You Don't Live Until You Die Tomorrow

Voodoo Kills

24/02/2017

Autoproduction

Il se passe quoi du côté de L.A de nos jours ? Les héros des 80’s doivent être salement fatigués, croulant sous le poids de leur légende chèrement acquise à grands coups d’hymnes permanentés, de riffs laqués et de groupies usées…Le trottoir du Sunset est sans doute jonché de vieilles photos souvenir qui ne font plus sourire grand monde, et je suis certain qu’en fouillant bien, on y trouve des guides qui vous rappellent le Roxy, avec possibilité de prendre un cliché à vingt dollars en compagnie d’un sosie de Nikki Sixx ou Stephen Pearcy…

Sad…but true ?

Je n’en sais rien, je n’ai jamais foutu les pieds en Californie, mais mes oreilles y ont souvent traîné, depuis une bonne trentaine d’année, et croyez-moi sur parole, lorsque je tombe sur un combo qui parvient à vous ramener aux naseaux les effluves d’époque, je le reconnais, de loin.

Allez, faites jouer votre mémoire, tout ça n’est pas si loin. 2015, remember ?

Je vous avais parlé alors d’un quatuor bigarré et dédoublé, moitié frenchy and chic, moitié US and trip, qui sortait alors son premier EP, mille dollars en poche et quelques jours de studio en stop.

Son nom ?

VOODOO KILLS, comment l’oublier après avoir reçu une bise vocale de Marine sur la joue droite…

En 2017, pas forcément plus riches, toujours pas signés, but who cares when the music plays…Et avec eux, la musique joue toujours, émanant d’un vieux Wurlitzer qui tourne désormais en digital et avale des kilomètres de sons qui tournent en boucle au fond d’un salon.

Des sons Rock évidemment, que voulez-vous qu’ils jouent d’autre ? Mais en quelques mois, Marine (chant), Mike (basse), Paul (guitare) et Ivan (batterie) ont pris de la bouteille, en ont surement descendues quelques-unes, mais ont acquis à la force des guitares et des toms in professionnalisme impressionnant, à tel point que leur premier LP, You Don't Live Until You Die Tomorrow sonne comme le point d’orgue d’une carrière de vieux briscards alors même qu’ils ont encore toute la vie devant eux.

Et si justement, ils jouaient comme si chaque jour était le dernier ? C’est la question qu’on se pose en écoutant ces dix morceaux enregistrés aux Amp Rehearsal studios, North Hollywood, leur patrie d’adoption, dix morceaux qui cognent comme le soleil d’été dans la cité du vice et du ciné, et qui osent un patchwork diablement intelligent de toutes les tendances d’un Hard-Rock qui se veut moderne, légèrement Bluesy, un peu Grungy, mais surtout gorgé de guitares traînantes, tranchantes, et de larmes vocales qui coulent sur le rebord d’un bloody mary servi un vendredi.

Et disons-le tout net, cet album est le chemin le plus court entre Paris et la Californie, qui ne vous attendra plus si vous vous perdez en chemin. Mais le chemin est comme l’enfer, pavé de bonnes intentions, et de morceaux qui vous y conduiront. Après une longue étape au paradis, évidemment…

VOODOO KILLS en gros, c’est le groupe qu’on aurait regardé de travers dans les 80’s, parce que fier, parce que pas comme les autres, parce que refusant l’esbroufe pour privilégier la touche, celle de classe, mais un peu sale aussi pour garder le cachet des prémices d’un Glam pas forcément assumé. Leather évidemment, hot weather surement, mais surtout, construit sur la simplicité de thèmes qu’on retient sans avoir besoin de les noter.

La voix de Marine a gagné en maturité, sonne grave de son grain sauvage, mais mord le micro, caresse le jack et distille ses lyrics avec la grâce féline d’une panthère de scène qui déchire de ses griffes celui qui ose s’approcher d’un peu trop près.

De son côté, à gauche ou à droite, Paul balance les licks, un peu Richards, un peu Jerry Cantrell, à cheval entre le Rock de tradition et l’alternatif de décision, sans pour autant négliger le pouvoir de stupre d’un boogie diabolique à la Bolan histoire de fignoler la fusion (« Dead Ends », avec un break hallucinant de growls and shouts).

Comme d’habitude, le format court est privilégié, un format Pop dans lequel on insère des idéaux Rock, pour gagner en hymnes ce que l’on perd en conjectures. Pas plus de trois minutes et quelques, à deux exception près, celles de « Lost In a City », et son parfum seventies suintant de Blues de rue, et ce fameux « Dead End » dont j’ai déjà traité le cas perdu.

En dehors de ces deux contre-exemples, du concis, du précis, des trucs qui s’avalent en rasade et qui déboulent en cascade.

Et les VOODOO KILLS ont beau se targuer d’avoir été élevés par des clowns, ils ne sont pas là pour faire marrer la foule, mais bien la faire transpirer, et d’entrée. Avec « Raised By Clowns », on imagine très bien le club tellement rempli que les addicts s’échangent leur sueur sans bouger,  juste en se concentrant sur le son d’une basse upfront qui distord les percussions. Rythmique chaloupée qui propulse un riff à la BARONESS joué par un combo grandi au son des SWEET et autres SLADE, pour une énorme déflagration Glam exubérante comme une jeunesse qui ne veut pas encore se rendre.

Elle hurle d’ailleurs à la vie sur « Not Dead », qui se veut point de liaison logique avec le EP précédemment proposé, avant que le terrible et up tempo « Dirty and Dangerous » ne brûle la nostalgie avant qu’elle ne s’installe pour le café. Ce morceau, entre autres, est un aveu d’avenir d’un groupe toujours en devenir, mais de plus en plus présent, et qu’on n’a pas le temps de voir passer. Véritable hymne Sleazy qui se consume de sa propre énergie, il est la meilleure preuve que You Don't Live Until You Die Tomorrow prépare des lendemains qui chantent et hurlent sur des refrains qu’on applaudit des deux mains.

Son bien râpeux, tout sauf sage et sous contrôle, mixage parfait qui met tout le monde en avant, et même si « In The Middle » joue la douceur de son Blues-Rock un peu psyché et perdu dans l’écho et la réverb, à la GRAVEYARD, « Beg For It » ne quémande absolument rien, et reste fier sur ses deux pieds fuzz pour offrir un Rock bien Heavy à une audience bien évidemment ravie…

« Seven » joue aussi la nuance et l’ambivalence, et autorise quelques déhanchés sexy de Marine qui vocalise en remportant la mise sur un tapis de riffs gluants qui nous enlisent.

« Madame Isabella », outro acoustique, n’a plus qu’à faire son boulot et terminer la visite, mais il y a fort à parier que notre guide Californien va repartir les poches remplies de pourboires et sous les bravos de nouveaux fans les érigeant en héros.

 Il se passe quoi du côté de L.A de nos jours ? Les héros justement. Ceux de maintenant. Qui ne traînent plus devant le Roxy mais qui font leurs gammes dans leur coin, sans atteindre un geste de la main, et s’autoproduisent comme des grands avant de le devenir. Avec les VOODOO KILLS, on attend l’aube tranquille. Et elle est belle comme un Hard Rock dans un club downtown qui ne fermera jamais…


Titres de l'album:

  1. Raised by Clowns
  2. Not Dead
  3. Dirty and Dangerous
  4. Use and Abuse (feat. Ayesha Syed)
  5. In the Middle
  6. Beg for It
  7. Seven
  8. Dead End (feat. Landmvrks)
  9. Lost in a City
  10. Madame Isabella

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 27/02/2017 à 16:29
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