de capitalisme galopant, sacrifiant les plus humbles sur l’autel des dividendes élitistes. L’image en est toujours restée cette tour de flutes de champagne qu’on remplit en partant du haut, regardant le liquide se verser dans les coupes les plus basses. Illusion de partage et de socialisme, pour une éthique qui n’a pas changé d’un iota, et une musique toujours aussi sombre et revancharde. Et si après vingt ans acquis à la cause, nous étions en droit d’attendre des VICTIMS un (éventuel) petit coup de mou, ou une (possible) radicalisation Metal qui n’eut pas été le meilleur choix, il n’en est rien. A l’image des CIRCLE JERKS signant pour Roadrunner dans les années 80, les suédois sont restés fidèles à une image qu’ils projettent depuis 1999 et la parution de leur premier simple, et semblent avoir encore assombri leurs perspectives, qui aujourd’hui sonnent comme les trompettes de Jéricho annonçant la fin du monde tel que nous l’avons connu.

Bien sûr, le background DISCHARGE est toujours aussi présent, tout comme les références à la plus jeune génération des TRAGEDY ou des contemporains HIS HERO IS GONE, mais on sent dans ces riffs tous plus noirs les uns que les autres, dans ces lignes vocales incrustées dans la légende de l’Anarcho-Punk des eighties une envie de remettre les choses à plat, et de ramener le Crust et le D-beat suédois dans le droit chemin. Ici, tout est simple, direct, sans ambages, même lorsque le chronomètre dépasse une longueur raisonnable pour le style, à l’occasion de « We Fail » et son constat tragique sur la gestion des migrants, tout coule de source dans une pénombre qui ne laisse que peu de place à l’espoir. Les plus blasés parleront d’une énième variation sur un même thème, mais les spécialistes et accros reconnaîtront le talent de musiciens qui croient vraiment en ce qu’ils font, jouent et hurlent, et qui permettent au classicisme de bénéficier d’un éclairage fortement tamisé mais nouveau, et parfaitement adapté à une époque chaotique dominée par le cynisme, le racisme, l’homophobie et le protectionnisme galopants. Impeccablement produit par Karl Daniel Lidén (BLOODBATH, KATATONIA, CRAFT), The Horse and Sparrow Theory adapte la théorie du ruissellement artistique, l’ancienne garde inondant la nouvelle de ses assauts sonores pour distiller quelques leçons de non-savoir vivre et de rébellion face à un destin un peu trop inéluctable. 

On aime cette énorme basse qui soulignée d’un chant rauque et sans artifices claque comme une mauvaise nouvelle dans la boite aux lettres, on aime ce feedback qui ne se répand pas comme un virus mais à la rigueur de la vérité crue, et on apprécie évidemment ces riffs d’une simplicité exemplaire, qui restent bloqués sur des thématiques sobres, mais percutantes. Sans vraiment savoir s’il est question de foi ou de redite, ce nouvel album des suédois retranscrit le mal-être, la frustration, l’envie de tout détruire pour repartir de zéro sans savoir si le plan à une chance de fonctionner, mais aussi la non-résignation sourde des classes populaires. Et avec l’intro glauque de « The Horse and Sparrow Theory », qui place les débats sous des auspices pessimistes, un tempo qui cavale comme aux grandes heures du Crust anglais, des bombes de violence de la trempe de « There's Blood on the Streets », le temps semble reculer d’une bonne trentaine d’années, pour nous ramener dans l’Angleterre de Thatcher. En vingt-huit minutes, et malgré des morceaux développés, les VICTIMS frappent très fort et très vite (« The Sea and Poison », du DISCHARGE dans le texte, avec un brin d’URSUT pour densifier le tout), et terminent leur psaume par une ultime charge de pesanteur et d’oppression (« Revenge of Our Fathers ») qui n’annonce pas forcément des lendemains rieurs. 1997/2019, le crédo est le même, et la rage intacte. Cette rage qui ruisselle d’une génération à une autre, et qui je l’espère, va voir les chevaux massacrés par les moineaux. Pour un énième recommencement, qui entrainera les mêmes erreurs. Mais l’histoire se répète toujours non ?    

   

Titres de l’album :

                         1.The Horse and Sparrow Theory

                         2.The Birth of Tragedy

                         3.There's Blood on the Streets

                         4.We Fail

                         5.Fires Below

                         6.The Sea and Poison

                         7.Hell is Full of Good Intentions

                         8.Revenge of Our Fathers

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par mortne2001 le 10/09/2019 à 17:47
82 %    1023
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je vois pas, plutôt...

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Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...

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Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !

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Bon dieu c'était pas encore assez gros ??   

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Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/

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Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer 

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Cool !J'adore l'ambiance de ce genre de festival.

01/06/2025, 21:07

NecroKosmos

Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.

01/06/2025, 19:36