A la fin du dix-neuvième siècle, la Belle Otero devient « la première star de l'histoire du cinéma » lorsque l'opérateur Félix Mesguich filme un numéro de danse au moyen d'un cinématographe Lumière à Saint-Pétersbourg. En 1992, le bel Otero (je n’exagère rien, regardez les photos de l’époque) devient l’une des légendes française de l’underground avec son groupe MERCYLESS et son album toujours culte, Abject Offerings. Et depuis plus de trente ans, Max cristallise toute l’admiration envers l’arrière-garde Death française, au même titre que ses contemporains ou presque Stef Buriez ou Alex Colin-Tocquaine. Oh, bien sûr, on a pris l’habitude de voir le féroce guitariste/chanteur faire quelques guests sur des projets de potes (KOZH DALL DIVISION, OBSZÖN GESCHÖPF, CATHEXIA, SAVAGE ANNIHILATION), mais ces feaurings n’ont fait qu’alimenter nos fantasmes quant à un nouvel album de SA créature, et en 2020, année bizarre s’il en est, la bête est de retour après quatre ans de silence et son monstrueux cri Pathetic Divinity, poussé il y a déjà quatre ans. En quatre ans, MERCYLESS n’a pas beaucoup changé, et seule la basse accueille un nouveau doigté, celui de Yann Tligui, qui intègre l’équipe aux côtés de Laurent Michalak (batterie, depuis le comeback de 2011) et Gautier Merklen (guitare, depuis 2014). Si les fans ne se poseront que peu de question au sujet de cette septième réalisation, les sceptiques continueront de sceptiquer et argueront du fait qu’en pleine vague revival, MERCYLESS continue de faire du MERCYLESS sans se remettre en question, tablant sur l’appétit insatiable de la nouvelle génération pour les sons et les approches old-school. Je n’empêcherai pas les esprits chafouins de chercher la petite bête, mais une fois n’est pas coutume, je me rangerai à l’avis général émis sur ce The Mother Of All Plagues. Il tue, il massacre, il écrase, il éclate, et renvoie sur les marelles de la maternelle la nouvelle génération qui se croit plus evil que les anciens.
Pour trouver un avis modulé voire négatif sur cette nouvelle livraison, il faut méchamment écumer les arcanes du Net. En effet, tous les sites - spécialement français - se livrent à un combat de dithyrambes concernant The Mother Of All Plagues, comme s’ils souhaitaient se mettre en avant pour que le maître remarque leur prose. Je pense n’avoir trouvé qu’un seul site émettant des réserves au regard de ce nouvel album, avec un argumentaire assez logique et fondé. Il est vrai qu’un nouveau MERCYLESS se fête comme il se doit, même si l’on peut en anticiper le moindre plan sans avoir recours à une imagination folle. Oui, le combo fait du Death à l’ancienne depuis ses débuts, lorsque ce Death barbare et violent était encore du Death actuel. On sent toujours les réminiscences de cette admiration pour MORBID ANGEL et PESTILENCE, à l‘image du récent SKELETAL REMAINS qui ressemble comme trois gouttes de sang à The Mother Of All Plagues, la crédibilité et la science des arrangements morbides en moins. Pour être honnête, et en étant logique et franc, ce nouvel LP ne propose rien de neuf, mais absolument rien, accentue légèrement la variation, et accentue la puissance monstrueuse de Pathetic Divinity qui surclassait déjà le phénoménal Unholy Black Splendor, premier album post comeback après dix ans de silence. The Mother Of All Plagues composé en 2018 et donc oracle d’infortune des catastrophes s’abattant sur nous depuis la fin 2019, se concentre justement sur les épidémies mortelles ayant touché le monde entre 1347 et 1353, et tente de mettre en musique la peur, le désespoir et la mort, en continuant le travail de sape entrepris dès 1992 et le séminal Abject Offerings. Et le résultat est encore fabuleux, avec ce Death historique, ne faisant aucune concession aux aménagements modernes, pour mieux se concentrer sur un passé réactualisé, qui une fois encore, s’attaque aux méthodes MORBID ANGEL.
Je n’ai pas tressailli en écoutant ce disque, et dire le contraire serait malhonnête. J’ai pris l’habitude de l’excellence de Max et les siens, et ce nouvel effort ne contredit pas sa quête d’absolu dans la constance. Disons qu’il marque un peu le pas, et que son format moyen sied admirablement bien le parti-pris choisi. Dix minutes de plus eurent sans doute été de trop, et les trente-cinq minutes sont absolument suffisantes pour juger de la constance de l’œuvre, qui une fois encore oscille entre attaques franches et véloces et écrasements massifs du talon de la rythmique. Max grogne comme toujours, sa guitare extirpe de ses cordes et micros les riffs les plus traditionnels du répertoire, et l’ensemble est cohérent, à défaut d’être surprenant. Des morceaux se taillent la part du lion, d’autres font du surplace, mais impossible de rester de marbre face à une démonstration de force de l’ampleur de « Descending to Conquer », ou de ne pas admettre l’importance de la scène floridienne en sentant les effluves de Tampa sur le lourd et catatonique « Laqueum Diaboli ». Les accès de rage Thrash sont toujours bien présents, tout comme les quelques clins d’œil aux scènes allemande et suédoise sur le roublard « Bring Me His Head », et si Max ne ramène pas la tête d’Alfredo Garcia sans ses bagages, il règle leur compte à quelques critiques qui lui reprochent de faire la même chose depuis trois décennies sans essayer de faire progresser son groupe et de transformer la machine en modèle industriel. Mais MERCYLESS a toujours été un groupe d’artisans, dans le sens le plus noble du terme, d’artisans qui ne produisent que des modèles uniques lorsqu’ils en ont l’inspiration.
Moins alambiqué et sans doute moins ambitieux que Pathetic Divinity, The Mother Of All Plagues n’en est pas pour autant moins admirable. Il est plus direct certes, plus immédiat, mais après plusieurs écoutes, on se rend compte que les compositions sont aussi travaillées, avec toujours ces petits arrangements mélodiques qui ajoutent une patine malsaine, et cette transition diabolique « Contagion », qui nous met dans le bain comme les inserts de 1349 sur Demonoir. On pourra à la rigueur reprocher quelques fade-out bien peu inspirés, qui castrent des riffs qui auraient mérité une fin plus concentrique, mais on s’inclinera face à la débauche d’énergie phénoménale et la chaleur que dégage ce disque, qui ne refuse aucune figure imposée (le très classique « All Souls Are Mine », avec son tout petit break de basse futé pour relancer la dynamique), mais qui transcende les facilités pour en faire une marque déposée. « Litany of Supplication » en clôture, prône la lourdeur harmonique, mais une fois encore, s’échappe en fading. Choix étrange, mais qui finalement, sied peut-être bien à un disque qui refuse tout le superflu. A noter que l’album s’accompagne de quatre reprises bien senties en édition limitée, avec des appropriations de HELLHAMMER, VENOM, POSSESSED et MOTORHEAD. Un joli cadeau de la part d’un groupe qui connaît bien ses classiques.
Titres de l’album:
01. Infection
02. Rival of the Nazarene
03. Banished from Heaven
04. Bring Me His Head
05. Contagion
06. Laqueum Diaboli
07. Descending to Conquer
08. Inherit the Kingdom of Horus
09. The Mother of All Plagues
10. All Souls Are Mine
11. Litany of Supplication
Et bien quelle chronique encore une fois ! En même temps ce groupe le mérite bien...
On va croire qu'on a des actions chez Mercyless par ici, mais je me joins une fois de plus à toute l'admiration envers le groupe qui se dégage de la chronique. Bravo à Max et sa bande de furieux.
C est brutal haineux malsain du vrai Death.Monsieur Otero beau boulot et félicitation au batteur il défonce tout..Pour les actions chez Mercyless vous allez pas être millionnaire
En effet, je pense être l'auteur de la chronique plus mesurée sue un autre site. Assez d'accord avec ce papier du coup.
Je suis un grand fan du groupe et ce, depuis le premier album. J'apprécie beaucoup leur retour mais ce nouvel album a un arrière-goût de trop-peu. Surtout que je trouve les nouveaux morceaux un peu redondants. Il manque le riff mortel qui tue, le solo qui vous file des frissons, le refrain qui vous reste à vie dans le crâne, le break de la mort, etc... Un très bon nouvel album mais je pense que le groupe, en matière de composition, est capable d'encore mieux.
Rien de bien transcendant ici
Voyage au centre de la scène : une rencontre avec Chris Palengat (MASSACRA)
Jus de cadavre 29/09/2024
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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Il faut tout simplement admettre que Jinjer est un groupe plus populaire qu'Obituary en 2024. Pour les gens d'une certaine génération aux goûts plus extrêmes, Obie compte beaucoup plus parce qu'ils ont participé à la fondation du (...)
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