Uulliata Digir

Uulliata Digir

10/01/2025

Autoproduction

Voilà encore quelque chose que nous pourrons ranger où bon nous semble. Entre le Black Metal, l’Industriel, le Metal extrême, le Death progressif, l’occulte étrange et l’expérimental qui dérange. Mais j’aime assez ce fourre-tout, spécialement lorsqu’il est créatif et bouillonnant. Et les polonais d’UULLIATA DIGIR s’y connaissent en incongruités géniales. Tout simplement parce qu’ils ne se contentent pas de plans erratiques assemblés à la hâte pour éviter toute étiquette.

They came out of the blue. 

Et là encore, le mystère joue en leur faveur. Présent sur la scène polonaise depuis 2019, UULLIATA DIGIR se démarque rapidement et facilement de sa concurrence nationale. Et pas seulement parce qu’on trouve une trompettiste dans ses rangs. Se substituant à ce satané saxophone qui s’invite sur tous les disques méchants et expérimentaux, l’instrument a été laissé dans son étui pour qu’un autre prenne sa place. Et évidemment, ça fonctionne. Vraiment.

Big band inconnu des radars, cas particulier qu’on se refile entre initiés, ce premier album éponyme est plus facile d’accès qu’il n’y parait. Grâce au talent d’un collectif de musiciens qui n’ont pas laissé la cohérence et la logique au placard pour sonner plus étrange. Magdalena Andrys (trompette), Julita Dąbrowska (chant), Krzysztof Kulis (batterie), Marcin Tuliszkiewicz (guitare), Bartłomiej Kerber (basse), et Michał Sosnowski (chant) se présentent donc à nous avec seulement cinq morceaux, mais dont deux dépassent le quart d’heure. Capitalisant tous sur une expérience non négligeable, les six instrumentistes tissent une toile qui vous englue de sa puissance, et qui vous digère de son aisance. En optant pour une approche progressive et évolutive, UULLIATA DIGIR s’est bâti un monde à part, entre Black onirique et baroque inique (puisque non partagé avec leurs confrères), sorte d’opéra de l’étrange joué face à une foule d’initiés qui s’ébaubissent de la moindre originalité.

Et dont je fais partie.

Parce qu’il est toujours facile de faire n’importe quoi en laissant croire à des intentions, mais beaucoup plus complexe de miser sur l’incongruité sans négliger l’apport artistique. Ici, pas question d’ellipses ou de métaphores bidon, mais bien d’images propulsées dans le cerveau avec une puissance assourdissante. Entre calme arty et énervement Metal, UULLIATA DIGIR joue avec ses propres limites, mais aussi les nôtres. « Myrthys » souligne les traits de caractère les plus rares, et laisse cette fameuse trompette s’époumoner dès que l’instrumental laisse des espaces. Le contraste est saisissant, le rendu fascinant, et l’ensemble de résonner comme un orchestre maudit, entre l’avant-garde BM des années 2000 et le Krautrock allemand de la décennie 70’s.

Avant-garde ?

Oui, j’ai utilisé le mot, mais à dessein. Parce que ce premier long en fait partie, mais sans en tirer parti. Ce que je veux dire : UULLIATA DIGIR n’est pas avant-gardiste par vocation, il l’est par conclusion. En composant des titres mélangeant la cruauté et la musicalité, en accordant une grande part à l’improvisation vocale à deux timbres, le collectif polonais se montre original, mais aussi effrayant. Et cette dualité mène à la conclusion précédente.

L’avant-garde.

« Omni Dirga », intervenant après un premier interlude est le prolongement de ce morceau de départ inextricable et autopsiable à merci. On y retrouve ces guitares vraiment froides et mécaniques, ce chant partagé entre les genres, et cette envie d’exploser les conventions pour imposer la liberté sans conditions. Fable européenne qui traverse les siècles, Uulliata Digir est un conte intergénérationnel qui fascinera les nouveaux comme les anciens. Sans s’apparenter à un sous-genre en particulier, tout en citant quelques traits de caractère communs, Uulliata Digir manie le clair-obscur à la manière d’un photographe new-yorkais des années 50. Beaucoup de zones d’ombre, une foule compacte, et soudain, le vide absolu, près d’une impasse ou en pleine nuit, loin des grandes artères.

Cette photographie musicale trouve son apogée sur « Eldrvari ». Réflexes tribaux, grognements indéchiffrables, répétitions hypnotiques, cette longue suite est le point d’orgue d’un crescendo terriblement intelligent et attractif. On adhère, on adore ou on abhorre, les réactions sont à la sensibilité de chacun, mais je ne peux que faire l’éloge d’une musique qui sort des sentiers battus tout en restant fermement plantée en terre Metal. Sans oublier de parler du Folk national dans les boucles vocales.

Loin des gimmicks faciles, des ajouts grotesques et des pas de deux à trois ou quatre, UULLIATA DIGIR se repaît de dissonances, de breaks oniriques, d’une ambiance atemporelle, et de poussées de violence intenses. Ce disque, surnageant dans l’underground profond pourrait devenir une œuvre culte avec suffisamment de promotion individuelle. Alors, je vous passe le truc pour que vous le refiliez à quelqu’un.

Et surtout, ne le rangez pas. Il déteste le statisme et il risquerait de se vexer à juste titre.          

                                                                                      

Titres de l’album:

01. Myrthys

02. Asea

03. Omni Dirga

04. Atti

05. Eldrvari


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par mortne2001 le 04/04/2025 à 17:12
90 %    171
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